«Le président de la République est venu pour rassembler, il a une vision stratégique, ses raisons et ses critères dans le choix de ces noms ou d'autres personnes pour occuper des postes de responsabilité». C'est ce qu'a répondu en substance hier Mohand Belaïd Oussaïd à une question sur les personnes nommées par le président de la République au titre du tiers présidentiel pour siéger au Conseil de la Nation. Lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier, au palais d'El Mouradia, le porte-parole de la présidence de la République a commencé par dire «si je change la liste et en ramène une autre, elle va être critiquée». Pour lui, «faire plaisir aux gens est un objectif qui ne sera jamais atteint». Dur moment pour Oussaïd qui devait trouver une explication convaincante au choix par le président de la République des 14 personnes choisies pour siéger en son nom au Conseil de la Nation alors que beaucoup d'entre eux ne partagent aucun principe avec lui et ont même été contre son élection. L'orateur a fait savoir, par ailleurs, que plusieurs parties politiques ou associatives ont demandé au président de la République de proroger le délai qu'il a accordé au débat autour de la mouture de révision de la Constitution. «Il y a possibilité de prolongement de cette période dans le but de toucher le plus de monde possible parce qu'il veut arriver à un consensus le plus large autour de cette Constitution», a-t-il précisé. Un prolongement qui, selon ses termes, ne sera pas long «peut-être de quelques jours, on ne doit pas tarder sinon on risque d'y passer trois ans, il y a insistance pour un changement radical, on doit aller vers une nouvelle Constitution». Mais, dit-il, «dès que ce consensus sera atteint, il faut que la mouture descende au Parlement pour être débattue et votée, il faut que ça se fasse dans les plus brefs délais parce que le président a deux contraintes, le temps et l'importance d'aller vers des institutions légitimes comme le veut le peuple, si ce n'était le Covid-19, la mouture aurait été déjà déposée». Oussaïd note à propos du débat que «la majorité de ceux qui interviennent à cet effet n'ont pas lu la mouture, il faut qu'on soit sérieux !» «La levée du confinement est une décision scientifique» Avant de répondre aux questions des journalistes, le porte-parole a souligné que «le président veut une Constitution consensuelle qui transcende les hommes». Il rappelle les axes qui ont prévalu à l'élaboration par le comité Laraba de la mouture en débat pour affirmer que «la révision ne concerne absolument pas les constantes nationales qui, elles, ne doivent pas être touchées ou débattues». Il pense que «débattre de la religion est une provocation de la part de «spécialistes» qui veulent semer la discorde». Il fera savoir que «le comité des experts que préside le constitutionnaliste Ahmed Laraba a fourni de grands efforts pour donner la dimension juridique qu'il faut aux axes précisés par le président mais sa mouture est soumise à toutes les propositions et suggestions». Il s'adressera à «ceux qui avancent la création de nouveaux partis politiques qui soutiendraient le programme du président» pour indiquer que «le président a eu à affirmer qu'il n'a aucun lien partisan avec aucun parti. Cette précision est toujours en vigueur, tout ce qui se dit hors ce cadre n'a rien de vrai». Oussaïd a confirmé la teneur du communiqué émis par Sofiane Djillali après son entretien avec Tebboune. «C'est vrai qu'il a demandé la libération de Tabou et de Belarbi (c'est ça l'importance du dialogue auquel a appelé le président), une doléance à laquelle le président a promis d'y répondre favorablement dans le cadre de ses prorogatives et de l'indépendance de la justice». En réponse à une question sur la levée du confinement, Oussaïd indique en premier que «notre devoir est de donner une information très précise sur la situation sanitaire de notre pays, il y a une conscience professionnelle et une politique responsable pour ne pas tromper la population». Ceci étant, «la levée du confinement n'est pas une décision politique mais scientifique, elle revient aux spécialistes de la commission de suivi de la pandémie». Et de là, il dira même que «s'il n'y a pas de risque de propagation, l'Algérie pourra ouvrir son ciel aux vols aériens». Au sujet du rapatriement des Algériens bloqués à l'étranger, le porte-parole répond «ça continue mais on ne peut ne pas les confiner à leur arrivée». L'Algérie a rapatrié selon lui environ 12 à 13.000 Algériens depuis le début de la pandémie, au cours de cette semaine, ce sera le tour de ceux qui sont en Turquie». «Il existe en France des lobbys d'intérêts et idéologiques» Oussaïd revient sur la situation sociale des populations pour rappeler que «8,5 millions d'Algériens habitent dans des zones d'ombre (enclavées)». L'octroi des 10.000 DA d'aide accordée à ceux qui sont touchés par les conséquences du confinement l'a été selon lui «à 100%, j'étais ce matin (hier ndlr) en contact avec le ministère de l'Intérieur qui me l'a confirmé, cette aide a été distribuée à 922.000 personnes». Les niveaux des dons financiers collectés au 8 juin dernier ont atteint, dit-il, «386 milliards de centimes, 1.195.000 euros, 980.000 dollars et 7700 livres sterling». Il rappelle que «le président a décidé de l'institution d'une commission présidée par le 1er ministre pour déterminer les critères qui doivent prévaloir pour la distribution de ces dons». Interrogé à plusieurs reprises sur la Libye, le porte-parole fait savoir qu'«il y a presque quotidiennement des contacts de coordination entre notre ministre des Affaires étrangères et ses homologues de la région». Il estime aussi que «l'Algérie salue toute initiative qui contribue à l'arrêt de l'effusion du sang et à faire taire les armes». Mais il rappelle que «l'Algérie se tient à équidistance des parties libyennes parce qu'elle veut jouer un rôle de médiation». Pour lui, «si l'Algérie réclame un dialogue inclusif c'est parce que les Libyens le veulent, c'est pour aider à instaurer une légitimité populaire dans le respect de la souveraineté du peuple libyen». Oussaïd a confirmé la demande que l'Algérie a soumise au Royaume du Maroc pour qu'il rapatrie son consul général à Oran pour avoir dit que «l'Algérie est un pays ennemi». Le porte-parole explique qu' «on a demandé son rappel parce qu'il a dépassé ses limites et les règles diplomatiques d'usage, c'est un agent des services du renseignement (...)». Pour lui, cependant, «la page est tournée, on ne fait pas la politique de l'autruche, on ne veut pas rentrer dans une campagne médiatique avec ces parties, on veut élever le niveau des relations entre les deux pays». A propos des relations entre l'Algérie et la France, Oussaïd dément le fait que Macron ait présenté ses excuses à Tebboune et affirme que «l'appel téléphonique du président Macron au président Tebboune a permis à chacun d'entre eux de donner des clarifications sur leur approche et vision respective des relations entre les deux pays». Il affirme toutefois qu'«il existe en France des lobbys d'intérêts et idéologiques qui entretiennent un sentiment de haine envers l'Algérie et font tout pour casser toute démarche constructive entre les deux pays, ainsi ils font plus mal à la France qu'à l'Algérie». Il assure qu' «ils n'atteindront jamais leurs objectifs en Algérie quelle que soit la situation». La convocation par le MAE de l'ambassadeur de France en Algérie lui fait dire que «c'est une question de souveraineté».