La décision du dernier Sommet de l'Union Africaine (UA) de suspendre le statut d'«observateur» à l'entité sioniste était «prévisible», car la décision prise, précédemment par le SG de l'UA, d'accorder ce statut, a été prise «sans consultation des membres de l'Union», surtout qu'il s'agit d'une « mesure aussi importante», a déclaré hier, l'ancien diplomate et ex-ministre, Abdelaziz Rahabi, lors d'une émission de la Chaine 3 de la radio Algérienne. L'autre raison derrière cette décision de suspension du statut d'«observateur» à l'entité sioniste, est que la naissance de l'Union Africaine est « le produit d'un processus historique porté par des questions d'émancipation des peuples, de lutte contre l'Apartheid et pour les indépendances. C'est cela l'âme de l'UA». «Les organisations internationales ont une identité. L'ONU, dans sa configuration actuelle, est une représentation des rapports de forces après la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui explique qu'il n'y a pas l'Allemagne au sein du Conseil de sécurité. La Ligue Arabe, née en 1946, dans des conditions particulières, et si son siège est au Caire, c'est parce que ça a représenté la réalité Arabe à un moment déterminé. Et l'identité de l'Union Africaine c'est la lutte pour l'émancipation des peuples. Elle a fait de la lutte pour les indépendances son crédo essentiel. Or Israël vient d'être condamné, par une organisation aussi importante qu'est Amnesty International, pour sa politique d'apartheid dans les territoires palestiniens occupés », a ajouté l'intervenant. Cependant, Rahabi rappelle que l'intrusion de l'entité sioniste en Afrique «n'est pas nouvelle». «Il y a plus de 45 pays en Afrique qui entretiennent des relations, à différents niveaux, avec Israël qui est un outil de la pénétration américaine en Afrique, et participe à une politique de « containment» de la Chine et de la Russie. Il reste que la vocation de l'Union Africaine est de soutenir l'émancipation des peuples. Selon l'ancien diplomate, la décision qui a été prise par le Sommet de l'UA, sur une recommandation du comité composé de sept Chefs d'Etat, dont l'Algérie, répond à «trois objectifs». «Le premier c'est d'éviter qu'il y ait un vote aussi de l'UA sur cette question. Ce qui veut dire une rupture de consensus. Le deuxième permet de clarifier les attributions du président de la Commission qui n'a pas le droit de prendre des mesures aussi importantes sans consulter les Etats membres», ajoute M. Rahabi. Quand au troisième objectif cité par l'intervenant, c'est « faire revenir l'Organisation africaine à sa vocation première qui est le parachèvement de la décolonisation et la lutte pour les indépendances». « C'est, d'ailleurs, un aspect extrêmement important qui répond à l'esprit des pères fondateurs de l'Organisation africaine, comme Nkrumah, Senghor, Nasser», a-t-il ajouté, rappelant que «le combat de l'Algérie pour son indépendance a été soutenu par l'Organisation africaine. La lutte contre l'Apartheid, et aujourd'hui la lutte contre le terrorisme qui représente une menace sérieuse pour l'Afrique», affirme encore l'intervenant. Interrogé sur les éventuelles conséquences de l'alliance entre le Maroc et l'entité sioniste, Abdelaziz Rahabi estime que «ce type d'alliance ne peut pas représenter un danger pour l'Algérie». «Je pense que l'Algérie doit être forte de ses positions, forte de l'adhésion de son peuple à sa politique étrangère et à sa politique de défense nationale. Je n'ai pas le sentiment que nous faisons une fixation sur cette question», a-t-il ajouté. Pour Rahabi, «la question qui se pose aujourd'hui est qu'il ne faut pas dévier l'UA de ses missions». «La seule façon de régler le conflit israélo-palestinien est d'adopter la solution proposée par l'initiative arabe de paix en 2002. La question palestinienne est au centre de tous les problèmes en ce moment, entre l'Occident et l'Afrique, le monde musulman et le monde non musulman, le monde arabe et le reste du monde». Au sujet de la colonisation du Sahara occidental, l'invité de la Chaine 3 a appelé l'Union africaine à «reprendre le rôle qu'elle avait joué dans les années 70, dans le dossier sahraoui qui concerne tous les pays africains». Il affirme, à ce propos, que l'Algérie doit être fière de son soutien à la lutte du peuple sahraoui. «Il faut le dire clairement, nous soutenons un pays qui milite pour son indépendance et nous l'avons toujours fait puisque ça fait partie de l'identité de l'Algérie ».