La compagnie aérienne nationale battait de l'aile depuis des années, et si la paralysie de sa flotte due à la Covid-19 se prolonge encore quelque temps, elle aura les ailes cassées en 2021. Déjà, en 2017, un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) signalait une zone de turbulences dans laquelle Air Algérie tentait de tenir l'équilibre. Le malaise financier était tellement inquiétant qu'il pourrait conduire la compagnie à une faillite inévitable en 2021, prévenait le rapport en question, bien avant que cette crise sanitaire ne vienne compliquer encore la situation. Forcée à immobiliser ses avions sur les tarmacs depuis la suspension du trafic aérien suite à la fermeture des frontières aériennes, le 17 mars dernier, Air Algérie devrait enregistrer, cette année, un manque à gagner estimé à 89 milliards de dinars qui viendrait affaiblir une trésorerie qui peinait, sans ce nouveau coup du destin, à honorer ses 3,4 milliards de dollars de dettes, contractées en 2004. Enfoncée dans un tel gouffre financier, Air Algérie peut-elle encore se permettre le luxe de garder sa flotte clouée au sol ? Deux organisations syndicales de la compagnie sont montées au créneau pour appeler non pas à une grève, une fois n'est pas coutume, mais à une reprise urgente et graduelle des activités afin d'éviter le naufrage. Se lamentant de l'absence d'un minimum de mesures d'accompagnement de la compagnie de la part des pouvoirs publics, les deux syndicats d'Air Algérie dénoncent le fait que l'activité de la compagnie soit réduite à de simples services de rapatriement «à perte» et au «maintien de l'activité cargo», alors qu'on pourrait faire plus, au moins provoquer un déclic des activités à travers la reprise des vols domestiques, sous conditions de l'application stricte d'un protocole sanitaire comme c'est le cas un peu partout dans le monde. Si on ne fait rien pour une reprise progressive du trafic aérien, on condamnerait la compagnie nationale à connaître le même sort d'Aigle Azur, ou puiser dans les caisses du Trésor public pour la maintenir à flot. Et, il y a lieu d'attirer l'attention du gouvernement, puisque la reprise n'est pas du ressort de la compagnie, que l'arrêt du trafic aérien a fait de nombreuses autres victimes collatérales, notamment l'Entreprise de gestion des services aéroportuaires (EGSA), qui se retrouve à se rouler les pouces dans des aéroports quasiment désertés. Sans une reprise du trafic aérien, on risque d'arriver dans peu de temps à une situation où la compagnie nationale et l'EGSA n'arriveraient même pas à assurer les salaires de leurs employés à partir de leurs ressources financières propres. A-t-on vraiment loisir de tergiverser devant une prédisposition dramatique du développement des évènements ? Pourtant, de sérieuses études affirment que le risque de contamination au Covid-19 est très faible en avion. En sus du respect des gestes barrières, soutient-on, le port en permanence d'un masque par tous les passagers assure une protection complète contre le virus dans un avion, même pendant 12 heures de vol.