L'exportation de clinker est sérieusement menacée par la grève de transporteurs initiée au début du mois de février pour revendiquer une augmentation des prix de transport dans le sillage de la décision de la loi relative à la surcharge des camions. Depuis le début du mois de février et suite à la décision des autorités de l'application stricte de la loi relative à la surcharge des camions, des mouvements de protestation et de blocage des routes se sont rapidement mis en place sur l'ensemble des trajets menant aux ports, spécialement à l'est du pays, afin de réclamer une augmentation des prix de transport. Ce qui n'arrange guère les affaires des sociétés exportatrices de clinker, qui ont lancé dans ce sens un véritable cri de détresse aux pouvoirs publics pour trouver une solution à ce problème qui perdure, et qui hypothèque l'avenir de leur business. A travers un communiqué parvenu à notre rédaction, hier, les Groupes GICA (représenté par SO.DIS.MA.C), Lafarge Algérie, AMOUDA et BISKRIA dénoncent la persistance du blocage des routes par les transporteurs protestataires, et ce, malgré la réponse favorable qu'ils ont donnée à leur revendication suite aux différentes réunions tenues avec les représentants des transporteurs, qui se sont soldées par une acceptation et une satisfaction totale de leur part. « Après négociations avec les transporteurs de clinker destiné à l'exportation, et compte tenu de la baisse de charge parfois inférieure à la carte grise du véhicule, les groupes exportateurs de clinker ont consenti à augmenter le prix du transport pour compenser proportionnellement la baisse de charge », souligne le communiqué. Mais cela n'a pas pour autant réglé le problème, selon la même source, car une partie des transporteurs grévistes a maintenu la pression sur la route, « continuant à bloquer la voie », et usant de « menaces, d'intimidation et de violence à l'égard des chauffeurs qui souhaitent reprendre leur activité ». Ainsi, se désole-t-on, « les efforts mis en place par nos entreprises sont restés malheureusement vains ». Dans cette situation, les groupes tiennent à partager leur « incompréhension et indignation par rapport à cette situation qui perdure depuis presque une semaine, mais surtout notre crainte et peur pour l'avenir des exportations de notre pays, du fait que nos clients à l'étranger, très mécontents de cette situation, se redirigent rapidement vers d'autres producteurs voisins concurrents qui seront ravis de les récupérer et les servir avec un bien meilleur service ». Les quatre groupes exportateurs de clinker, signataires du communiqué, se déclarent « convaincus par les efforts de l'Etat algérien pour la diversification des exportations hors hydrocarbures », et qu'ils ont, pour leur part, « mis en place tous les moyens humains et financiers pour développer nos exportations et faire connaître le produit algérien sur le marché international », mais ils vivent ces jours-ci des situations très difficiles, pleins d'angoisses et d'inquiétudes quant à l'avenir de leur activité. Tout en rappelant que « les exportations de clinker depuis l'Algérie ont connu une évolution importante durant les trois dernières années pour passer de 1,6 million de tonnes en 2019 à 6,2 millions de tonnes en 2021, ceci avec l'aide de l'ensemble des parties prenantes dont les autorités portuaires, les directions du commerce et les transporteurs ». Appel à réunir tous les moyens et équipements pour faciliter l'exportation De son côté, le ministre des Transports, Aïssa Bekkaï, a appelé, lundi dernier, les responsables des entreprises et sociétés de transport ainsi que les entreprises portuaires à assurer les moyens et les équipements nécessaires pour faciliter l'exportation, et à œuvrer en coordination avec les producteurs de ciment et de clinker, à l'élaboration d'une feuille de route commune en vue de développer cette activité, a indiqué un communiqué du ministère. Lors d'une rencontre, avant-hier, qui a porté sur le rôle des transports dans la facilitation de l'opération d'exportation du ciment et du mâchefer au niveau des ports nationaux, à laquelle ont pris part des cadres du ministère, des PDG de groupes de transport, des directeurs d'entreprises de transport logistiques avec des représentants de producteurs de ciment à travers le pays (Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA), le Groupe Lafarge Algérie, Biskria Ciment ainsi que la société Cilas), le ministre a mis en exergue le rôle efficient du secteur des transports dans la réussite de l'opération d'exportation, toutes étapes confondues, précise le communiqué. Les producteurs de ciment et de clinker ont, pour leur part, mis en avant les capacités nationales de production de ces deux matériaux et les perspectives de leur développement à la faveur de la demande mondiale croissante, soulevant les difficultés qui se posent à eux en matière d'exportation (transport, déchargement et expédition). Le marché national enregistre un excédent de production de ces deux matériaux, lequel excédent est exporté vers le marché extérieur. Notons qu'en 2021, 6,4 millions de tonnes de ciment et de clinker ont été transportées et exportées à travers les ports nationaux. Les opérateurs économiques ambitionnent d'exporter 10 millions de tonnes en 2022. Afin d'atteindre cet objectif, le ministre a appelé les responsables des entreprises de transport et des établissements portuaires à réunir tous les moyens et équipements nécessaires pour faciliter l'exportation et à travailler en coordination avec les producteurs de ciment et de clinker pour élaborer une feuille de route commune comprenant toutes les propositions et solutions possibles pour développer et pérenniser l'exportation et accroître la part de l'Algérie sur le marché régional et international.