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Coronavirus: La cassure comportementale
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 19 - 05 - 2020

Rien ne pourra être comme avant ! La sentence est tombée, péremptoire, des bouches de nombre de citoyens qui voient en cette pandémie une remise en cause de tous nos comportements sociétaux, basés sur un communautarisme familial, de voisinage, d'unicité de religion et de pays.
Depuis l'avènement de l'islam et même avant, la vie en communauté était régie par une entraide des membres d'une même famille, d'une même tribu ou quartier, d'une même ville, entraide tellement ancrée dans nos mœurs que la promiscuité, plus prononcée à cause du manque de logements assez grands pour permettre à chacun d'avoir sa propre chambre. La chambre collective abritant frères et sœurs jusqu'à un âge assez avancé, cette promiscuité jusque dans nos moments les plus intimes, s'est projetée au-dehors, avec les camarades de classe, avec les collègues de travail, avec les amis de quartiers et c'est justement ces mœurs particulières des Algériens qui empêchaient la plupart d'entre nous de se conformer aux mesures de distanciation sanitaire imposées par le Covid-19. Mais au fil des jours, des campagnes de sensibilisation, des peurs de tomber malade et de mourir, du tapage médiatique et, surtout, des statistiques implacables sur l'augmentation sensible du nombre de cas de contamination ont donné à réfléchir à ces mêmes Algériens qui commencent à avoir un autre comportement que celui auquel ils sont habitués. Une femme qui a demandé à son mari de l'emmener rendre visite à sa mère a ouvert de grands yeux étonnés quand son mari lui a conseillé de ne pas l'embrasser, car c'est dangereux pour tout le monde. Ceci s'est passé au début de la pandémie mais, par la suite, cette même femme s'est rendue à l'évidence et, quand elle rend visite à sa mère, elle le fait en appliquant à la lettre les règles de distanciation sanitaire. C'est un exemple comme celui des poignées de mains que nous nous donnions à longueur de journées et qui n'existent presque plus, des accolades et des embrassades entre collègues et entre amis (es) qui ont carrément disparu. Maintenant, c'est tout au plus un toucher de coude ou une main levée à distance respectable pour saluer son frère, son ami, son collègue ou sa connaissance. La cassure est nette dans cette partie de nos comportements ancestraux et c'est plutôt de bon augure en ces moments de grands dangers pour la santé de tous les Algériens, mais et après ? La question mérite d'être posée car il faut dire que la cassure n'a pas été causée uniquement par une prise de conscience collective, elle l'a aussi été par la peur viscérale d'être atteint par ce minuscule virus qui cause des ravages et entraîne la mort dans des douleurs insupportables. Et c'est cette peur qui demeurera longtemps ancrée en nous, qui pourrait faire en sorte que rien ne sera comme avant et que les gens, même les plus proches, pourraient garder ce sentiment de suspicion et de peur de l'autre, de telle sorte que nous ne verrons jamais plus deux amis se serrer la main ou se donner l'accolade et que, si on tousse, les autres s'empressent de s'éloigner et de se cacher le visage dans le creux du coude. De nombreux autres gestes anodins pourraient aussi disparaître et remplacés par d'autres, malheureusement faits de peur et de suspicion, même si, au fond, c'est tout à fait légitime puisque ce sont des gestes de défense qui se font de manière automatique.
Désinfection des places publiques et des mosquées
Une importante opération de désinfection qui touchera toutes les places publiques et les mosquées a été lancée hier lundi par la wilaya de Blida. Cette opération de grande envergure a débuté par la place de la Liberté (Bab Essebt) et la mosquée El Badr. La direction des affaires religieuses et des wakfs participe à cette opération en collaboration avec la direction des forêts de la wilaya de Blida qui a d'ailleurs à son actif diverses autres opérations de désinfection qui ont touché l'ensemble du territoire de la wilaya, dont la dernière dans la commune de L'Arba qui a touché le quartier de Béni Zermane. Quant à la présente désinfection, ce sont toutes les mosquées de la wilaya qui vont subir un véritable lifting sanitaire ainsi que les places publiques, les parcs et autres lieux de rassemblement de la population.
Les bavettes toujours introuvables sur le marché
Les bavettes, indispensables pour se prémunir d'une possible contamination, sont toujours absentes sur le marché et, même si certains ont trouvé là un débouché économique non négligeable, ils n'arrivent toujours pas à répondre à la demande et les prix sont aussi trop élevés. En effet, entre 70 et 100 DA, ou plus, la bavette devient un produit de luxe au lieu d'être plus démocratisée, même si l'Etat devrait dégager une subvention pour cela, ce qui reviendrait nettement moins cher que s'il y avait augmentation des cas de contamination et donc des dépenses pour le traitement. La débrouille est toujours là et les sangsues ont déjà fait leur apparition en s'appropriant de grandes quantités par on ne sait quel subterfuge pour les revendre à des prix hors de portée de la plupart d'entre les Algériens. Ceux qui ont des amis ou des parents travaillant dans les établissements de santé comptent sur eux pour cela, mais c'est illégal et au détriment de la santé du travailleur. En plus de la cherté, la vente de ces bavettes dans des conditions d'hygiène déplorables, contribuerait plutôt à propager le virus car, lors de la vente, il n'y a aucune précaution prise. C'est d'ailleurs vraiment étonnant et aberrant, qu'après plus de deux mois de l'apparition du virus, il n'y ait encore aucune solution trouvée pour mettre les quantités nécessaires de bavettes sur le marché et éviter tous ces désagréments qui s'avèrent finalement très dangereux. Il y a eu d'abord l'annonce de l'acquisition de cinquante millions de bavettes mais rien jusque-là, mais même si cette quantité a été acquise, ce n'aurait pu être qu'un moyen de colmatage en attendant une solution radicale qui tarde à venir. Pourtant, ce n'est pas si difficile de produire des bavettes, même si elles ne peuvent être aux normes standardisées, mais ce serait mieux que de ne pas en trouver du tout. Quant à demander aux gens d'en fabriquer eux-mêmes, c'est pratiquement impossible pour différentes raisons que nous ne nous attarderons pas à énumérer.


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