Malgré son statut de champion d'Afrique, le football algérien continue de manger son pain noir. Quant au professionnalisme décrété par l'ancien pouvoir, il s'est avéré comme un fiasco. Sinon, où est passée la prise en charge du projet de la construction de centres d'entraînement pour les clubs ? Où en est-on avec la mise en place de la politique de formation des jeunes ? On n'a rien vu, sauf des clubs endettés, même au bord de la faillite, de la violence, des matches arrangés, des pratiques malsaines, le manque de restructuration de l'arbitrage et autant d'anomalies et beaucoup d'insuffisances. L'incapacité des clubs algériens de football à attirer des investissements privés en raison d'une politique désordonnée en matière de professionnalisme, a amené l'Etat à prôner des solutions de replâtrage, pour ne pas dire de bricolage. A défaut d'une réforme réfléchie pour une approche rationnelle et une meilleure visibilité du professionnalisme, les pouvoirs publics de l'ancien système ont préféré opter pour une démarche d'assistanat avec un esprit d'amateurisme et de deux poids deux mesures concernant l'aide de l'Etat pour les clubs pros. Le MCA avec Sonatrach, le CRB (Groupe Madar), du CSC (ENTP), de la JS Saoura (ENAFOR), l'USMA avec SERPORT et les autres ? Ils devront patienter. Cette politique a fini par créer un climat de confusion chez les clubs marginalisés et privés de ce genre d'avantages et qui continuent de souffrir d'une crise financière suffocante. Les clubs algériens manquent de culture et de réflexes en matière de gestion. Continuer à être tributaire des subventions étatiques n'est pas une solution d'avenir, d'autant plus qu'il est interdit par la loi d'octroyer des subventions aux clubs prétendus professionnels. Ces mêmes clubs doivent trouver les mécanismes pour s'autofinancer. Mais nos dirigeants ont-ils les critères pour ce genre d'actions ? La question reste posée. Ce qui a fait réagir les autorités par l'entremise du ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, qui a estimé que «le professionnalisme adopté depuis plus d'une décennie n'a pas été à la hauteur des attentes». A cet effet, le ministre a procédé à l'installation d'une commission mixte MJS - FAF chargée de l'évaluation et réforme du football professionnel, en présence du président de la FAF, Amara Charaf-Eddine, «qu'en dépit des moyens financiers colossaux consentis par l'Etat, tout le monde est unanime, aussi bien les experts que le public, que les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes escomptées, pour ne pas dire négatifs. Ces résultats confirment les limites de l'expérience, auxquelles s'ajoutent les insuffisances et les dérèglements enregistrés à tous les niveaux, financiers, organisationnels, économiques et sportifs». A noter que cette commission mixte chargée de l'évaluation et réforme du football professionnel» est présidée par Mohamed Mechrara, ex-président de la LFP, et actuel conseiller du président de la FAF. Lors de cette rencontre, Sid Ali Khaldi a également abordé différents points, à l'instar du problème relatif au financement qui confirme le déficit financier et les bilans négatifs des comptes des clubs professionnels depuis le lancement de l'opération, surtout l'accumulation des dettes des clubs (dont les impôts et les souscriptions de la sécurité sociale), ainsi que la masse salariale exagérée qui dépasse les 80 % le budget des clubs, sans oublier la mauvaise gestion et le recrutement non étudié des joueurs ainsi que le changements abusifs des staffs techniques». Le ministre a également évoqué le non accompagnement du volet juridique et organisationnel, ainsi que l'absence des outils et méthodes de la gestion moderne au niveau des clubs professionnels. «Parmi les points négatifs relevés, nous signalons l'absence du climat d'exploitation sportive, la faiblesse du rendement économique des sociétés commerciales sportives, ainsi que la faiblesse d'exploitation des jeunes talents sportifs, leur formation, et la propagation des actes antisportifs et contraires à la morale sportive», a t-il regretté tout en soulignant «qu'il est temps et nécessaire de revoir la structuration de la politique du football professionnel, tout en établissant une évaluation profonde et précise pour corriger les erreurs». Le MJS compte sur cette commission mixte pour élaborer des recommandations pratiques pour atteindre un modèle économique nouveau pour le football algérien en adoptant plusieurs thèmes: le financement, la gestion, la prospection et la formation des jeunes talents, les centres de formation, la moralisation du milieu de football. Présent à cette réunion, le président de la FAF, Amara Charaf-Eddine, a souligné de son côté que cette commission d'évaluation se chargera de faire des propositions visant à corriger les erreurs enregistrées jusque-là, afin de mettre en place un professionnalisme capable de donner des clubs forts et d'un niveau international. Malheureusement, la réglementation actuelle ne nous permet pas d'atteindre les résultats escomptés, contrairement à la sélection nationale qui a dignement représenté les couleurs nationales». De son côté, le président de la FAF a promis «une revue en profondeur du professionnalisme qui nécessite un modèle plus viable avec de nouveaux schémas de financement». Pour rappel, cette séance de travail est la première entre la tutelle et la FAF depuis l'élection du nouveau président de la FAF, Amara Charaf-Eddine.