Les spéculateurs ont apparemment la peau dure. En dépit des sanctions «sévères» infligées à leur encontre et malgré les différentes actions menées jusque-là par les pouvoirs publics, ces derniers sévissent toujours et imposent leur diktat. Les spéculateurs ne ratent en fait aucune occasion pour gagner le maximum, en augmentant les prix des produits dont certains sont nécessaires pour les consommateurs. Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, M. Tayeb Zitouni, a mis en garde hier, lors d'une rencontre qui l'a réuni avec les importateurs et les producteurs des articles scolaires, au siège de l'ALGEX, à Alger, contre toute forme de spéculation. Que ce soit une rétention de marchandises visant à provoquer une pénurie ou une perturbation des approvisionnements ou encore une augmentation aléatoire des prix. M. Zitouni a adopté un ton menaçant affirmant «que les dispositions de la nouvelle loi relative à lutte contre la spéculation ne seront pas seulement appliquées contre les spéculateurs sur les sachets de lait, de l'huile et de la semoule, mais aussi contre ceux qui ont décidé d'augmenter les prix des climatiseurs, de l'eau minérale et des légumes secs, sans raison valable». Il a ajouté «nous savons que certains commerçants et certains intrus dans la profession ont décidé d'augmenter en cette période de forte chaleur exceptionnelle, les prix des climatiseurs avec un bénéfice de 20.000 à 30.000 DA». «Pourtant, dit-il, sur la base de notre enquête effectuée auprès des producteurs locaux des climatiseurs, aucune augmentation n'a été opérée à leur niveau». Et d'expliquer que cette année, la production locale des climatiseurs a doublé, «on est passé de la production de 400.000 à 800.000 climatiseurs au cours de cette année, répondant ainsi aux besoins au niveau local, avec des petites opérations d'exportation vers certains pays africains et arabes, dans le cadre de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE)», dira-t-il. Le ministre a affirmé que les producteurs nationaux octroient aux intermédiaires vendant leurs climatiseurs une remise de 8%, à laquelle s'ajoute la marge bénéficiaire du commerçant qui est à la base importante. Et de s'interroger «pourquoi donc ajouter 20.000 à 30.000 DA supplémentaires au prix des climatiseurs durant cette saison ?» Il enchaine «pourquoi et qui a décidé d'augmenter les prix de l'eau minérale ? Idem, dit-il, pour les légumes secs. Sachant que les prix des produits alimentaires à l'échelle mondiale ont connu une baisse durant cette année, d'ailleurs même les prix du transport à l'international commencent à connaitre une certaine baisse et une certaine stabilité des prix». «Vendre certains légumes secs à 400 DA est injustifié. Si les pouvoirs publics ont décidé d'octroyer l'exclusivité de l'importation des légumes secs à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), c'est pour permettre aux citoyens algériens de les acheter à un prix raisonnable, leur prix ne devrait pas dépasser les 200 DA», dit-il. Le ministre du Commerce a ajouté que des décrets ministériels sont en cours de préparation pour plafonner les marges bénéficiaires de 7 produits jugés essentiels pour les consommateurs. Il a affirmé dans la foulée qu'une tournée effectuée, avant-hier, par les services de contrôle de son département dans certains quartiers d'Alger a poussé une grande partie des commerçants de l'électroménager, notamment, à baisser leurs rideaux, «on dirait qu'ils étaient en grève», ironise-t-il. Et de poursuivre «on va mener notre enquête, on va les sensibiliser car les commerçants sont nos partenaires, et s'ils persistent dans l'augmentation anarchique des prix ou dans la rétention de la marchandise, on va donc recourir à l'application des dispositions de la loi de lutte contre la spéculation». La production nationale des articles scolaires est de moins de 10% Le ministre du Commerce a affirmé, par ailleurs, que sur 155 demandes, 65 autorisations ont été octroyées au mois de mai dernier à des importateurs d'articles scolaires. Appelant ces derniers à respecter leur engagement car cette autorisation est limitée dans le temps, pour éviter toute forme de spéculation. En précisant, en outre, que certains d'entre eux, heureusement une minorité, ont pris ces autorisations, mais jusqu'à maintenant, n'ont toujours pas importé d'articles scolaires. Pourtant, affirme-t-il, «nous avons sélectionné les importateurs selon leur expérience et leur connaissance du marché des articles scolaires». En précisant «nous avons de ce fait écarté les importateurs saisonniers, ceux qui passent de l'article scolaire à la banane, selon les saisons et les occasions». Le ministre a mis en garde l'ensemble des intervenants contre toute forme de spéculation ou augmentation injustifiée des prix des articles scolaires. Il a affirmé, par ailleurs, que nous disposons de 59 unités nationales de production d'articles scolaires qui, malheureusement, couvrent moins de 10% des besoins du marché. Pourtant, dit-il, la production des articles scolaires n'est pas tellement compliquée si on la compare par exemple à la production des médicaments. Et d'appeler les importateurs à verser dans la production nationale des articles scolaires. Un créneau économiquement prometteur et rentable par le fait que le secteur de l'enseignement compte 11 millions d'élèves, dont 450.000 nouveaux inscrits chaque année, plus 1,7 million d'étudiants universitaires et 530.000 enseignants et encadreurs. Le ministre a déclaré que pas moins de 88,6 millions de dollars ont été alloués pour l'importation des articles scolaires en prévision de la prochaine rentrée scolaire2023-2024, contre 57 millions de dollars en 2022-2023. Expliquant l'écart par le fait qu'en 2022, l'Algérie disposait d'un stock de produits scolaires suite au chamboulement vécu en 2021, en raison du Covid-19. Tayeb Zitouni dira que pour assurer une bonne rentrée scolaire « nous sommes prêts à doubler le nombre des autorisations si le besoin l'exige. Mais on appelle toujours les opérateurs dans ce domaine à investir dans la production nationale, sachant, dit-il, que son département est en train de travailler pour la mise en place dans la prochaine loi de finances de mesures incitatives et d'avantages pour les opérateurs économiques qui veulent investir dans ce créneau». Regrettant le fait que ce secteur soit resté au bas de l'échelle en matière de production locale, si on le compare aux secteurs du textile, des médicaments, des matériaux de construction, notamment.