Oui, le nouvel an s'annonce sous des auspices heureux et pour les raisons que vous savez. Parce que l'almanach algéro-algérien n'a pas son équivalent, nulle part dans le monde. Oui, la Dézédie est la terre originelle de la méthode Coué. L'Algérien a ceci de particulier qu'il garde le moral en toutes circonstances. Dans un pays où personne ne meurt de faim, un pays où tout le monde ne travaille pas ne serait-ce que quelques minutes par jour, où on a droit à l'allocation chômage. Cela s'appelle la « baraka » ! Seul pays au monde où pour obtenir un certificat de vie, il vous faut deux témoins pour prouver au guichetier que vous n'êtes pas mort, rien de mal ne peut nous arriver. Les mots les plus usités dans le lexique algérien sont «Allah ghaleb», «kol ôtla fiha kheir», «normal» ou encore «Allah yerhmah», et pourtant tout va bien pour le mieux chez nous. Pas trop vite le matin, doucement le soir, sous nos cieux particuliers, tout le monde se la coule douce... Arriva le jour où le pays se fatigua et aménagea son emploi du temps à sa guise, faisant de son semi-week-end, de ses fêtes nationales, des jours fériés puis des jours sans, la sève (sur) vitale d'un calendrier sans temps ni âge. Et parce que justement il est connu et reconnu que l'âge opère des ravages là où le temps demeure indécis, l'Algérie s'est retrouvée à se reposer six mois par an, prendre congé en triple détente trois mois par an, faire la fête en petit, moyen et grand format, quatre semaines par mois, et travailler une demi-journée tous les deux lustres. Au point que sur la tombe de chaque Algérien fatigué de vivre, une main à sept doigts fera graver en lettres dorées : « Ici repose Larbi Ben Untel qui s'est reposé toute sa vie...».