Mercredi dernier, le ministère de la Jeunesse et des Sports, représenté par son premier responsable, Sid Ali Khaldi, ainsi que la Fédération algérienne de football, représentée par son président, Charaf-Eddine Amara, ont procédé à l'installation d'une commission mixte. Celle-ci, composée de cadres des deux parties, aura pour mission de «faire un diagnostic approfondi sur le professionnalisme en Algérie après 10 ans de son instauration, et réfléchir sur les voies et moyens de consolider les acquis, combler les insuffisances et entamer des réformes structurelles et organisationnelles pour sa relance sur des bases solides». Après avoir présidé la réunion d'installation de cette commission, Khaldi a fait un état des lieux, en relevant, entre autres, le déficit financier, les bilans négatifs des comptes des clubs professionnels, l'absence d'un climat d'exploitation sportive et la faiblesse du rendement économique des sociétés sportives par actions. «Ces résultats confirment les limites de l'expérience, auxquelles s'ajoutent les insuffisances et les dérèglements enregistrés à tous les niveaux, financiers, organisationnels, économiques et sportifs», plaide le ministre. Mais qui va présider cette commission? Le choix est porté sur Mohamed Mecherara, actuel conseiller du président de la FAF. Mais ce choix a été contesté au sein même de la FAF et du MJS, non par rapport aux compétences de l'homme en question, «qui restent avérées», mais parce que le concerné faisait partie des dirigeants «influents» ayant contribué, en 2010, au lancement du professionnalisme, lequel a échoué en menant le football national vers une situation désastreuse. Fort heureusement qu'entre-temps, l'Equipe nationale sous les commandes de Djamel Belmadi continuait de servir d'arbre qui cache la forêt, notamment après le sacre continental en 2019 en Egypte. Dans sa déclaration, mercredi dernier, ce que Khaldi a apporté est, certes, la triste réalité d'un professionnalisme qui avance à reculons depuis son avènement. Les observateurs du football en Algérie peuvent, tous, faire le même constat, sauf que le pouvoir de changer les choses sur le terrain revient exclusivement à la tutelle et à son premier responsable. Celui-ci est le garant de l'application de la réglementation et doit, ainsi, intervenir chaque fois qu'il y a une transgression. «Le ministre chargé des Sports veille au contrôle du respect des lois et règlements en vigueur par le Comité national olympique, le Comité national paralympique, les Fédérations sportives nationales ligues et clubs sportifs», stipule, faut-il le rappeler, l'article 181 de la loi 13-05 du 23 juillet 2013. Depuis son intronisation le 4 janvier 2020, le locataire de l'immeuble de la place du ,1er-Mai a laissé la situation traîner au niveau de la balle ronde nationale, qui reste, comme il l'a laissé entendre lui-même «la chose la plus chère, sportivement, pour tous les Algériens». Seule chose faite, durant cette période, le refus catégorique de la mise en conformité des statuts de la FAF, du temps du président sortant, Kheireddine Zetchi, avec ceux de la FIFA pour «une question de timing» et la réactivation de la mesure interdisant le cumul de fonctions, «pour éviter tout genre de conflits d'intérêts». La dernière déclaration du MJS prouve, selon plusieurs avis, qu'il faisait de cette affaire de mise en conformité «une affaire personnelle». «Je me suis abstenu de parler de ce sujet depuis plus d'un an, malgré la pression de certaines personnes aux intérêts étroits. Le temps a fini par nous donner raison et tout se passe, actuellement, le plus normalement», a-t-il indiqué. Certes, la FIFA n'a pas mis sa menace à exécution, mais cette menace y était, comme le montraient clairement les correspondances de l'instance internationale, lesquelles avaient même fuité sur les réseaux sociaux. Pourquoi, donc, attendre tout ce temps pour en parler maintenant? Pis encore, la procédure d'«intronisation» de Charaf-Eddine Amara à la tête de la FAF s'est faite d'une manière antiréglementaire. À commencer, entre autres, par les critères d'éligibilité que ce dernier ne remplissait pas, ou encore le non-respect de l'intervalle qui devait être observée entre les deux assemblées, ordinaire et élective, comme le stipule l'article 26 des statuts de la FAF. Mais cette flagrante transgression de la réglementation n'a pas été évoquée par les chargés du sport, tous services confondus. À vrai dire, le MJS est comme ce chasseur qui ne sait plus que faire avec la peau de l'ours après l'avoir abattu.