Si en théorie, la Constitution actuelle et le projet de sa révision consacrent les libertés syndicales et le droit de grève, le problème se «situe au niveau des lois organiques et dans les textes d'application», a déclaré hier, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), lors de l'émission l'Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la radio nationale. Selon le Dr Merabet, tous les syndicats autonomes sont unanimes que «le problème des libertés syndicales n'est pas au niveau de la Constitution mais des lois organiques qui vont en découler pour mettre en application les garanties constitutionnelles». Il rappelle que ces droits sont, d'ailleurs, «inscrits dans les lois 90-14 et 90-02, et dans les conventions internationales ratifiées par l'Algérie», mais que «le problème se pose dans leur application». L'invité cite à titre d'exemple des «organisations syndicales créées depuis quelques années mais ne sont à ce jour pas enregistrées». Il cite également le cas de la Confédération des syndicats algériens (CSA) qui n'a pas obtenu son enregistrement de la part du ministère du Travail. Il rappelle à ce sujet l'engagement de l'actuel ministre du Travail d'assainir cette situation. «Mais jusqu'à présent, nous attendons les suites pour mettre en application cet engagement», affirme encore le Dr Merabet. Ces contraintes ne sont pas seulement administratives et concernent aussi le secteur économique public et privé où les syndicats autonomes sont quasiment inexistants. Pour le président du SNPSP, depuis le 22 février 2019, «les Algériens ont besoin de vivre une nouvelle ère». Mais il constate que le mouvement syndical, les partis politiques et la société civile qui s'inscrivent dans «le combat pour un Etat de droit et une justice sociale», font face à «un décalage entre le discours politique et la réalité du terrain». Selon M. Merabet, «cette difficulté» à s'organiser n'a pas permis aux syndicats d'accompagner «les mutations sociales et leurs impacts économiques». «On est aussi dans une décantation entre deux générations qui ne sont pas forcément dans les mêmes idées et les mêmes projets de société. Je pense qu'on est en décalage entre les faits et les discours politiques. Comme je l'ai dit au début, être dans un esprit de changement, c'est une Algérie nouvelle qui doit rassembler et qui doit apaiser les esprits». Le président du SNPSP affirme son incompréhension que des «militants hirakistes soient emprisonnés tout simplement parce qu'ils ont manifesté dans la rue, parce qu'ils se sont exprimés différemment, et ont osé développer des sujets qui ne font pas dans le consensus, alors que c'est cela le débat démocratique». Pour lui, «les conditions du débat autour du projet de la nouvelle Constitution ne sont pas réunies» à cause de «ces contraintes», mais aussi «par rapport à cette situation sanitaire extraordinaire qui oblige au confinement et qui empêche donc les réunions pour débattre sereinement de ce projet de révision constitutionnelle». Lyes Merabet va plus loin en expliquant que les syndicats autonomes sont toujours exclus des décisions qui les concernent. Il note que les autorités auraient dû inclure «dès le départ» les syndicats du secteur de la santé. «Le SNPSP n'a pas été associé dès le départ dans l'élaboration du plan d'action qui a été mis en place dans le cadre de la «Commission de santé»», et ça continue, selon lui, «jusqu'à maintenant», malgré que «le ministre de la Santé a été saisi à ce sujet». Pourtant, «nous sommes impliqués sur le terrain, nous avons des victimes dans le corps des professionnels de santé publique et d'autres qui sont contaminées, sans compter les contraintes liées aux conditions de travail». «Beaucoup de choses ont été faites en terme de propositions et de recommandations» qui n'ont pas été prises en compte par le ministère de la Santé, selon l'invité de l'émission de la Chaîne 3.