Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a exprimé, hier, à partir d'Ankara en Turquie, la préoccupation de l'Algérie face à la «situation tendue» que connaît actuellement le Mali, pays voisin du Sahel avec lequel l'Algérie partage plus de 1.300 km de frontières. «L'Algérie surveille attentivement la situation tendue que connaît actuellement le Mali et toute évolution pouvant y survenir,» a ainsi déclaré M. Boukadoum lors d'une conférence de presse animée, conjointement, avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, en marge d'une visite officielle en Turquie, au cours de laquelle il a également été reçu par le Président Turc, Recep Tayyip Erdogan. Selon M. Boukadoum, le Mali «est en train de connaître des transformations à court et à moyen termes,», soulignant au passage, «l'importance primordiale qu'occupe ce pays du Sahel et sa stabilité pour l'Algérie». Le chef de la diplomatie algérienne a, par ailleurs, expliqué que la population vivant dans ce pays frontalier avec l'Algérie « souffre d'une situation sécuritaire fragile et de divisions politiques générées par les coups d'Etat enregistrés dernièrement, aussi bien au Burkina Faso qu'au Mali. M. Boukadoum a souligné, en outre, que plus de 40.000 habitants occupent actuellement les zones frontalières du nord, poussés par le climat actuel de peur, avant d'avertir du risque potentiel d'une vague d'immigration qui pourrait menacer l'Algérie et l'ensemble des pays d'Afrique du Nord. Une menace supplémentaire qui s'ajoute a-t-il dit à celle générée par la crise libyenne. Sabri Boukadoum n'a pas manqué enfin de mettre l'accent sur les besoins de paix et d'investissements dans cette zone du Sahel, avant de plaider pour le Mali, pour des conditions de vie meilleures que celles qu'il connaît aujourd'hui. Lors de sa visite, hier à Ankara, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, s'est entretenu avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, avec lequel il a abordé l'état et les perspectives des relations bilatérales, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE). «Ces entretiens ont permis aux deux ministres de procéder à un échange approfondi sur l'état et les perspectives des relations bilatérales. A ce titre, ils se sont félicités de la dynamique qui caractérise les relations algéro-turques, et ont souligné l'engagement des deux pays à les diversifier davantage en exploitant l'ensemble des potentialités et des opportunités offertes, de part et d'autre, au service de la promotion d'un vaste partenariat entre les deux pays », précise la même source. Les échanges entre les Chefs de diplomatie des deux pays « ont également constitué une opportunité pour poursuivre la concertation politique sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. Dans ce cadre, la situation en Libye a été évoquée pour souligner la nécessité d'une solution politique basée sur le dialogue et la réconciliation, entre tous les Libyens, et à l'abri de toute ingérence étrangère, en tant que seule issue à même de préserver l'unité et l'intégrité de la Libye ». «Les deux parties ont également évoqué la situation au Mali en soulignant la nécessité d'accompagner ce pays frère et voisin en cette période difficile qu'il traverse», est-il ajouté. Au terme des discussions, les deux ministres «sont convenus de poursuivre leurs efforts communs au service du développement des relations bilatérales et de la concertation politique entre l'Algérie et la Turquie», conclut le MAE dans son communiqué. M. Sabri Boukadoum a, en outre, été reçu en audience par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan. Une audience au cours de laquelle, le chef de la diplomatie algérienne lui a transmis un message du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. A cette occasion, explique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, M. Boukadoum a exposé au Président Erdogan « les résultats de ses discussions avec son homologue, Mevlut Cavusoglu, ainsi que les actions de coopération inscrites à l'agenda bilatéral, notamment au sujet du volet de l'investissement et des échanges commerciaux ». Le Président Erdogan, ajoute la même source, « a marqué sa satisfaction quant à l'évolution positive que connaissent les relations algéro-turques, en réitérant son engagement personnel à les raffermir davantage, y compris dans le domaine de l'investissement, et ce, dans l'intérêt mutuel des deux pays ». « Les questions régionales et internationales d'intérêt commun ont également été à l'ordre du jour de cette audience, en particulier la situation au Mali et en Libye, où la position algérienne, quant à la nécessité de privilégier la voie du dialogue et des solutions politiques aux crises que connaît la région, a été réitérée », selon la même source qui souligne que le Président Erdogan a chargé le ministre des Affaires étrangères de transmettre au Président Tebboune, ses «salutations fraternelles ainsi que son souhait de le recevoir en visite en Turquie».