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Les thèses universitaires et leur soutenance : le grand cirque
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 12 - 2021

Chaque étape des études universitaires aboutit à la délivrance d'un diplôme, et chaque diplôme est précédé d'une soutenance d'un mémoire ou d'une thèse.
Ce diplôme, cette certification qu'un certain volume d'enseignement a été suivi et assimilé, est le sésame pour un emploi stable, quoique dans notre pays c'est plus compliqué. Les propos qui suivent qui se limiteront aux thèses de doctorat, ne concernent pas le contenu du doctorat ni son assimilation qu'il implique par les postulants, mais aux conditions d'études et surtout à une étape cruciale dans son obtention, la soutenance de la thèse, et là il y a de quoi noircir bien des pages.
Il n'est pas dans mes intentions de dénigrer la manière dont les soutenances se font en général, mais bien de parler de certains de ses aspects qui sont stigmatisant pour l'Université Algérienne en général et dont il serait bon d'y remédier.
Les thésards de doctorat : orphelins à la naissance
On s'étonne parfois pourquoi des thèses de doctorat prennent sept, huit, voire dix ans et plus. Il y a à cela nombre de raisons. Commençons d'abord par la plus immédiate, et qui est la situation financière et sociale du candidat. En général son travail de recherche commencera tout doucement (Il y a même des encadreurs qui exigent que la première année, le candidat ne fasse rien que défricher le terrain et faire ce qu'on appelle pudiquement de la «recherche bibliographique»), tout cela se faisant souvent de chez lui vu que le laboratoire de recherche auquel il est attaché formellement a rarement des espaces de travail pour les doctorants. De plus, dans un désert scientifique ou souvent aucune vie scientifique n'existe (séminaires de recherche, conférences thématiques, lieux communs de discussion tel une cafétéria de département ...), ces derniers deviennent vite que des visiteurs occasionnels puis des raseurs de mur. Je parle surtout du cas de sciences non expérimentales ou techniques tel qu'en physique (certaine de ses branches), les mathématiques et surtout les sciences sociales et humaines. Les domaines ou un travail de labo ou sur chantier est de mise, la situation peut-être meilleure, ou bien pire lorsqu'un manque de produits essentiels ou d'appareils particuliers peut bloquer des thésards pendant de longues années parfois. Dans un tel environnement, le doctorant peut' être vite pris dans un engrenage où vu l'âge pour certains, la situation familiale pour d'autres, il se doit de trouver un gagne-pain même modeste, voire fonder un foyer, car sa petite bourse de doctorat n'étant vraiment que de l'argent de poche. Or une fois engagé sur cette voie qui demande un engagement substantiel en temps et en énergie, que ce soit avec l'éducation nationale ou dans le privé, il ne peut accorder qu'une attention limitée à son travail de recherche et peut facilement voir les années s'égrener et puis lâcher pied. Certes il est tenu de se réinscrire chaque année avec un bilan annuel du travail exigé, mais souvent par un mélange de complaisance et de lassitude, le directeur de thèse va signer ce renouvellement en augmentant chaque année d'un cran le taux de progression de sa thèse.
Mais voyons plutôt comment se font les choses idéalement pour mieux mettre le doigt sur les disfonctionnements chez nous. Un thésard d'une université de bonne renommée (Europe, Japon, Etats Unis, Afrique du Sud...) reçoit une bourse relativement conséquente (1000 euros et plus par mois) qui le libère de la nécessité de travailler. Il a cependant l'obligation d'être à son laboratoire de manière régulière y bénéficiant bien sûr d'un bureau avec un micro et une bonne connexion, des fournitures de bureau à la demande, tirage illimitée, bibliothèque avec abonnements à jour et des vrais bibliothécaires qui vous procurent des documents là ils sont dans le Monde... Il peut aussi bénéficier d'autres sources de revenus telles celles découlant d'une charge de Teaching Assistant (TA), ou être impliqué à travers son encadreur dans de généreux projets de recherche rémunérateurs. Mais ceci n'est que l'hors d'œuvre. Car le véritable avantage est bien dans la vie scientifique vibrante qui règne en son lieu de travail qui fait que, hors de son laboratoire, point de salut. Il y trouvera une galaxie de chercheurs qui cherchent, mais aussi communiquent, échangent, coopèrent et en fait qui sont à la chasse de collaborateurs avec des idées nouvelles. S'y déroule aussi des séminaires spécialisés hebdomadaires, ateliers, conférences et autres.
Dans un tel environnement nutritif et inspirant, le doctorant croît et peut se donner à fond. S'il est en butte à des difficultés ou s'il lâche pied, il trouvera toujours une personne pour le rattraper et le remettre sur les rails de ses recherches. En contrepartie, il se doit de compléter sa thèse dans les temps impartis car la bourse dont il bénéficie est limitée dans le temps (quatre ou cinq ans)... ce qui est tout à son avantage.
En contraste, chez nous hélas, notre doctorant naît souvent orphelin, et il ne bénéficiera d'aucun soutien si ce n'est celui de son encadreur... Ce dernier dans bien des cas lui aura refilé une extension de sa propre thèse de doctorat si s'en n'est pas un appendice. Dans d'autres cas, il reconnaitra benoitement qu'il n'est pas spécialiste du sujet proposé mais lui promet toutefois de l'accompagner. Mais dans ce dernier cas, même si de bonne foi, l'encadreur pris dans le maelstrom de la vie quotidienne et lui-même victime d'une vie scientifique très limitée, il ne le fera pas de manière satisfaisante. Pourrait-il consulter d'autres «enseignants-chercheurs» pour éventuellement se bootstrapper, ils sont souvent aux abonnés absents, venant à l'Université pour dispenser leurs cours et pour quelques autres tâches pédagogiques, et ne visitant rarement leur bureau s'ils en ont un.
Cela nous mène à la seconde raison majeure du retard pris dans la complétion de thèses, notamment la nonchalance de certains encadreurs eux-mêmes en état de disette scientifique et qui de ce fait ne pourront suivre le candidat de manière adéquate. Concomitant à cela, le manque d'intégration des sujets dans un plan national ou sectoriel de recherche qui fournirait un vivier en ressources humaines et permettrait au thésard de se ressourcer auprès de collègues. Tout cela concourra à laisser le thésard barboter tout seul, livré à lui-même pendant de nombreuses années parfois.
La planche de salut est souvent un co-encadrement ou parfois même une cotutelle à l'étranger lorsqu'il bénéficiera d'une bourse de doctorat de courte durée. Ce stage, comme il est appelé administrativement chez nous, ou il pourra séjourner pour quelques mois dans une bonne structure de recherche qui si, bien utilisé, lui donnera littéralement des ailes. Cela lui permettra en effet de se ressourcer, d'abord en appréhendant le sujet dans son intimité, puis en utilisant les moyens mis à sa disposition, enfin en recevant toute l'aide scientifique requise. De retour au pays, il pourra exploiter la percée réalisée pour compléter ses recherches, publier ses résultats et rédiger sa thèse.
Quand l‘encadreur devient un «bourreau»
Il est des cas manifestes d'abus d'autorité, bien connus au sein de la communauté universitaire, même si elles ne transpirent que rarement extra muros, qui méritent de s'y arrêter un moment pour poser le problème dans son fond. Le spectre est large et prend des formes diverses. Contentons-nous de citer ce cas que j'ai connu personnellement, qui pourrait parait anecdotique mais qui l'est moins pour la victime assez multivalente et brillant bricoleur, ou l'encadreur va demander des «services» sur un ton paternaliste mais péremptoire à son étudiant tels que lui réparer sa voiture en panne, et même de lui égorger le mouton de l'Aïd. Quand le genre entre en jeu, les choses peuvent prendre une tournure plus dramatique.
C'est vrai que l'on peut relever des cas similaires dans toutes les Universités au Monde, mais il y a en général des mécanismes de contrôle et de sanctions qui sont mis en place et jouent un rôle dissuasif. Le premier étant que ces cas sont rendus publics, ce qui est une des conditions nécessaires pour y remédier. Dans nos pays, au nom d'une pudibonderie mal placée et au nom d'une préservation de l'image de l'institution concernée, tous les cas de la sorte sont étouffés.
Si l'encadreur ne peut exiger qu'il soit le premier auteur de l'article de recherche à la base de la thèse auquel cas la thèse deviendra insoutenable pour l'étudiant, il prend parfois la liberté d'ajouter d'autres collègues ou certains de ses doctorants qui trainent pour booster leur dossiers. Il y a d'autres cas hélas plus graves ou l'encadreur va carrément s'approprier le travail de son étudiant et le publier sous une forme «aménagée» et un titre «scramblé» dans un autre journal scientifique.
Une chose qui chez nous lui permet à ces situations de se produire c'est le manque de structures scientifiques d'encadrement adéquates au sein de nos départements et Labos, qui fait que la relation étudiant-encadreur est biunivoque, et donc il n'y pas d'autres partenaires pour l'élargir tels que équipe de recherche, conseil de laboratoire, comité d'éthique, conseil de prud'hommes, qui permettrait à l'étudiant de s'échapper de l'emprise totale de son encadreur si elle virait vers l'anormale. Cette carence va fermer le jeu et laissera ainsi l'étudiant totalement dépendant de son encadreur pour le meilleur et pour le pire.
Confronté à de tels cas, le responsable de la formation n'est pas prêt à entamer une procédure à même de briser l' «entente cordiale» durement acquis au fil des ans avec ses collègues, et qui sera de plus souvent perçu comme procédant d'une affaire personnelle. Aussi, après une rapide évaluation des «pertes et profits», il se résoudra à ne rien faire, laissant l'étudiant comme éternel perdant. D'où la nécessite de mettre en place une instance de recours autonome au travail balisé par des textes pour ne pas laisser au seul chef de département ou responsable de formation la lourde responsabilité d'une confrontation qui pourrait en résulter.
La pusillanimité des Conseils Scientifiques et autres structures de supervision
Dans la plupart des cas avérés d'abus de position, même si portés à l'attention des responsables des structures administratives ou scientifiques, il y est rarement remédié dû à une solidarité de fait ou «Omerta» qui ne dit pas son nom. Après tout, l'étudiant concerné va disparaitre de l'horizon universitaire immédiat après son diplôme tandis que ses collègues bourreaux potentiels, auxquels ils sont souvent liés pédagogiquement et scientifiquement, seront là durant toute leur carrière commune qui se compte en décennies. Il est en effet peu judicieux pour beaucoup d'entre eux de se faire des ennemis internes, même si en aparté ils fulmineront contre ledit collègue et reconnaitront le caractère abusif et non éthique de son comportement.
Parfois cela peut prendre une tournure plus dramatique lorsqu'une rupture se produit entre le doctorant et l'encadreur avec ce dernier le bloquant administrativement tout en refusant de se désister de l'encadrement, ou bien exigeant en cas de désistement que l'étudiant change complètement de sujet car le sujet lui «appartiendrait».
Ce chantage au sujet oblige certains doctorants dans ce cas, parfois dans une phase avancée de leur thèse, à aller chercher un autre encadreur et de repartir à zéro, ou d'abandonner. D'ailleurs en fait, jamais un enseignant n'a été sanctionné pour ces sortes de comportements abusifs, ce qui conforte une certaine culture de l'impunité.
La soutenance, une pièce de théâtre parfois bien mal huilée
La soutenance proprement dite est la consécration de ces années de labeur, mais il y a aussi derrière elle bien des facettes cachées. Il y a d'abord les affres de la constitution d'un jury de thèse qui se fait au bon gré de l'encadreur et aussi des comités scientifiques, suivit d'une phase de rassemblement des rapports de thèse qui peut durer plusieurs mois lorsque certains membres du jury doivent se faire tirer l'oreille pour daigner l'envoyer. Mais passons à la soutenance proprement dite : l'assistance n'y voit souvent qu'un ballet bien rythmé ou leur champion, progéniture, frère ou ami, performe un numéro de haute voltige, maniant équations, diagrammes et explications savantes. Il y a aussi des moments de tension ou la soutenance se meut parfois en un interrogatoire serré ou on guette le moindre signe de relâchement du candidat face aux coups de butoir de certains membres du jury. Mais ne nous trompons pas, il y a assez souvent derrière cette candeur de façade, beaucoup d'hypocrisie, de malveillance et de comportements hors des canons de l'éthique scientifique. Ainsi il y a ces cas trop nombreux ou des membres de jury qui n'ont quasiment pas lu la thèse ou qui n'ont pas compris grand-chose, vont se cantonner à faire des remarques de style, de virgules mal placées ou de références pas écrites à leurs normes, mais qui n'ont strictement rien à dire quant à son contenu. Puis il y a cette sempiternelle excuse pour ne pas poser de questions de fond, comble de l'inanité, que l'on entend tellement souvent que je me permets de la mentionner : «... les collègues qui m'ont précédés ont posé les questions que je voulais poser...». Enfin, il y a le cas où un membre du jury va s'appesantir sur un point de détail de l'introduction pour tenter de coincer le candidat, puis se retrouver dissertant lui-même sur la réponse à sa propre question comme pour prouver l'étendue de sa «science», alors que la pertinence avec le sujet de la thèse est proche de zéro.
En tout cas, ces membres non-spécialistes devraient avoir la décence d'être moins diserts et plus modestes. Il est des cas où les questions sidérantes ou des répliques manifestement fausses adressées au candidat par un de ces membres de «substitution» font réaliser à beaucoup qu'il n'a rien compris à la thèse mais qu'aucun des autres membres du jury n'oseront l'engager dessus. Parfois c'est le candidat lui-même qui dans sa réponse va lui ménager une porte de sortie honorable, non pas par mansuétude mais par calcul, alors que tout le monde sait que ledit membre s'est fourvoyé. Reconnaissons toutefois que dans le contexte de l'Université Algérienne, il est difficile d'avoir un jury entièrement composé de vrais spécialistes sur nombre de sujets de thèse.
Pourtant à l'heure d'Internet, il serait loisible de coopter des membres d'universités éloignées et les intégrer dans le jury pour une soutenance en mode hybride. Il est vrai qu'une soutenance de thèse n'est pas un séminaire scientifique, mais laisser des affirmations fausses martelées parfois avec force dominer le débat sans être corrigés est une indignité scientifique qui n'honore pas le jury. A l'heure de YouTube ou tout est filmé, certaines vidéos de soutenance feraient rougir bien des jurys s'ils y étaient postés. D'ailleurs il n'est pas exclus qu'un jour ils apparaitront dans le domaine public avec un effet boomerang pour certaines thèses (Et certains jurys !).
C'est le cas actuellement pour des thèses écrites, partiellement plagiarisées qui ressortent vingt, voire trente ans ou plus après leur soutenance et qui font tomber des puissants en Europe, ministres voire même un président. En conclusion, ces soutenances affligeantes hors normes mais qui heureusement ne sont pas la majorité des cas, avec cette épée de Damoclès éternellement suspendue dessus eux, c'est bien aujourd'hui qu'il faut songer à se prémunir de ses conséquences futures.
Au final, toutes les thèses arrivées au stade de la soutenance seront acceptées sauf cas dramatique tel que celui d'un plagiat avéré. C'est bien d'ailleurs là l'aspect théâtral de la soutenance, et qui dans certains cas se métamorphosent en cirque. Ainsi, certains candidats se font tailler en pièces avec parfois les fondements mêmes de leurs travail réfutés dans le fond et dans la forme, au point ou l'audience (Du moins les plus naïfs d'entre eux) s'attend à un rejet de la thèse par le jury, sauf que, incrédules, ils entendront le président du jury proclamer son acceptation et parfois avec mention très honorable. Mais alors, ou bien la réfutation était valide, auquel cas la proclamation du jury fait problème, ou bien celui ou ceux qui avaient mené la charge avaient tort, auquel cas les autres membres du jury auraient dû réagir lors de la soutenance au nom d'une certaine conception de la vérité et de l'éthique scientifiques.
Il y a une phase post-soutenance ou le calvaire pour certains candidats continue. Ainsi certains membres du jury vont continuer à fléchir leurs muscles et exiger du candidat une correction minutieuse d'erreurs avérées ou imaginaires pour satisfaire leur égo. Sans leur accord, le certificat de soutenance ne sera pas délivré et cela pourra durer dans certains cas de longues semaines et plus.
En analysant avec force détails, et narrant des cas qui paraissent parfois croustillants mais qui sont tiré du réel vécu, il est loin de mon intention d'accabler la communauté universitaire Algérienne dont je fais partie, mais bien de faire toute la lumière sur des comportements problématiques qui heureusement ne sont pas majoritaires, mais suffisamment sérieux pour qu'on se doit d'agir fermement en vue d'y remédier. Il a un autre côté obscur que j'ai choisi de ne pas traiter ici, celui des thésards mêmes.
Ainsi, il y a des cas ou l'enseignant guide l'étudiant pas à pas et lui mâche le travail tant certains d'entre eux sont démunis de capacités propres et manquent cruellement d'autonomie et d'esprit d'initiative. Nous avons connu un cas ou l'encadreur, au vu de notre étonnement le jour de la soutenance de voir une thèse rédigée dans une langue parfaite et un cheminement scientifique exemplaire, candidement reconnaitra que la langue du candidat était tellement nulle et ses explications chancelantes que la correction de son travail aurait été une torture pour lui, aussi a-t-il jugé qu'il serait plus facile de la reprendre à zéro. Mentionnons sans s'étaler des cas de plagiat partiels dans leurs thèses souvent rédigés en français ou en arabe pour camoufler leur manque de maitrise linguistique et aussi éviter de se faire prendre par les logiciel anti-plagiat. Les cas de manquement de respect envers les encadreurs sont aussi légion, la plus bénigne mais non moins inacceptable étant l'apparition annuelle du candidat chez son encadreur pour coïncider avec la période de renouvellement d'inscription en thèse au début octobre.
Résumons le parcours du combattant du doctorant. Cela commence par une bourse non accompagnée de manière adéquate financièrement et qui se déroule sans échéancier strict, avec toutes ses implications socio-économiques.
Puis l'état d'impréparation de certains encadreurs qui ont souvent décroché scientifiquement. Des sujets exotiques sans relation avec un plan national de la recherche et qui expose le thésard à un manque de disponibilité de spécialistes à consulter. Parfois une relation biunivoque exclusive avec son encadreur qui peut devenir toxique. Tout cela se déroulant dans une atmosphère de non-droit et d'absence de structures de recours. Le tout couronné par une soutenance surréelle qui ressemble souvent à un jeu de rôles.
Un dernier mot. L'Université Algérienne est fragile et se cherche toujours, en butte à des réformes structurelles mal accompagnées qui ont jalonnés les cinquante ans de son parcours. Il est facile de lui jeter l'anathème et blâmer maints manquements et certains disfonctionnements systémiques comme certains ne s'en prive pas de le faire, adoptant un ton inquisiteur et se positionnant dans une optique idéale en la comparant avec les Universités Européennes ou mêmes du Golf. Mais son cahier de charge et ses missions sont différentes; les contraintes tant politiques, que démographiques, financières et organisationnelles sont parfois étouffantes, même si nombre de ses défauts sont souvent le résultat de ses propres déficiences et en particulier de sa mauvaise gouvernance. Le véritable défi est de reconnaitre les défauts et manquements auxquels nous pouvons y remédier et s'y attaquer. Ceux qui nous dépassent parce que procédant de l'ordre du politique ou demandant une action de syndicats d'enseignants représentatifs que malheureusement nous n'avons pas, cela ne devrait pas nous paralyser au point de ne rien faire du tout.
Il faut aussi traiter nos institutions universitaires avec bienveillance et magnanimité, comme le fait la mère avec bonté pour ses enfants turbulents et extravagants. Après tout, c'est pour nous enseignants chercheurs notre bien commun auquel nous avons consacré notre vie professionnelle et parfois bien plus; ses enseignants sont nos collègues et ses étudiants sont nos enfants. Il n'y a pas d'alternative à sa réforme et sa continuelle remise en cause avec abnégation et ténacité, dans un esprit constructif et sans rage destructrice. C'est dans cet esprit que les défaillances criardes des études doctorales et ses soutenances déficientes ont été abordées dans cet article.
*Département de Physique, Univ. Constantine1. President, African Astronomical Society (AfAS)


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