Aux grands maux, les grands moyens ? L'Algérie est passée à un stade des plus coercitifs pour lutter contre les feux de forêts. Sans avoir besoin de recourir à un renforcement de la législation en vigueur pour mieux lutter contre les feux de forêt et protéger la richesse forestière au vu de la recrudescence ces derniers temps du nombre d'incendies volontaires et criminels, les autorités n'ont eu qu'à activer les mécanismes juridiques et coercitifs prévus par le Code pénal et la Loi sur les forêts pour durcir les peines contre les pyromanes. Les sanctions vont de 10 ans à la peine de mort en cas d'incendie criminel entraînant la mort de personnes. Un ancien-nouvel axe dans la gestion des incendies de forêts, incluant les services de sécurité et la justice de par la qualification de caractère de crime de ces incendies, qui sont à d'origine criminels à plus de 85 %, ce qui nécessite une coordination constante entre les différents secteurs concernés notamment les services de sécurité, la justice et la protection civile ? La législation étant disponible, qu'on devait bien appliquer contre les pyromanes reconnus coupables de tels actes criminels, on n'a fait que l'activer en prévision, peut être, d'une application sans circonstances atténuantes. Que pourrait, alors, apporter cette protection pénale du patrimoine forestier, puisqu'elle existait bien depuis longtemps sans arriver à limiter les dégâts ? Il faut juste reconnaître que cette dimension pénale était un peu isolée dans le cadre global de la stratégie de lutte contre les incendies de forêt. A l'enseigne des tâches opérationnelles, qui se trouvent entre les mains des pompiers et des forestiers, et toute une série d'autres intervenants, dont les municipalités, les Direction des travaux publics et les Direction des services agricoles, qui activent dans leur ensemble dans le cadre du dispositif de lutte contre les feux de forêt, mais avec de vagues responsabilités et une implication disproportionnée des uns et des autres. L'erreur serait de trop focaliser sur la protection pénale du patrimoine forestier et oublier de réactualiser la politique de prévention et de protection contre les incendies de forêt, mise en place progressivement depuis les années 1980, notamment la clarification de la participation des différentes structures de l'Etat dans la lutte contre les feux de forêts et le scellement des obligations de ces organismes étatiques. La coercition est indispensable contre les criminels pyromanes, et d'autres actes également criminels qui visent l'appropriation foncière, enfin toute action criminelle qui viserait la stabilité et l'économie nationale. Mais, il ne faudrait surtout pas reléguer au second plan le rôle administratif, ainsi que le renforcement des moyens de lutte contre les feux de forêt et l'action préventive. La problématique des feux de forêt n'est pas le propre de l'Algérie, des pays mieux nantis vivent des étés très chauds, voire catastrophiques, et ils restent encore impuissants face aux flammes qui dévorent leurs forêts. Les feux de forêt, une fatalité ?