Un rassemblement de soutien à Rabah Karèche, journaliste de «Liberté», a été observé, hier matin, devant le siège du journal. Des pancartes appelant à «Libérer la presse» et «Le journalisme n'est pas un crime» ont été portées par les journalistes et personnels du quotidien «Liberté» ainsi que des représentants d'autres journaux et médias électroniques. Les participants au rassemblement ont également scandé les slogans: «Libérez Rabah», «Presse libre et démocratique», «Libérez Saïd Boudour». «Il est reproché à Rabah Karèche d'avoir partagé des informations sur une page (de Facebook, ndlr) qui traite des informations de la région de Tamanrasset. Il a été arrêté parce qu'il est journaliste, tout simplement», affirme un journaliste de «Liberté» dans un «Live» sur la page Facebook d'un média électronique. «On est là pour exiger la libération de notre collègue et demander au pouvoir de mettre fin à cette attitude qui consiste à casser le thermomètre pour faire croire qu'il n'y a pas de température, qu'il n'y a pas de problème. Nous comprenons qu'à travers ce regain de répression que le pouvoir est aux abois, parce qu'il a compris que depuis février 2019 le peuple est résolu à changer le système», ajoute Mustapha Hammouche, chroniqueur à «Liberté» Présent également au rassemblement, l'avocat Hakim Saheb déclare: «Nous sommes ici pour exprimer notre indignation contre ce harcèlement dont sont victimes les journalistes, et pour exprimer notre solidarité à Rabah Karèche, victime de l'arbitraire, victime d'avoir exercé honorablement et dignement son métier». Pour rappel, le 19 avril dernier, le journal «Liberté» a exprimé son «étonnement» suite à la mise sous mandat de dépôt de son correspondant à Tamanrasset, Rabah Kareche. «Convoqué dimanche (18 avril 2021, ndlr) par la police, puis placé en garde à vue, le journaliste a été présenté hier matin devant le procureur de la République qui a transféré le dossier au juge d'instruction. Ce dernier a décidé, à notre grand étonnement, de placer le journaliste en détention provisoire», affirme le communiqué de «Liberté». Evoquant les circonstances de cette arrestation, le journal rappelle que «Rabah Kareche a été longuement interrogé sur un article publié, le jour même de sa convocation par les services de sécurité. L'article en question n'est autre que le compte-rendu d'une manifestation publique organisée par des citoyens de la région qui contestaient le nouveau découpage territorial». Le document de Liberté précise qu'il est «officiellement reproché» à Rabah Kareche: «la création d'un compte électronique consacré à la diffusion d'informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société», la « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d'attenter à l'ordre public» et «l'usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l'unité nationale». Le journal considère qu'il s'agit d'accusations «fallacieuses» qui «cachent mal une volonté de faire taire le journaliste et l'empêcher d'accomplir en toute objectivité son travail, comme l'attestent ses nombreuses convocations, ces derniers mois par les services de sécurité». On apprend également qu'au lendemain de la mise sous mandat de dépôt de Rabah Karèche, un collectif d'avocats a introduit une demande de mise en liberté. La demande est en attente d'examen par la Chambre d'accusation, selon un membre du collectif d'avocats cité par «Liberté».