Le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, a annoncé, jeudi à Alger, le lancement prochain d'un Plan national de lutte contre l'obésité et l'adoption d'une approche globale axée sur la prévention et la sensibilisation à ce phénomène. Lors de son intervention devant les professionnels de la santé, à l'occasion de l'ouverture des travaux du deuxième Congrès international de la Société algérienne d'obésité et maladies métaboliques (SAOMM), le ministre a indiqué que la lutte contre ce phénomène, «en appelle à la conjugaison de nos efforts de prévention en adoptant une approche globale qui inclut l'éducation nutritionnelle, la promotion de l'activité physique, la sensibilisation du public et le lancement d'un plan national de lutte contre l'obésité qui mobilise toutes les parties concernées et qui s'appuie sur 5 axes». En mettant l'accent sur «la nécessité de promouvoir la production d'aliments sains et un comportement alimentaire sain, bien évidemment en favorisant l'activité physique». Contacté par nos soins, Hacène Menouar, président de l'Association nationale pour la protection des consommateurs «EL-AMAN», a affirmé au Quotidien d'Oran que cette démarche est la bienvenue, mais elle doit comprendre des actions visant à imposer des taxes et prévoir des incitations pour la promotion des produits alimentaires sains. Notamment, la réduction progressive du taux de sucre, que ce soit dans la production des boissons ou autres et la réduction également de la matière grasse dans certains aliments. M. Menouar a indiqué que son association et d'autres qui activent dans le domaine attendent toujours l'application effective du décret exécutif visant la réduction du taux de sucre, sel et matières grasses dans les denrées alimentaires. Et de rappeler qu'une commission interministérielle regroupant les départements de la Santé et du Commerce, a été installée en 2014. Cette dernière a été chargée de mener des réflexions pour justement prévoir des réductions notamment du taux de sucre. Le ministère du Commerce a, par la suite, décidé d'une révision à la baisse du taux de sucre dans la composition des boissons, à 105 g par litre. Et ce, en novembre 2022. La norme internationale tolérée est de 80 g/litre alors qu'en Algérie, nous atteignons presque le double, à savoir 50 g/litre. «L'entrée en vigueur du décret exécutif en question, relatif notamment à la réduction du taux de sucre dans la production des boissons devrait, selon les engagements formulés par le ministère du Commerce, être applicable à partir de ce mois (novembre 2023)». Et d'enchaîner : «On est le 10 novembre, nous attendons toujours l'application effective de ce décret». Mais, dit-il, «il ne suffit pas d'imposer une réduction du taux de sucre uniquement pour les boissons, nous, en tant qu'association de consommateurs, nous recommandons une réduction des taux de sucre, de sel et de matières grasses pratiquement dans toute l'industrie agroalimentaire, avec une réduction de taux de sucre à 100 g pour les boissons». Et de préciser que la réduction du taux de sucre doit concerner différents produits tels que les confiseries, le yaourt, les gâteaux, le café et aussi le pain. M. Menouar dira qu'on est pour une réduction «graduelle sur cinq ans» du taux de sucre, de sel et de matières grasses dans nos aliments afin de permettre à nos consommateurs de s'habituer au fur et à mesure à des aliments moins sucrés et moins salés. Et d'affirmer qu'«on est en train de militer pour amender l'arrêté autorisant les torréfacteurs à ajouter 3% de sucre seulement. En précisant que souvent les transformateurs dépassent ce taux pour la composition notamment du café, avec des taux atteignant parfois les 15%. Sachant que généralement le sucre utilisé est un sucre caramélisé et brûlé, nocif pour la santé. Notre interlocuteur a déploré le fait qu'en Algérie, le consommateur algérien consomme une moyenne de 35 kg de sucre par individu, par an. On est à plus de trois fois de la norme fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dira-t-il. Il faut également indiquer, dit-il, que selon les services de douanes, 9% seulement de sucre importé sont destinés aux producteurs de boissons. «Il y a le sucre qu'on utilise sur nos tables, un sucre subventionné, et le sucre utilisé par l'industrie alimentaire pour la production de différents aliments», dit-il. Le ministre de la Santé a fait état, lors de son intervention, de l'augmentation du nombre de cas d'obésité, sur la base de l'étude menée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, laquelle montre que «30% de femmes, 14% d'hommes et environ 10% d'enfants souffrent d'obésité». En soulignant que les résultats des campagnes de dépistage menées dans le cadre de la première semaine nationale de prévention, décrétée par le ministère de la Santé et qui s'est déroulée du 5 au 11 mars 2023, ont montré que «le taux d'obésité est triplé chez les individus âgés de 0 à 49 ans, en particulier chez les femmes», ce qui justifie le traitement de ce phénomène qui est défini comme «une augmentation excessive de la quantité de graisse corporelle». Le ministre a estimé que l'obésité peut entraîner plusieurs autres maladies telles que «le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, le syndrome d'apnée du sommeil et l'hypertension artérielle, ainsi que des problèmes psychologiques et sociaux».