Conjoncture extrêmement fournie en analyses et perspectives, la situation économique induite par la pandémie de Covid-19 requiert une attention toute particulière de la part notamment des institutions internationales de l'envergure de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui, il faut le dire, n'ont pas été avares en études même si, parfois, elles ne recueillent pas forcément l'assentiment de nombreux pays. Très productifs en rapports de conjoncture depuis le début de la pandémie, la Banque mondiale (BM) a publié dimanche une nouvelle newsletter traitant de ses conclusions sur les perspectives économiques mondiales, constatant, de prime abord, que «la pandémie a produit une violente onde de choc à travers le monde, plongeant de nombreux pays dans une profonde récession» pour, ensuite, conclure que «dans le scénario de base, le PIB mondial diminuera de 5,2 % en 2020, ce qui représente la plus grave récession planétaire depuis des décennies». Un impact particulièrement ressenti dans les économies développées où le recul du PIB atteindra 7%, selon les prédictions de la BM alors que des institutions locales s'attendent au pire, comme la Banque de France qui anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10% cette année pour le pays du Président Macron, ou encore le Japon où l'on vit la «pire récession depuis 1950» et où, pour ce finissant trimestre, la baisse du PIB devrait avoisiner les 26%, selon les analystes de du groupe financier Nomura. Pour ce qui concerne l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient (la région Mena), à l'instar de toutes les régions du monde, la BM annonce que les prévisions de croissance ont été fortement revues à la baisse. «De nombreux pays ont limité les dégâts grâce à un vaste programme de soutien budgétaire et monétaire. Malgré ces mesures, le revenu par habitant devrait diminuer dans toutes les régions émergentes ou en développement en 2020, ce qui replongera sans doute des millions de personnes dans la pauvreté». Ainsi, pour la région à laquelle appartient l'Algérie, il est attendu que l'activité économique se rétracte de 4,2% sous l'effet de la pandémie de Covid-19 et de l'évolution du marché du pétrole, ce qui est loin de la croissance de 2,4% prévue dans les perspectives publiées en janvier dernier par la BM. L'institution ajoute même qu'une forte incertitude pèse sur ces prévisions. «Les pays exportateurs de pétrole sont pénalisés par l'effondrement des prix du pétrole et des flambées de Covid-19, tandis que les importateurs de pétrole se ressentent de l'affaiblissement des économies avancées et des grands pays émergents, des perturbations causées par les mesures de riposte à la pandémie et de la baisse probable du tourisme» estime la Banque mondiale. Pour les pays exportateurs exclusivement, les prédictions de l'institution de Bretton Woods s'attendent à une baisse d'activité de 5% en raison de la chute des prix du pétrole, contre une croissance de 2% annoncée dans les prévisions de janvier et «dans bon nombre de pays exportateurs de pétrole, les mesures de réduction de la production pétrolière vont considérablement freiner la croissance». Ainsi, l'Algérie, à en croire la BM, devrait voir reculer son PIB de 6,4% en 2020, en raison de la baisse des cours du pétrole et des vulnérabilités structurelles de son économie. Toutefois, pour 2021, les perspectives de la Banque mondiale prédisent une reprise de l'économie algérienne avec, au bout, un PIB en évolution de 1,9%. M. Azedine