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Et maintenant ? Un pays en quête de renouveau, de stabilité et de sérénité
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 06 - 2022

Les très controversées élections législatives sont bel et bien terminées malgré les sévères turbulences perçues ici et là. Faut-il pousser d'immenses soupirs ?
Quelle leçon tirer de cette année d'incertitudes et de peur qui vient de s'écouler ?
Que dire enfin des chiffres (1) et les milliers de dépêches mises en ligne qui suscitent des controverses sans fin ? Le moment est peut-être venu d'établir un premier bilan.
Retour aux réalités. Les fabricants de haine sont aux portes du pouvoir et le Rassemblement national s'est hissé en tête des opposants au président. Le moment est venu d'aborder des sujets scabreux qui concernent les Français, au risque de nager dans le glauque et l'à peu prés, en attendant des événements décisifs qui feront sortir le pays de l'impasse. Dans le concert des critiques provoquées par le séisme, à chacun de gloser sur les embarras de fins de quinquennat et sur la déroute de la macronie qui n'est pas arrivée à obtenir la majorité absolue. Première urgence : comptabiliser les erreurs, les divisions et les contradictions afin de sortir de l'ornière et de préparer l'avenir. Cela dit comment, dans quelles conditions et à quel prix ? Réformer est-il encore possible ? Quelle gouvernance est en mesure d'ouvrir la voie à l'avenir ? Le Président est-il en mesure de gouverner dans les conditions qui s'imposent à lui ? Et enfin, question essentielle qui mérite un large débat et à laquelle nous consacrons aujourd'hui notre réflexion : quel a été globalement le rôle des médias durant ces dernières élections ?
Durant les dernières élections françaises, rares étaient ceux qui n'avaient pas, obsessionnellement et en permanence, les yeux rivés sur les multiples écrans. La cause est entendue : nous vivons dans une société d'images. Mais sommes-nous en mesure de maîtriser tous les paramètres de cette ionosphère en période fiévreuse ? Pas facile donc pour tout un chacun d'analyser ce qui vient de se passer à travers les médias. Décrypter les articulations entre les discours des différents protagonistes, analyser les contextes et les acteurs sociaux intervenants, tout en portant une attention particulière sur les structures matérielles et leur institutionnalisation, ou encore sur sa dimension sémantique et les types d'arguments qui contribuent à en assurer la reproduction, les recompositions ou les déplacements, n'est guère une sinécure. Fixes ou animées, chimiques ou numériques, réelles ou virtuelles, les multiples images qui émergeaient de toutes parts s'imposaient à nous, nous interpellaient, nous provoquaient même parfois. Par ailleurs, support de messages implicites et/ou explicites, la télévision ne laisse guère indifférent. Sa toute puissance et son impact indéniable sur l'opinion publique et sur les comportements individuels ou collectifs témoignent de son influence néfaste ou salutaire. Ses détracteurs l'accusent du délit d'avilissement de la pensée, de complaisance à l'égard des pouvoirs en place, et mettent en exergue la rétention d'informations, la manipulation de l'opinion publique par la désinformation et les couvertures médiatiques disproportionnées, surtout en période d'élection et c'est le cas.
Ses défenseurs soulignent, au contraire, son efficacité dans de multiples domaines et plus particulièrement les possibilités qu'elle offre dans l'accès à l'information, à la sensibilisation, à la distraction et à l'éveil d'une conscience critique. Le problème auquel nous sommes confrontés est celui des temporalités hétérogènes : le temps des acteurs n'est pas celui des institutions qui est encore différent du temps des discours et des régimes d'argumentation et de justification. Malheureusement la mise en spectacle exacerbée de l'actualité, la réverbération iconique et sonore des actes de violence, la désinformation et les effets pervers de la médiation ont fini par banaliser les événements de la vie.
Les médias ont-ils fait l'élection ?
Les chaines de télé ont-elles convenablement effectué leur mission civique durant les campagnes électorales ? Les messages distillés qui, chaque jour se bousculent et s'enchevêtrent ont-ils atteint leur but ? Questions centrales dans la construction inachevée d'une démocratie médiatique en gestation ! On devrait pouvoir répondre favorablement à ces premières interrogations car, la rétorsion de l'information est devenue une donnée récurrente, laissant place à différentes supputations et parfois à des analyses farfelues faites par des charlatans au risque d'embraser la rue et de nuire à la sécurité nationale. Tout cela nous incite à la plus grande circonspection. Quand on analyse de manière pertinente l'actualité filmée, on peut aisément constater les dérapages nombreux et les dysfonctionnements multiples. En dehors des composantes difficilement maîtrisables par tout un chacun, les médias sous allégeance ne peuvent en aucune façon traiter avec intelligence de l'actualité. Il ne leur est pas possible de véhiculer efficacement les informations politiques, économiques, sociales et culturelles. La tétanie des citoyens est la conséquence logique de cette mise sous chape de plomb de cet extraordinaire outil d'éveil, de communication et d'expression.
La désinformation a été grande durant les deux dernières campagnes électorales. Ces dernières ont permis aux médias de se dévoiler et de montrer qu'ils étaient loin de respecter leur mission de contre-pouvoir, malgré la profusion des canaux et des acteurs de l ́information. Au lieu d'ouvrir des perspectives d'informer, de montrer et de sensibiliser, les médias ont obscurci la pensée en ayant un rôle décérébrant à l'effet quasi-hypnotique. Sommes-nous au début d'une nouvelle ère médiatique où la désinformation est omniprésente ? A en croire Elon Musk, le danger est réel. Le brouillage des frontières médiatiques et le monopole technologique creusent d'immenses fossés entre les peuples. Désireux de s'abriter des turbulences médiatiques internationales et de protéger son marché, Elon Musk a racheté Twitter, l'entreprise californienne pour, dit-il, faciliter la circulation des informations sans aucune blocage, librement, avant l'arrivée de la censure de la parole publique. Dans des pays (totalitaires) où les gens ne lisent pas, la principale source d'informations après la radio c'est la télévision. La toile est désormais la nouvelle Agora mondiale où se déroulent les débats sur la démocratie, ce qui a permis à la rétorsion de l'information de devenir une donnée récurrente laissant place à différentes supputations et, parfois, à des analyses farfelues. Par ailleurs, la campagne, qui a évité les sujets en points de mire (dette, inflation, récession, guerre...) a, en plus, pratiqué une série de dénis et de lâchetés intolérables. Pour le commun des téléspectateurs, les débats étaient d'une mièvrerie flagrante illustrée de joutes oratoires super-virulentes qui se sont déroulés dans un climat délétère.
La liberté d'un pays se déchiffre à chacune de ses réactions à la communication, dit-on ! Pour mieux comprendre, il faut décortiquer les méthodes, les contraintes et les dangers du métier de journaliste et mieux étudier comment fonctionne la concurrence. Le plus grave serait de ne de ne pas tenter de comprendre et de faire comprendre les raisons pour lesquelles parfois il y a manquement au devoir. L'ensemble du système médiatique pousse de plus en plus les journalistes à commettre des erreurs. Il peut y avoir erreur d'appréciation et non faute volontaire.
Durant ces législatives, les deux étaient réunis. Il faut pouvoir distinguer l'erreur et la faute. L'erreur dénoncée peut entrainer aussitôt une grande vigilance. La faute met en cause l'honnêteté et l'erreur la compétence. On est plus sensible à la première qu'à la seconde. Le danger peut aussi se nicher là où il y a absence de culture de base, culture entretenue par des lectures, des conversations quotidiennes, des réflexions aident à une appréciation plus juste de l'information et par là même permet seul de corriger les effets pervers de la rapidité, de l'accélération.
Les journalistes sont-ils victimes ou acteurs des dérives ?
Lorsque la presse écrite est en crise car confrontée à une baisse de sa diffusion, son souci de vendre l'oblige à devenir moins austère et plus attrayante et à oser de scoops et entorses aux règles déontologiques de la profession. C'est le cas en France mais aussi aux Etats Unis au New York Times et à l' USA Today qui ont pratiqué quelques entorses. Les spécialistes pensaient que plus il y aurait de chaines, de choix, mieux les gens seraient informés. Idée fausse.
Les gens vont chercher en général les infos qui correspondent à leur à priori. Ils ne font plus confiance globalement aux médias et donc aux journalistes qui peuvent être victimes et acteurs de dérives. Les jeunes boudent les médias au profit des réseaux qui correspondent plus à la compétitivité commerciale qu'à la critique. Autre risque majeur qui s'ajoute à la crise financière et à la diminution du lectorat, le dérapage vers la vie privée. Prenons deux exemples : » Voici » et « France-Soir », des revues qui traitent des phénomènes de violence dans la rue et qui tissent des représentations nauséeuses des quartiers déshérités.
La responsabilité du journaliste dans la cristallisation et l'entretien du sentiment d'insécurité est avérée. Le reportage de Morandini accompagné de Zemmour (CNews) à Saint Denis, est un cas d'école. CNews sur le terrain a créé l'événement et a augmenté son amplitude.
S'il y a un secteur difficile à gérer, c'est bien celui de l'information, surtout dans un pays où la prise de décision se trouve centralisée avec d'autres canaux qui travaillent en sous-main. Dès son arrivée aux responsabilités, cette génération ne veut pas communiquer et évolue dans le secret qui vire à l'opacité et à la rumeur. Au verrouillage des médias dit classiques, écrits et audiovisuels, sont venus s'ajouter d'autres vecteurs comme Internet et les réseaux qui offrent un nouveau regard sur les questions sociétales et où chacun peut même produire de l ́information, certes, invérifiable. Les difficultés de la presse se sont aggravées à cause principalement, du recul du droit, de la baisse des revenus publicitaires et du recul de la diffusion. La baisse du lectorat oblige les journaux à des changements éditoriaux et à l ́élaboration de nouvelles stratégies économiques qui marginalisent les échanges culturels, même si la presse magazine et les périodiques spécialisés connaissent un certain développement grâce à l ́intérêt que portent les lecteurs sur les questions de loisir, de sport, de santé et de culture.
Dénoncer les dérives des médias et l'info-spectacle show-business (comme « Action News », « Eye Witness N ews ») revient à éviter les errements constatés ici et là. C'est à se demander si le talent le plus important dans le journalisme est la capacité, non pas d'obtenir des informations pertinentes et de les expliquer, mais à faire de la mise en scène, et emballer l'information. Or que constatons-nous ? Loin d'être subversifs en essayant de disséquer l'information, d'aller au fond des choses, de présenter correctement les problèmes, certains journalistes se laissent aller à la facilité pour vendre leur production. Ils préfèrent raconter des histoires et font dans la sensiblerie. L'actualité devient une succession décousue, à la technique hollywoodienne faite de drames souvent incompréhensibles. Ces dérives insidieuses sont visibles sur certains écrans qui se copient les uns les autres et se recyclent sans fin. Ce qui apparait comme de la surabondance n'est en fait qu'une succession décousue à la sauce hollywoodienne, à travers ABC NBC CBS FOS qui appartiennent toutes à des géants comme Disney, Général électic, Viacom, News corp qui obéissent à une pure logique commerciale. Pour ces derniers, l'information n'est qu'un produit comme un autre. Le vendre revient à faire appel à de simples stratégies commerciales poussées jusqu'à l'absurdité.
Notes :
1) Un verdict sans appel (48,07 appelés aux urnes : 54% d'abstentions). , (RN est à 89%°), ( Nupes (131), (Ensemble (245), (Divers gauche 22%), (Divers gauche 22%), (divers droite 10%), = 8), (LR-UDI 72%), = (68 à 70), (souverainistes (1%)
2) Dans son essai, « Un système médiatique e urgence absolue ». Ed Seuil, le journaliste Hervé Brusini, prix Albert Londres en 1991, rédacteur en chef des journaux de France 3 puis de France 2, avant de rejoindre récemment la direction de la rédaction nationale Web à France Télévisions, décortique de manière thérapeutique le panurgisme des médias.
3) Elon Musk de racheter l'entreprise californienne,Twitter risque de devenir une fosse de désinformation», déclarent 26 organisations «Votre marque risque d'être associée avec une plateforme qui amplifie la haine, l'extrémisme, la désinformation sur la santé et les théories du complot (...)
4) Le jugement intellectuel étant le dernier recours, la machine s'emballe donnant lieu à des « Armes de tromperie massive » . Film-Doc de Danny Schchter (patron de Globalvision) et fondateur de CNN des « Armes de tromp erie massive »


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