Dans une conférence de presse conjointe, organisée hier à l'Aurassi, trois syndicats (SNAPO, SNPSSP et SNMGSP) ont estimé que la mise de l'Agence nationale des Produits pharmaceutiques (ANPP) sous tutelle du ministère de l'Industrie pharmaceutique, est une «transgression à la loi». La conférence de presse était animée par Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (SNAPO), Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), et de Salah Laouar président du Syndicat national des Médecins généralistes de santé Publique (SNMGSP). Les trois syndicats ont signé une déclaration dans laquelle ils expliquent leur position quant à cette question de la tutelle de l'ANPP. Pour eux, cette Agence qui revêt de la «plus haute importance pour la santé publique» doit être mise sous tutelle du ministère de la Santé. «Nous exprimons notre inquiétude de voir cette Agence de la plus haute importance pour la santé publique relever dorénavant de l'industrie fut-elle pharmaceutique», affirment les trois syndicats. Les principales raisons avancées concernent la nature même de cette Agence et ses prérogatives, l'application de la législation algérienne concernant la création de l'ANPP, et les éventuels «conflits d'intérêts». «Les prérogatives de l'Agence dépassent largement celles de l'industrie puisqu'elle touche à la santé humaine», affirment les syndicats SNAPO, SNPSSP et SNMGSP, rappelant les dispositions du «décret exécutif 19-190 du 3 juillet 2019». En effet, ledit décret fixant «les missions, l'organisation et le fonctionnement de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques», stipule, dans son article n°2, que «l'Agence est un établissement public à gestion spécifique, dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle du ministre chargé de la Santé». Par ailleurs, les trois syndicats notent qu'en plus de «la transgression à la loi que constitue cette anomalie», ils s'inquiètent des «conflits d'intérêts» qui peuvent favoriser ceux de l'industrie «sur les intérêts de la santé publique». «Notre inquiétude est que, en raison de cette situation, la politique pharmaceutique nationale, dans ses aspects stratégiques et dans ses considérations relevant de la sécurité sanitaire soit prise en otage de conflits d'intérêts : les intérêts de l'industrie risquant de prendre le pas sur les intérêts de la santé publique», est-il précisé. Le SNAPO, le SNPSSP et le SNMGSP appellent les «plus hautes autorités de l'Etat» à «mettre un terme à cette tentative de transfert de l'ANPP vers la tutelle de l'Industrie pharmaceutique» et pour que cette Agence «reste, tel que le prévoit la loi, sous tutelle du ministère de la Santé, afin qu'elle soit ce qu'elle doit être : une autorité de régulation forte, jouissant de l'autonomie et de santé publique». Les trois syndicats ont tenu aussi à «préciser» que leur démarche «ne participe d'aucune hostilité a l'égard du ministère de l'Industrie pharmaceutique», et qu'ils sont «totalement solidaires de l'action du Gouvernement visant à promouvoir l'Industrie pharmaceutique nationale», et déclarent «n'obéir à aucun lobby ou groupe d'intérêts autres que les intérêts conjugués de la santé publique et du malade algérien».