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Le temps du pouvoir et le pouvoir du temps en Algérie
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 08 - 2021


30ème partie
L'ère impériale intervient sous diverses formes. Elle s'active au désordre global généralisé.
L'Europe qui aurait pu jouer un rôle positif dans l'évolution du monde a déployé ses tentacules les 18 ème et 19ème siècles pour coloniser plusieurs pays dont peuples et élites après des résistances variables dans leurs formes et durées n'ont jamais cessé d'aspirer à l'indépendance.
La soumission n'était pourtant qu'apparente car imposée par un rapport de force de loin inégale, matérialisé par une répression sauvage, aveugle et cruelle.
Concernant l'Algérie les premières revendications ont été exprimées légalement et d'une manière plus que modérée. Elle ne visaient qu'a réduire les abus, les injustices et les inégalités flagrantes.
Les élites sincères n'ont cessé de réclamer une représentation plus juste et des droits politiques.
Dans un premier temps l'assimilation dans le respect de l'identité algérienne, revenait comme un credo.
L'Algerie comme d'autres pays colonisés a travers le monde eut sa longue marche faite de sacrifices, de larmes et de sang dés lors que le langage du cœur et de la raison n'y faisait rien.
La torture, la prison, l'exil ou la mort ont été partie intégrante de la vie du Peuple Algérien qui savait que le prix serait lourd. L'ordre colonial était condamné à disparaitre
Il y avait d'abord l'élément démographique que les colons n'appréhendaient pas dans toutes ses dimensions. Leur conservatisme et leur aveuglement les incitaient à voir seulement quel parti ils pouvaient tirer d'une force de travail abondante et a bon marché. Les Algériens vivaient d'autant plus dans un pays vaste et surtout dans les campagnes. Ils étaient minoritaires dans les villes ce qui ne les mettait pas trop en évidence.
Les français accueillaient on ne peut plus favorablement d'autres européens à qui ils accordaient très vite ce qu'ils refusaient aux Algériens. Ainsi ces étrangers rapidement naturalisés français apparaissaient comme un précieux renfort venu les conforter dans leurs certitudes erronées.
Ignorer le nombre, le mépriser de surcroit par la discrimination relevait d'une attitude qui impliqua des conséquences a courte échéance.
Les Algeriens n'entendaient pas rester passifs et inactifs. Individuellement d'abord ils se battaient déjà dans le cadre du système.
Dés la fin de la première guerre mondiale, ils rachetèrent plus de terres aux colons qu'ils n'en n'avaient vendues.
La progression des rachats a été fulgurante entre le début de la guerre mondiale et sa fin.
La terre ayant occupé une place sensible dans la vie des Algériens comme dans celle de tous les hommes, cet élément n'a pas manqué d'inquiéter sérieusement les colons qui voyaient d'un très mauvais œil le rachat de terres diverses dans les montagnes et les plaines.
Les agriculteurs algériens voulaient se lancer dans la compétition de la production en plus de la légitime fierté éprouvée de récupérer la terre des aieux.
Les colons qui exprimèrent leur dépit et leurs inquiétudes au grand jour accusèrent les agriculteurs algériens d'incompétence comme s'il étaient des sous hommes, tout juste capables d'être seulement a leur service pour des salaires dérisoires travaillant du lever au coucher du soleil car tel était le régime agricole idéal a leurs yeux précisément celui qui leur interdisait tout progrès technique et toute évolution en général.
Le progrès de l'agriculteur algérien n'était pas vu en termes d'une éventuelle complémentarité a étudier a mettre au point d'autant plus qu'il avait été sans cesse marginalisé repoussé vers les terres ingrates, incultes et difficiles.
Les colons considéraient cette évolution comme une régression de la colonisation. Voilà donc qui était clair :fermer la porte, verrouiller tout et toujours. Les spoliations ne cessèrent pas pour autant.
La colonisation ciblait après 1920,3 millions d'hectares dans les départements d'Alger, Constantine et Oran et dont le statut juridique (terres, arch ou sabaga) en faisait la propriété collective des tribus et empêchait leur vente.
Les éleveurs comme tous les ruraux étaient exposés aux pires tracasseries dont entre autre l'interdiction de faire pâturer leur bétail dans les herbages des forêts.
L'installation de colons sur des terres proprièté collective des tribus et la vente d'une terre intégrée à un cimetière musulman relevaient d'une dépossession continue et flagrante.
Les statistiques tenues par le gouvernement général suite à une enquête achevée en 1919 montraient la régression des ressources et des revenus des Algériens, en rapport avec la crise et la dépression (surface moyenne de la propriété d'un européen 99,7 ha pour 4,3 ha pour celle d'un Algérien).
Cette situation la pourtant de loin défavorable a plus d'un titre aux algériens n'apparaissait pas aux colons suffisamment sécurisante dés lors que les premiers refusaient de se laisser enfermer dans des ghettos politiques et socio - économiques.
Pour la campagne 1920-1921, les mêmes sources mentionnaient une production à l'hectare de :5,43 Kgs de blé dur pour l'algérien et 26 Kg pour l'européen
72,53 Kgs de blé tendre pour 28,1Kgs et 196 Kgs pour 9,56 Kgs d'orge soit une situation nettement favorable aux colons qui disposaient des plus belles terres, de crédits, d'aides diverses ce qui n'était pas le cas des algériens.
L'économie algérienne considérée comme un embryon de l'économie française en était largement dépendante.
La guerre avait généré des conséquences autrement plus perceptibles en Algérie où les prix avaient augmenté, du fait de la rareté de tous les produits.
Les dirigeants européens et français faisaient supporter une part essentielle des conséquences de la première guerre mondiale à leurs colonies.
L'Algérie avait été aussi défavorisée par 2 très mauvaises récoltes successives en 1919 et 1920.
Les dirigeants avaient permis imprudemment l'exportation de plus de 38 millions de tonnes de céréales, les 3 premiers trimestres de 1920 a un prix bas en raison de la crise dans les céréales et le commerce viticole.
La disette et la famine imposèrent l'importation de blé à un prix de loin plus élevé que celui des 38 millions de tonnes exportés à la légère.
Evidemment les couches les plus défavorisées supportèrent une fois de plus les conséquences des erreurs et furent une proie facile pour les spéculateurs et leurs complices de l'administration.
L'agriculture, activité principale, était le moteur de l'économie en Algérie.
A suivre


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