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Gouvernement: A la recherche d'un consensus «le plus large possible»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 06 - 2020

  L'enchevêtrement entre la crise sanitaire, pétrolière et économique et financière, oblige le président à s'appuyer sur un véritable gouvernement de guerre capable de prendre en charge leurs mauvaises conséquences et de leur trouver les bonnes solutions.
Les retombées de ces crises sont des bombes non pas à retardement mais qui commencent à exploser dans le pays provoquant un profond malaise à tous les niveaux. Le gouvernement ne semble pas s'en rendre compte et continue de recourir à des discours populistes d'arrière-garde. De là, la vente du lait en sachet est devenue une question nationale. Depuis quelque temps, les Algériens sont obligés de guetter «le camion» pour pouvoir s'en procurer. Les montées au créneau du premier responsable du secteur menaçant de représailles «les lobbys» qui marchandent avec ce produit indispensable pour les larges couches moyennes, ont été en vérité des esclandres médiatiques pour captiver l'attention des badauds et charmer les décideurs. Le ministre du Commerce n'est pas le seul à aimer la caméra pour, à chaque fois, la fixer et tenter de faire le buz. Tous les ministres du gouvernement Djerrad en font leur moyen d'action. Pourtant, la scène nationale a besoin de tout autre chose pour éviter que de regrettables désordres ne se substituent à l'incompétence de l'Exécutif et agissent dans le sens du dénigrement, de la contestation, voire du rejet d'une gouvernance absurde avec des moyens qui ne sont pas forcément pacifiques. Ceux qui jurent au nom du «hirak» en distillent tous les jours les intentions. La communication officielle n'a pas l'envergure intellectuelle encore moins politique pour réorienter les tendances déstabilisatrices qui émergent, ici et là, pour contrer la chose officielle. Les couacs en sont devenus légion, depuis l'arrivée de Abdelmadjid Tebboune au palais d'El Mouradia. La décision de réagir par communiqués pour notamment contrer les soubresauts de la toile n'a pas de sens. Le dernier communiqué du comité présidé par Ahmed Laraba en est la preuve que le discours contradictoire dérange le plus haut niveau de l'Etat. Il paraît en être ainsi même quand il s'agit de cancans devant lesquels la politique ne devrait pas s'arrêter.
«Le président est-il libre dans ses actes et ses choix»
Il est, en effet, curieux que des spécialistes du droit constitutionnel prennent le temps de répondre à des réactions d'internautes ou même de partis politiques ou d'associations qui prennent un malin plaisir à tout contredire. Mieux, toutes les idées -sauf celles punies par la loi- ne peuvent être dissociées du débat voulu par le président de la République pour l'émergence d'un consensus qu'il veut «le plus large possible». N'est pas constitutionnaliste qui veut, encore moins politique racé ou intellectuel incontestable. La polémique, le rejet et le dénigrement font indéniablement partie de la nature de l'homme avec lequel l'Etat est tenu de compter. Laraba n'avait pas à s'expliquer sur des questions qu'il est censé avoir traité dans le cadre, répète-il d'ailleurs souvent «de la lettre de mission» qui lui a été remise par le président de la République. En s'expliquant par un communiqué, il semble faire marche-arrière sur des conceptions constitutionnelles auxquelles il devait certainement croire dur comme fer avant d'accepter d'être placé au devant de la scène pour donner la forme juridique à la loi suprême d'un pays qui est loin de régler ses problèmes existentialistes. L'on se rappelle il y a quelques années, Cheikh Bentounes de la confrérie Al Aalaouia avait dans un débat à Alger, affirmé qu'il ne comprenait pas pourquoi la constitution algérienne a comme article 2 «l'Islam est la religion de l'Etat». Un sociologue algérien lui demande alors, «suggérez-vous qu'il soit supprimé ?». Le cheikh répond «je ne fais pas de politique». En fait, l'idée de Bentounes est que les gestionnaires du système politique algérien défoncent des portes ouvertes. «On est ce qu'on est de facto, ce sont des évidences, que les constantes nationales soient consacrées dans la constitution c'est qu'on n'a pas encore régler les problèmes de l'identité nationale dont de nombreux fauteurs de troubles aiment à en faire un fonds de commerce, en les supprimant on les met à l'abri des marchandages», soutiennent des analystes avertis. La saga des symboles identitaires continuera d'être entretenue tant que le pouvoir en place craindra d'être déstabilisé par des faux-fuyants. Il faut reconnaître que les choix récents des hommes ne permettent pas d'accorder de crédit à ce que le président a promis de faire pour amorcer le changement. «Le président de la République est-il libre dans ses actes et ses choix ?», interrogent les plus téméraires de ses soutiens. Il semble en tout cas mal l'aise, contrarié, inquiet même par ces voix menaçantes qui appellent à un «hirak 2) différent du 1».
Ce tiers bloquant qui fait jaser
Il y a comme une guerre sournoise dans le dédale du régime, au niveau de la haute administration et d'autres réseaux agissants, qui veulent lui forcer la main et l'obliger à faire des choix de responsables inconvenants qu'ils veulent ces gardiens du temple des pouvoirs occultes ou de l'Etat profond «revisité».
Si la loi a contraint Tebboune à désigner les 14 personnes parce qu'il doit compléter le tiers présidentiel appelé tiers bloquant au niveau du Conseil de la Nation, elle ne lui en dicte pas les critères. Son porte-parole a précisé, mardi dernier, lors de sa conférence de presse qu'il est le seul à les connaître. Pourtant, beaucoup de ceux qui l'ont fermement soutenu dans sa campagne électorale susurrent que pour certains noms, Tebboune a été poussé à enjamber le courant qui l'a élu. «Ce sont les nombreux adeptes de la tendance novembaria-badissia qui rouspètent, ils n'acceptent pas que le président s'allie à des têtes de files qui ont failli par le passé, sinon les chefs de la tendance peuvent se retirer, ce serait alors la catastrophe», soutiennent nos sources. En les désignant, Tebboune n'a, en tout cas, pas fait cas de la proposition contenue dans l'exposé des motifs précédant le texte révisé de la constitution qui voulait supprimer ce tiers de sénateurs «dans l'objectif de limiter le pouvoir présidentiel». Comme son nom l'indique, le tiers bloquant est fait pour empêcher que le président ne soit mis dans des situations difficiles qui risquent de le priver d'un soutien qui bloquerait toute tentative de remettre en cause des projets de loi qu'il aurait suggérés ou d'autres qui l'obligeraient à composer avec des alliances contrenatures.
La colère gronde dans certaines sphères politiques et même de zaouias et de notables. Ces deniers lui recommandent, selon nos sources, un remaniement «immédiat» du gouvernement Djerrad pour tenter de reprendre les choses en main et juguler les causes du mécontentement. Certains de ses soutiens pensent qu'il est temps, pour lui, de procéder «rapidement» à un changement «des ministres qui ont failli dans leur mission avant même de ne l'avoir entamée». Il n'est pas possible pour nos sources qu'il change le Premier ministre parce qu'un nouveau «doit encore aller devant le parlement pour exposer un nouveau programme alors que le temps ne le permet plus». Le temps dont il est question pour nos interlocuteurs est celui qui, d'ici à la fin de l'année aura permis «de doter le pays d'une constitution révisée, adoptée par le parlement et votée par référendum».
Un remaniement du gouvernement «immédiat»
A ceux qui demandent au président de proroger la durée du débat autour de la mouture de Laraba, nos analystes répondent que «le président ne doit pas en accorder plus de 5 jours, c'est amplement suffisant». Pour eux, le compte sera bon pour mettre en œuvre l'agenda qu'ils pensent impératif «pour mettre un terme au flottement et à l'atermoiement». Le débat autour de la constitution prendrait ainsi fin le 25 juin au lieu du 20 comme prévu. «Le comité Laraba aura après, 10 jours pour mettre au propre la mouture qui sera tout de suite descendue au parlement pour adoption,» affirment nos sources qui ne prévoient pas de congé pour les députés.
Pour eux, «le débat à l'APN devra être enclenché le 15 juillet prochain, avec le mois d'août, on aura bouclé les 45 jours exigés par la loi pour aller vers un référendum». Certains veulent que cette consultation populaire intervienne avant les examens du bac et du BEM. L'objectif visé par cet agencement du calendrier est pour, disent-ils, «permettre au président d'exercer le plus vite possible ses missions et prérogatives régaliennes, et éviter des interférences dangereuses qui remettraient tout en cause, en premier le projet de la constitution». En attendant, le remaniement du gouvernement voulu et dont on nous dit que «le principe est acquis depuis longtemps», doit «emporter» au moins, comme ça été dit par certains médias, «5 ministres, les plus en vue de part leur incompétence voire leur inutilité». L'on avance les noms «de la ministre de la Culture et de ses «adjoints», les deux secrétaires d'Etat, le Tourisme au sujet duquel l'on dit que «des notables du Sud profond se sont plaints» l'Enseignement supérieur «qui n'est pas à sa place», l'Industrie qui a rajouté au yaourt la voiture pour la déclarer «sans importance pour le citoyen algérien pour que l'Etat fasse en faveur de son acquisition des sacrifices fiscaux en devises». Nos sources avancent bien d'autres noms comme celui de la Santé, du Travail, du Sport et ses adjoints, l'Environnement, l'Education, l'Intérieur, l'Energie, enfin presque tous. «On lui conseille de nommer de véritables novembristes pour équilibrer entre ceux qui le soutiennent et ceux qui risquent d'entraver ses décisions, il lui faut ce contrepoids». La référence à Novembre est plus ici pour convaincre Tebboune de se doter d'un gouvernement capable de planifier et mettre en route une économie de guerre. Nos sources veulent que des ministères soient carrément supprimés de l'organigramme gouvernemental pour éviter des dépenses inutiles.


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