Les chemins de la paix au Yémen, naguère si tortueux, si complexes, sont-ils devenus praticables ? Tous les efforts engagés jusque-là pour arriver à une trêve durable au Yémen se sont heurtés à des difficultés qui paraissaient insurmontables, tellement les points de vue divergents entre les parties yéménites en conflit, ainsi que les puissances étrangères qui soutiennent l'une ou l'autre partie. Mais, cette récente initiative, rapportée par l'Agence Reuters, faisant état d'un déplacement, la semaine prochaine d'une délégation saoudo-omanaise à Sanaa pour discuter d'une trêve permanente, n'a jamais été aussi prometteuse. Rappelons que ces derniers mois, Oman, qui partage ses frontières avec le Yémen et l'Arabie saoudite, est activement engagé dans la négociation d'une trêve entre les Houthis et le gouvernement yéménite, soutenu par l'Arabie saoudite, mais toutes ses initiatives ont buté contre les difficultés sur le terrain. En octobre 2022, le gouvernement yéménite, reconnu au niveau international et les Houthis ont échoué à prolonger une trêve nationale de six mois qui a expiré le 2 octobre, suscitant des inquiétudes sur le retour de conflits violents dans ce pays arabe en proie à une guerre civile depuis fin 2014, qui a fait des dizaines de milliers de morts, quatre millions de personnes déplacées et conduit le pays au bord de la famine. Il y a eu une intensification des discussions, en janvier, et l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, s'est dit « encouragé » pour parvenir, dans ce sens, à une nouvelle trêve, tout en s'inquiétant, malgré tout, d'un risque de relance du conflit. Bien que des initiatives tendant à asseoir une paix durable demeurent engagées au Yémen, la poursuite d'« activités militaires limitées sur les lignes de front », inquiétait tout le monde et laissait peu d'espoir à une paix acceptée par toutes les parties. Qu'est-ce qui a changé cette fois-ci pour croire à l'instauration d'un cessez-le-feu permanent, qui aboutirait à une paix totale ? On affiche un tel optimisme qui laisse dire que si un accord est conclu, les parties peuvent annoncer la bonne nouvelle d'une trêve permanente avant la fête de l'Aïd El-Fitr. Il est clair que c'est le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, sous la médiation de Pékin, qui a créé toute cette nouvelle dynamique pacifique. La réconciliation des deux puissances du Moyen-Orient, qui ont une influence certaine sur les parties en conflit au Yémen, devrait faciliter grandement la conclusion d'un cessez-le-feu permanent entre les Houthis (soutenus militairement par l'Iran) et les forces pro-gouvernementales (appuyées par une coalition militaire dirigée par l'Arabie Saoudite). Selon le journal Asharq Al-Awsat', qui a cité des sources yéménites, le projet de plan de paix global pour la crise au Yémen comprend quatre phases, dont la première est un cessez-le-feu global, dans le pays et l'ouverture de tous les ports terrestres, aériens et maritimes, puis un échange des prisonniers et détenus, suivi de l'étape des négociations directes pour établir la forme de l'Etat, et enfin la phase de transition politique, qui est dans les dernières étapes de sa préparation sous les auspices des Nations Unies. La fin du long calvaire vécu par le peuple yéménite ?