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Le piège de Thucydide dans les illusions des décideurs occidentaux dans la guerre en Ukraine
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 09 - 2023

Le monde aujourd'hui avec la guerre en Ukraine retient son souffle, il est véritablement à un « tournant de l'histoire ».
Il est peu probable que cette guerre va se terminer rapidement ; les pays concernés essentiellement occidentaux et russe prennent le chemin de la raison et trou vent des compromis pour arrêter cette guerre ne prennent aucune initiative dans ce sens. Bien plus, grave, malgré le flou qui entoure la contre-offensive ukrainienne et n'indique nullement que l'armée ukrainienne pourrait changer le rapport de force, c'est pratiquement un vœu pieux compte tenu d'une guerre presque sans mouvement, une guerre statique, tout est remis sur les fortes fortification s russes dont les champs de mines sur des centaines de km, les tranchées, l'artillerie défensive, et aussi joue le moral des troupes dans ce piétinement de guerre qui s'opère dans le surplace et les Etats-Unis, le pays le plus puissant de l'Occident, déclare qu'il n'y a pas d'impasse dans la guerre en Ukraine. Et s'il le déclare, et utilise ce mot, c'est que réellement il y a impasse dans cette guerre.
Et puis cette guerre de drone, que donne-t-elle ? Rien, mis à part, quelques vitres cassées, un étage d'une maison écroulé, quelques morts et blessés dans de rares jours où s'est déclaré ; bref une guerre qui s'est tournée dans l'enlisement ; l'Occident campe sur cette guerre par procuration ; tout laisse penser que la guerre en Ukraine va s'enliser et, dans la durée, provoquer des incertitudes telles que tout peut arriver. Alors que des solutions existent si réellement les deux camps veulent mettre fin à la guerre et se dirigent résolument vers la paix. Des questions légitimes se posent sur cette guerre. D'abord, qu'entend-on par incertitudes sur cette guerre qui risque de durer ? Qu'arrivera-t-il dans en 2023 et en 2024 ? Tout laisse penser que le conflit va durer. Peut-on penser que la guerre en Ukraine restera en l'état, i.e. d'un côté l'Ukraine soutenue par l'Europe et les Etats-Unis, de l'autre la Fédération de Russie qui s'épuise dans la guerre sans visibilité de sortie ; les combats durent depuis bientôt un an et demi ; le conflit armé sera bouclé le 24 août 2023.
Certes, des armements toujours massifs qu'apportent les Etats-Unis et l'Europe à l'Ukraine, et une volonté du pouvoir de Kiev de libérer ses territoires occupés par les forces russes, la guerre continuera jusqu'à la victoire, et c'est sur cette pensée qui n'est toujours pas infléchi que l'Ukraine et ses alliés occidentaux n'y voient que le succès comme s'ils sont habités par quelque esprit dont ils ne peuvent se départir et comprendre que le rapport des forces entre l'Ukraine et la Russie est inégal. L'Ukraine, une puissance militaire moyenne qui ne fait pas partie des puissances nucléaires, si elle l'était, certainement qu'il n'y aurait pas eu de guerre et n'aurait pas eu besoin d'aides de l'Occident.
Or, ce n'est pas le cas pour la Fédération de Russie qui est une grande puissance nucléaire ; par le nombre d'ogives nucléaires, elle est la première puissance mondiale, devançant les Etats-Unis ; d'autre part, par la puissance de son armée, elle est dans le top des trois plus grandes armées du monde, avec la Chine et les Etats-Unis. Et on comprend que plus le conflit dure plus la situation devient difficile ; le facteur temps ne va profiter à l'Ukraine même si elle est en permanence soutenue par les armements et financièrement ; quant à la Fédération de Russie, avec une forte population ukrainienne d'origine russe dans les quatre régions annexées en plus de la Crimée, elle ne pourra pas reculer. Aussi peut-on dire que, tant la Fédération de Russie que pour l'Occident pour qui cette guerre en Ukraine est une guerre de procuration contre la Russie, les deux camps vont continuer à s'opposer ; il n'y a pas de solution tant les enjeux qu'englobent cette guerre sont planétaires.
C'est tout l'avenir de l'Occident qui est en jeu dans cette guerre, il en va de même pour la Russie ; la seule différence, c'est que la Russie est véritablement en guerre, ses forces sont projetées dans le combat avec toutes les difficultés que représente l'autre partie, i.e. l'armée ukrainienne, constamment approvisionnée en armements, alors que l'Occident ne fait la guerre que par procuration. Prenant soin d'éviter une confrontation directe qui le mènerait à une Troisième guerre mondiale, ce qui engendrerait une destruction mutuelle des deux camps. Ce que les deux camps opposés ne voudront en aucun cas.
Cependant, le facteur temps dans une guerre d'usure qui va s'installer ne sera favorable ni à la Russie ni à l'Ukraine ; certainement, il sera pire pour l'Ukraine pour la seule raison est que l'Occident demandera des résultats et donc ne pourra indéfiniment prolonger cette guerre si l'armée ukrainienne, malgré les livraisons d'avions F16 en quantité, des systèmes de missiles à plus grande portée, de chars lourds et autres matériels de guerre ; en clair, comme pour le pouvoir de Kiev comme pour l'armée ukrainienne, ils sont tenus d'apporter des résultats ; le facteur est donc contre eux alors que la Fédération de Russie, son objectif est surtout de rester sur la défensive, en protégeant les régions annexées ; une offensive russe dans une autre direction sert surtout à déstabiliser le camp adverse.
Et ni les sanctions économiques et financières et bancaires ni le plafonnement des prix du baril de pétrole pour les exportations russes n'ont produit d'effet suffisant pour infléchir la position russe ; la Russie est restée ferme, elle s'est adaptée même à la nouvelle donne de son économie, et ce à sa position mondiale avec les autres pays du monde et non des moindres comme les pays du BRICS (Chine, Inde, Brésil, Russie, Afrique du Sud), avec les autres continents, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Ceci simplement pour dire que la Russie fait partie des trois pôles avec la Chine et les Etats-Unis qui, dans un certain sens, au triple plan, économique, financier et militaire, régentent le monde. Donc, dire que la Russie battra en retraite et quittera l'Ukraine qui est déjà une option retenue par les pays occidentaux comme pour le régime de Kiev ne peut être qu'illusion ; certes on comprend la position de l'Occident d'élargir son aire d'influence à la Géorgie, la Moldavie, la serbie ; ce qui explique le soutien progressif presque sans réserve de tous les types d'armements dont l'Ukraine a besoin, de même pour son financement par les Etats-Unis et l'Europe.
Et pour revenir à l'illusion de l'Occident dans la guerre en Ukraine, au départ ce n'était pas une illusion, en effet c'est la Russie qui a laissé cette illusion se développer et s'entretenir en Occident ; elle n'a rien fait pour l'arrêter ou ne pouvait l'arrêter ; elle en était incapable tant les forces de l'histoire étaient contre elles.
Il faut se rappeler, après la débâcle qu'a vécue l'Union soviétique, dans la deuxième moitié des années 1980, puis a fini par disparaître le 26 décembre 1991, les Etats-Unis restés seule superpuissance militaire du monde, à la fin de la guerre froide, affichaient une supériorité militaire et technologique écrasante sur les autres pays ; les guerres hautement médiatiques du Golfe (Irak 1990-1991) et du Kosovo (1998-1999) ont consacré la gloire militaire de cet acteur désormais incontournable de la diplomatie internationale.
Le monde était réellement dominé par les Etats-Unis, le monde unipolaire naissait ; les pays sortis de l'ex-aire soviétique cherchaient à conforter leur indépendance, ce qui est tout à fait normal pour des pays qui n'ont connu que les guerres et l'assujettissement à une puissance tutélaire, ils n'ont pas eu de véritable indépendance. L'Occident leur offrait une planche du salut, c'était celui d'intégrer l'Union européenne et l'OTAN. Et donc un cadre démocratique à ces Etats souverains qui deviennent en fait des « les Alliés » à l'Occident qui leur permette de débattre de questions politiques, économiques et de sécurité, dans lequel les décisions sont prises collectivement et par consensus.
L'URSS n'existant plus, après son éclatement, la Russie est héritière de l'URSS mais reste faible et très fragilisée, c'était l'époque de Boris Eltsine, puis Vladimir Poutine prend la relève et devient président de la Fédération de Russie, début 2000. L'Occident profite de cet affaiblissement, en fait une marche nouvelle de l'histoire, pour intégrer les pays de l'Europe centrale et orientale (PECO).
Les trois premiers pays à entrer dans l'OTAN sont la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie (issue de l'ex-Tchécoslovaquie), en 1999. Puis en 2004, dix pays des PECO entrent dans l'Union européenne ; ce sont la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie, Malte et Chypre. Parmi eux, six pays des PECO rejoignent aussi, la même année, l'OTAN. En 2007, la Roumanie et la Bulgarie entrent dans l'Union européenne ; en 2013, c'est le tour de la Croatie. L'Albanie et la Croatie intègrent l'OTAN en 2009 ; le Monténégro en 2017 et la Macédoine en 2020.
Bref un processus historique en fait tout naturel que cette intégration des pays d'Europe centrale et orientale à l'Union européenne et l'Otan. Reste quelques pays européens dont l'Ukraine qui n'ont pas encore rejoint l'Union européenne et l'OTAN. Pourquoi l'Ukraine pose un grand problème ? Tout d'abord c'est un grand pays d'Europe en terme de population, de superficie et de ses capacités militaires, et disposent de quatre centrales nucléaires ; la centrale nucléaire de Zaporijjia est occupée par les forces russes depuis mars 2022.
Mais le problème de l'Ukraine, c'est que les régions à l'Est et au sud de l'Ukraine sont peuplées majoritairement par des Ukrainiens russophones, d'origine russe ; ce sont la péninsule de Crimée, entourée par la mer Noire et la mer d'Azov, les régions de Donetsk et Louhansk, Kherson, Zaporijjia. Une grande partie de ces régions sont bordés par la mer Noire et la mer d'Azov, et se trouvent tous à la frontière de la Russie. Le problème de l'Ukraine n'a pas été pensé à sa juste mesure ; l'Occident, encouragé par l'intégration de la presque totalité des pays d'Europe centrale et orientale n'a pas pensé au problème des populations russophones, estimant qu'elles suivraient le mouvement et que les résistances seraient dépassées d'autant plus que tous ces pays de l'ex-glacis soviétique se seraient dans une situation bien meilleure non seulement sur le plan économique, par des investissements massifs occidentaux que sur le plan politique, et surtout jouissant d'un débat démocratique.
L'objectif visé dans l'élargissement à l'est de l'Europe, c'est que l'Occident a vu aussi beaucoup d'avantages à retirer dans cette intégration de l'est de l'Europe, surtout celui d'opposer un front aussi vaste que possible face à la Chine et à la Russie qui ont toujours été le camp adverse, et ont scellé une alliance pour s'opposer à l'Occident. Donc, l'enjeu est planétaire et dépasse de loin les objectifs tant occidentaux qu'ukrainiens pour ce qui est de récupérer par la guerre les territoires ukrainiens annexés, après référendums, par la Russie. Cette guerre est en fait une guerre pour l'Occident pour contrecarrer à son déclin ; que les grandes puissances dont la Chine et la Russie qui ont véritablement émergé en ce début de XXIe siècle pourrait bouleverser et l'ordre dominé aujourd'hui par l'Occident est une réalité ; l'Occident risque les années à venir à être supplanté par les puissances montantes.
Aussi, peut-on dire que, certes l'Occident a intégré la presque totalité de l'Europe centrale et orientale, mais il n'a pas su s'arrêter à temps. Ne serait-ce que prendre en considération les populations russophones qui ont refusé de rejoindre l'Union européenne et l'OTAN. Or, c'est là l'erreur, l'Occident a préféré rester dans sa ligne de conduite stratégique, et pousser le gouvernement de l'Ukraine à s'opposer à ses propres régions pour les ramener par la force au plan établi depuis longtemps, au plan occidental qui était censé, par ses élargissements, à encore décupler sa puissance face aux puissances adverses.
L'Occident, en fait n'a vu que ses intérêts stratégiques dans l'intégration de l'Europe de l'Est. De même, les pays de l'Europe de l'Est étaient aussi partants ; mais quand une stratégie ne va pas avec les objectifs tracés, insuffisamment pensés historiquement, qui relèvent en fait d'une illusion de pensée de la part des décideurs occidentaux, forcément elle les pousse à la guerre, pensant que la guerre va régler leur problème ; qu'en fait, bien au contraire, la guerre ouvrira grand leur béance stratégique.
Par exemple, avancer dans cette guerre que l'Occident ne fait qu'aider l'Ukraine, qu'il dit est une future démocratie, un Etat membre de l'ONU, qu'il est engagé à faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, à se défendre et à résister contre les attaques russes, et qu'il revient au pouvoir ukrainien de choisir son propre avenir et à prospérer, alors qu'il ne vise en fait que ses objectifs, c'est pour lui une manière de se croire qu'il est dans la légalité, dans la légitimité internationale ; et il y croit réellement.
Et c'est là le piège de l'illusion pour l'Occident puisqu'à travers l'intégration de l'Ukraine, pensera-t-il, la Moldavie, la Géorgie, la Serbie vont suivre, et la boucle est bouclée pour la Russie et la Chine qui apprendront alors que le Grand Occident est toujours là pour veiller à la puissance de l'Occident sur le monde ; son hégémonie sur le monde n'est alors pas ébranlée ; et il sera dans son droit.
En fait, c'est le piège de Thucydide dans les illusions des décideurs occidentaux dans la guerre en Ukraine, qui n'est qu'un constat de l'histoire maintes fois réaffirmée. Quelle est la puissance qui accepterait d'être supplantée par une autre puissance sans rien faire ? Le piège de Thucydide dans l'histoire n'est là que pour accorder des illusions aux décideurs des grandes puissances occidentales pour se croire inébranlables, alors que ces puissances sont mortelles et ne peuvent indéfiniment régenter le monde, sinon le monde serait sans sens.
Cependant, ces décideurs sont des êtres humains, oubliant que, dans la marche du monde, toute puissance est avant tout redevable de ce que Dieu aura décidé pour elle ; et la puissance mal exercée ne sera jamais ce qu'elle pense lui apporter ; elle restera une illusion. Mais est-ce la faute aux décideurs du monde de viser toujours la puissance ? La marche de l'humanité n'a-t-elle pas besoin de leurs illusions pour faire avancer le monde ?
*Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective


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