Que retenir de l'entretien téléphonique du président Tebboune avec le désormais ex-président du Conseil des ministres italien, Mario Draghi ? Au-delà des termes diplomatiques du communiqué de la présidence, soulignant que «le Président de la République M. Abdelmadjid Tebboune a eu, ce jour (mardi 2 août), un entretien téléphonique avec M. Mario Draghi, président du Conseil des ministres italien sortant, au cours duquel les deux parties ont salué le niveau d'excellence que connaissent les relations bilatérales entre les deux pays amis, marquées d'un haut niveau de confiance et une cohésion politique et économique, en consolidation d'un processus de coopération enracinée et solide dans divers domaines», il y a certainement d'autres sujets abordés lors de cet entretien. M. Mario Draghi a présenté sa démission au président Sergio Mattarella le 21 juillet, soit trois jours après sa visite à Alger, où il a coprésidé avec le président Tebboune le 4e sommet algéro-italien et signé plusieurs accords entre les deux pays, notamment sur la hausse de leurs échanges gaziers, faisant de l'Algérie, ces derniers mois, le premier fournisseur en gaz de l'Italie. La démission de M. Mario Draghi a plongé l'Italie dans une crise politique qui tombe très mal. Et qui inquiète tous ses partenaires, à commencer par les Européens, qui ont alloué à l'Italie une enveloppe de 191 milliards d'euros pour financer un plan de relance de son économie et lui éviter le scénario grec. L'Italie n'a jusqu'à présent encaissé que 25% de cette aide, et pour toucher le reste, soit 75% des 191 milliards d'euros, l'Italie doit répondre à la condition (européenne) d'avoir un gouvernement stable, et qui peut entreprendre plusieurs réformes exigées en contrepartie. Vraiment, il y a de quoi s'inquiéter en Europe face à cette énième crise politique en Italie, qui coïncide avec une période des plus difficiles traversées par l'Europe. 72% des Italiens eux-mêmes se disent très inquiets après cette démission, qui a imposé au président Sergio Mattarella de procéder dans la même journée du 21 juillet à la dissolution du Sénat et de la Chambre des députés, ouvrant la voie à de nouvelles élections anticipées, qui pourraient se tenir le 25 septembre prochain. Bien sûr, l'Italie n'est pas à sa première crise politique, et le pays s'en est toujours sorti sans trop de dégâts, notamment grâce à la force de son administration qui assure la gestion des affaires publiques, mais les partenaires de l'Italie ne peuvent pas s'empêcher de scruter l'horizon politique pour discerner le développement des événements. Et qui mieux que le président du Conseil des ministres italien sortant pour donner son appréciation sur l'avenir politique de son pays ? L'Algérie n'a rien à craindre dans ses relations avec l'Italie, qui ont toujours été stables et au mieux à toute époque, mais les crises politiques peuvent avoir des effets néfastes sur l'économie italienne elle-même et par extension sur la concrétisation des partenariats avec les pays étrangers. Certainement pas sur le plan énergétique, qui engage des relations contractuelles commerciales entre les entreprises, mais sur d'autres plans de la coopération le rythme peut connaître un ralentissement sous l'influence des blocages politiques, notamment quand la crise s'inscrit dans la durée. Pas cette fois-ci ? Probablement, puisque les élections prévues le 25 septembre devraient ouvrir la voie au successeur de M. Mario Draghi.