Alors que l'opération de fermeture des accès aux plages se poursuit toujours, le mouvement associatif et la société civile se mobilisent pour inciter les responsables locaux à procéder au démantèlement de ces murs de «la honte ». Dans l'après-midi du lundi les représentants de plusieurs associations se sont rassemblés sur la grande place de la plage de Trouville au moment même où des agents s'afféraient à installer une partie du mur. Selon les représentants de ces associations, l'information ayant circulé sur le démantèlement de ces murs est fausse. Nos interlocuteurs indiquent qu'un rassemblement des associations et des habitants est prévu pour ce samedi. «En parallèle une correspondance signée par les associations et les habitants sera adressée au président de la République », assure un responsable d'une association versée dans l'environnement. Depuis presque une semaine, les accès de presque toutes les plages de la corniche oranaise situées dans le tissu urbain ont été bétonnés ce qui suscite une levée de boucliers des riverains et des Oranais qui s'interrogent sur les raisons de cette mesure « incompréhensible » et qui est surtout préjudiciable pour l'image d'une ville qui s'apprête, dans quelques mois, à accueillir les Jeux méditerranéens 2022. Comment peut-on justifier le bétonnage des accès aux derniers lieux de plaisance pour la population ? Les voies de l'Etat demeurent impénétrables pour le commun des mortels. Cette opération d'emmurement des entrées des plages, menée dans l'opacité totale sans prévenir l'opinion publique et sans consultation des élus locaux, a été visiblement décidée en haut lieu et même le chef de l'exécutif local, contacté par des députés de la wilaya, n'a pas daigné donner des explications précises sur cette affaire. « Le wali que nous avons sollicité pour avoir des éclaircissements sur le sujet s'est contenté seulement d'invoquer des raisons sécuritaires », confie le député Kada Nedjadi. Il ajoute que le chef de l'exécutif local a essayé de relativiser l'impact de l'emmurement des accès aux plages en soutenant qu'il s'agit tout simplement d'une mesure « provisoire » pour répondre à une « urgence sécuritaire ». Aucun responsable n'a pour l'instant expliqué les raisons réelles de cette opération largement contestée par la population locale, mais selon des sources bien informées le bétonnage des voies menant aux plages est devenu « nécessaire » pour empêcher la mise à l'eau des embarcations légères des harragas. Les plages de la corniche oranaise sont le lieu de prédilection des passeurs car elles se trouvent en milieu du tissu urbain et de ce fait il est plus aisé de cacher les embarcations dans un garage pour fuir les contrôles routiers. Le nombre des tentatives d'émigration clandestine au départ de ces plages urbaines a carrément explosé ces derniers mois, selon les témoignages recueillis auprès des habitants de la localité d'Aïn El Turck. Les garde-côtes semblent submergés par ces tentatives d'émigration en masse qui engendrent des coûts et des charges non négligeables que ces services ne peuvent entièrement assumer. Face à cette progression des départs par embarcations légères vers les côtes espagnoles, nos décideurs ont eu cette « ingénieuse » idée: emmurer les accès aux plages pour bloquer en amont les tentatives d'émigration clandestine ! Ce bétonnage des voies menant aux plages pourrait-il dissuader des jeunes apparemment déterminés à fuir le pays vers des cieux plus « cléments » ? Les motifs évoqués pour justifier cette aberration sont peu convaincants et il semble inconcevable de croire que quelques murs en béton pourraient contenir des centaines de jeunes décidés à braver les dangers de la haute mer avec des embarcations légères. Dans le meilleur des scénarios, ces murs pourraient seulement ralentir de quelques dizaines de minutes la mise à l'eau des embarcations. Cette stratégie de retardement prônée par les pouvoirs publics comme solution miracle au fléau de l'émigration clandestine peut-elle justifier la privation de toute la population oranaise ainsi que les visiteurs de la wilaya des plages ? Bien au contraire, cet emmurement des accès aux plages aura un effet inverse en persuadant les jeunes encore récalcitrants de quitter un pays renfermé sur lui-même et où les derniers lieux de plaisance sont barricadés avec du béton. Un rassemblement de protestation a eu lieu jeudi dernier à Aïn El Turck où des dizaines de citoyens ont dénoncé les « murs de la honte » et la « dégradation du littoral oranais par le béton », rappelle-t-on. Les contestataires avaient exigé l'ouverture d'une enquête urgente pour mettre la lumière sur cette affaire. « Nous voulons des explications de la part du premier responsable de la wilaya », ont affirmé les protestataires. Des appels circulent sur les réseaux sociaux pour lancer une pétition en ligne contre l'emmurement des accès aux plages de la corniche oranaise. La population qui rejette tout simplement toute fermeture des voies menant aux plages estime que d'autres solutions plus adéquates pouvaient être prises par les autorités locales pour contrôler les plages et notamment l'installation de caméras de surveillance et le renforcement des contrôles routiers et des patrouilles de jour comme de nuit.