Quelques jours après le déplacement à Alger du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour évoquer avec les autorités algériennes l'expulsion de 20 à 30 personnes « radicalisées en situation irrégulière», Paris revient à la charge et agite le chantage aux visas à l'égard des pays qui rechignent à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière. En effet, s'exprimant sur sa visite à Alger, Darmanin a indique que les autorités algériennes lui ont «clairement affirmé que les nationaux qui relevaient de leur responsabilité seraient repris à la condition que ce soit bien leurs nationaux, ce qu'on peut tout à fait comprendre», a-t-il expliqué dans un entretien accordé à un journal parisien. Mais si Alger a bel et bien refusé la liste des ressortissants en situation irrégulière, au motif que ces personnes «sont nées en France et donc bel et bien des ressortissants français», Paris manœuvre pour se débarrasser de ces «personnes à risque», surtout depuis les attentats de Nice, fin-octobre, dernier. Et pour «forcer la main» aux pays concernés, comme l'Algérie, qui refusent d'accueillir ces personnes en situation irrégulière et fichées comme radicalisées», la France envisage une réduction «ciblée» du nombre de visas attribués à ces mêmes pays. «Il faut dire à ces pays qu'ils doivent reprendre les personnes qui sont identifiées comme leurs ressortissants», a déclaré sur la radio Europe 1, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune. «Nous avons des leviers pour le faire, par exemple les visas (...) en ciblant des responsables politiques, des responsables économiques. Oui, c'est un des leviers que le président de la République, que le ministre de l'Intérieur envisagent», a-t-il ajouté. La question des expulsions a pris un tour particulièrement aigu en France après les derniers attentats jihadistes perpétrés sur son sol, notamment celui de Nice fin-octobre commis par un Tunisien fraîchement arrivé en Europe. Le secrétaire d'Etat français a, aussi, insisté sur la nécessité d'une action concertée avec les autres pays européens, notamment de l'espace Schengen, pour une meilleure efficacité. «A un moment il faut être concret, efficace (...) On respecte nos partenaires mais en Européens, avec nos partenaires européens, on doit mettre cette pression», a-t-il relevé. «Là aussi il faut sortir de la naïveté, il faut passer par une action européenne parce que nous sommes plus forts dans ces pressions», a-t-il martelé. A noter que selon le ministère français de l'Intérieur, la France compte 231 étrangers en situation irrégulière suivis pour «radicalisation», dont une soixantaine de Tunisiens, autant de Marocains et un peu plus d'Algériens, et a fait de leur expulsion une priorité. Le sujet fait polémique dans les pays concernés, notamment en Tunisie où la possibilité d'un retour au pays de Tunisiens ayant rejoint des groupes jihadistes en Syrie, avait déclenché des manifestations hostiles en 2016.