Encore une chronique sur le Covid-19 qui est devenu presque une ligne éditoriale tant il ne se passe pas un jour sans que des articles ne lui soient consacrés dans la presse du monde entier. L'énumération des chiffres étant devenue quotidienne, c'est la nécrologie qui semble ne plus offenser les uns et les autres. Le monde prend son mal en patience et semble s'accommoder et l'opinion publique est tenue de se préparer pour une longue vie avec le Covid-19. Les championnats de football en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Angleterre ont repris et la Champions' League aussi. De guerre lasse, le monde se résigne à braver le monstre en se déconfinant par peur d'avoir affaire à un autre tueur autrement plus dangereux, en l'occurrence la famine, qui risque de (re)transformer l'Homme en cannibale. Par ailleurs, les Etats-Unis, premiers bailleurs de fonds de l'OMS à raison de 15%, se sont retirés de cette organisation pour tergiversation face à la pandémie. Le monde se languit en attendant un miraculeux vaccin qui ne veut même pas pointer le bout de son nez. Aux premières annonces des premières semaines de remèdes trouvés, par-ci, par-là, s'est substituée l'indigence intellectuelle et la recherche scientifique est en panne. Devant l'incapacité de la rationalité à prendre en charge le mal de l'humanité, on se tourne vers les prophéties pour entrevoir le bout du tunnel. Sylvia Browne, médium, voyante autoproclamée et co-auteure à succès de livres du genre paranormal, comme La vie dans l'au-delà (2001), Si vous pouviez voir ce que je vois (2008) ou encore End of Days : Predictions and Prophecies About the End of the World (2008) (La fin des temps : prédictions et prophéties concernant la fin du monde) qui fait place à une prophétie qui n'a pas manqué d'attirer l'attention du monde en cette mémorable année 2020 tant ce qu'elle rapporte convient parfaitement à la pandémie du Covid-19 qui a pris le monde en otage depuis plus d'un semestre déjà. En 2008 donc, Sylvia Browne prophétisait l'apparition aux environs de 2020 d'une sévère maladie respiratoire qui s'étendrait à tout le globe, s'attaquant aux poumons et aux bronchioles et résistant à toutes sortes de traitements. La situation que décrit ce passage est quasiment connue de tous et ne suscite plus aucun intérêt, mais la deuxième est, elle, porteuse d'espoir quoique mince et sans contours précis. La suite de la prophétie de Browne ne manque pas de souligner un autre aspect frappant de la maladie, « presque aussi déconcertant que la maladie elle-même, sera le fait qu'elle partira soudainement aussi vite qu'elle est arrivée, attaquera encore une dizaine d'années plus tard, et puis disparaîtra pour toujours ». Même si le spectre de son retour dans une décennie fait peur, son éventuelle disparition sans crier gare a de quoi ravir la population de la terre entière. On n'en est pas encore au temps qu'avait mis la grippe espagnole pour s'évaporer et c'est pour cela qu'on se plaît à croire que le Covid-19 n'est pas parmi nous depuis longtemps et qu'il nous laissera tranquille dans peu de temps. Alors, les rues du monde entier vibreront aux cris de joie de l'humanité qui pourra retrouver la poignée de main, l'accolade, et les embrassades et tous ces gestes grâce auxquels les êtres humains fraternisent et chassent la solitude et l'absurde. Il est vrai qu'il faut prendre ce gendre de prophéties avec des pincettes quand bien même elles seraient porteuses de bonnes nouvelles, mais n'est-ce pas que toute thérapie est bonne à prendre surtout la catharsis et pour l'auteur et pour le lecteur ? Et si Sylvia Browne avait vu juste ?