En accueillant en son sein Israël, l'Union africaine aurait trahi la mémoire de Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Abane Ramdane, Thomas Sankara...de tous les révolutionnaires qui, en plus d'avoir combattu pour libérer leurs pays, ont rêvé d'une Afrique émancipée, libérée de ses complexes vis-à-vis de ses ex- colonisateurs. Pour traiter tout simplement d'égal à égal avec eux. En suspendant Israël du statut d'observateur en son sein, l'Union africaine a donc corrigé une erreur qui l'aurait éloignée de ses fondements et à se renier. «Toutes les organisations internationales ont une identité. L'identité de l'Union africaine, c'est l'émancipation des peuples et la lutte pour les indépendances. Or, Israël vient d'être condamné pour sa politique d'apartheid dans les territoires palestiniens occupés», a déclaré, hier, l'ancien ministre de la Culture et de la Communication Abdelaziz Rahabi, lors de son passage dans l'émission L'Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio nationale. La décision prise lors du 35ème Sommet de l'UA, qui s'est tenu à Addis-Abeba, fait écho à trois objectifs explique l'ancien diplomate. Quels sont-ils? «Elle consiste à clarifier les attributions du président de la Commission de l'UA, à éviter un vote au sein de l'Union africaine qui pourrait signifier une rupture du consensus et enfin, à faire revenir l'organisation à sa vocation première, à savoir le parachèvement des indépendances», souligne l'ancien ambassadeur d'Algérie en Espagne. La colonisation du Sahara occidental par le Maroc constitue un exemple édifiant à ce propos. L'invité de la Chaine 3 a exhorté l'Union africaine à «reprendre le rôle qu'elle avait joué dans les années 70 dans le dossier sahraoui qui concerne tous les pays africains». «C'est le dernier avant-poste de l'occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé dans l'accomplissement de la vision des pères fondateurs, à lutter pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine», avait déclaré en mai 2015 Robert Mugabe, ex-président du Zimbabwe décédé en 2019, président en exercice de l'Union africaine à l'époque, lors de la cérémonie de célébration des 52 ans de la fondation de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). S'il reste un objectif à atteindre pour l'Union africaine, c'est bien la décolonisation du Sahara occidental. «Il reste une tâche à accomplir, parce que la mission émancipatrice de l'OUA (rebaptisée UA, Ndlr) a été accomplie à l'exception de la région du Sahara occidental», avait souligné pour sa part l'ex-présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. L'ancien ministre de la Culture et de la Communication dira à ce sujet que l'Algérie doit être fière de son soutien à la lutte du peuple sahraoui. «Il faut le dire clairement. Nous soutenons un pays qui milite pour son indépendance et nous l'avons toujours fait puisque ça fait partie de l'identité de l'Algérie», a souligné Abdelaziz Rahabi. Quant aux ruades marocaines et à son acoquinement avec l'entité sioniste il affirmera que cette alliance ne représente pas une menace pour l'Algérie, «forte de ses positions et de l'adhésion de son peuple à sa politique étrangère et sa politique de défense nationale». Des mises au point précieuses pour une «dérive» évitée de l'UA...