Plus de 40.000 Algériens qui ont raté la saison du hadj 2020 doivent encore patienter jusqu'à 2022 pour voir s'ils peuvent accomplir les rites du pèlerinage, le cinquième pilier de l'Islam. Les autorités saoudiennes ont décidé de garder les frontières closes devant les pèlerins internationaux cette année encore, n'autorisant que 60.000 des nationaux et résidents vaccinés contre le Covid-19 à effectuer le hadj, qui doit avoir lieu le mois prochain, soit un chiffre qui a été multiplié par 6 par rapport l'année passée, où seulement une petite dizaine de milliers de personnes a bénéficié de cette exception. Est-ce juste d'exclure du pèlerinage, pour la deuxième année consécutive, tous les musulmans résidents hors du royaume ? De toute évidence, la décision des autorités saoudiennes, même si elle ne se réfère clairement à aucune recommandation de l'OMS, ni concertation avec d'autres pays musulmans, viserait à empêcher une flambée des contaminations au coronavirus, mais n'y a-t-il pas possibilité d'autoriser le hadj pour les musulmans arrivant de pays étrangers et en possession d'un pass sanitaire ? Dans une telle situation, la condition de l'accomplissement du cinquième pilier de l'Islam, qui n'est exigé que pour les musulmans qui ont les moyens de le faire, devrait par ces temps de pandémie tenir compte d'une seconde conditionnalité d'être sujet saoudien ou avoir le statut de résident en Arabie Saoudite ! Il ne s'agit pas de voyages d'agrément ou touristiques, qu'on peut gérer en toute souveraineté, mais de l'accomplissement d'un des cinq piliers de l'Islam, qui donne un certain droit d'accès des musulmans aux Lieux saints de l'Islam. D'où les critiques qui s'élèvent dans certains pays à propos de la limitation des pèlerinages aux seuls résidents et Saoudiens. Non sans rappeler dans de ce sillage la série de catastrophes, en temps de « paix » sanitaire, qui ont fait des centaines de morts parmi les pèlerins, dont la bousculade qui avait provoqué la mort de plus de 2.300 fidèles en 2015. Bien sûr, la situation épidémique recommande la prise de décisions qui limitent les déplacements et les regroupements massifs, du genre du hadj qui constitue l'un des plus grands rassemblements religieux du monde (2,5 millions de participants venus du monde entier en 2019), présentant en ce sens un risque très élevé de propagation du coronavirus, mais la latitude existe cette année avec la vaccination et l'application de mesures sanitaires qui ont prouvé leur efficience, de gérer une affluence limitée de pèlerins internationaux. D'autant que l'Arabie saoudite, qui compte 34 millions d'habitants, a annoncé avoir administré plus de 15 millions de doses de vaccin. Pas loin, donc, des 70% de vaccinés pour atteindre l'immunité collective. L'annulation du hadj et la limitation de la Omra causent, certes, un important préjudice économique pour l'Arabie Saoudite qui accuse dans ce contexte des pertes qui peuvent atteindre plus de 10 milliards d'euros par an, mais le hadj est une affaire religieuse qui a une portée morale pouvant détériorer une certaine affinité nouée par les musulmans avec les gardiens des deux villes saintes de l'Islam (La Mecque et Médine) plus que ne le ferait le Covid-19.