L'armée israélienne a bombardé, hier en mijournée, l'école Al Fakhoura dans le camp de Jabaliya où se réfugiaient des milliers de femmes et d'enfants, faisant plus de 200 martyrs, selon une première estimation de la Croix rouge palestinienne. Il s'agit-là d'un énième massacre que commet l'armée d'occupation à Ghaza depuis le 7 octobre dernier, sous le silence complice et complaisant des Etats-Unis, de l'Union Européenne et des pays occidentaux qui continuent à attribuer à l'entité sioniste le rôle de « victime » et de lui reconnaitre le « droit de se défendre » en assassinant des milliers de civils. Auparavant, le bombardement de trois immeubles résidentiels de la ville Ghaza a fait 26 martyrs, rapporte l'Agence de presse palestinienne Wafa citant le directeur de l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le centre de la bande. Selon la même source, cette frappe aérienne, qui a eu lieu dans le quartier de Hamad, a également fait 23 blessés graves. Samedi aussi, une source médicale a déclaré à Al Jazeera que « les corps de 63 martyrs sont arrivés à l'hôpital indonésien du nord de la bande de Ghaza depuis l'aube », à ajouter à « 6 martyrs tombés dans la frappe aérienne ciblant une maison à Deir Al-Balah dans le centre de la bande de Ghaza ». Avant le massacre de l'école Al-Fakhoura, le nombre des martyrs s'est élevé vendredi soir à plus 12.000 Palestiniens, dont plus de 5.000 enfants et 3.300 femmes, et plus de 30.000 blessés. Ces chiffres restent provisoires et sous-estimés en raison du fait que des centaines de corps sont encore sous les décombres et que des dizaines de blessés n'ont pas pu être acheminés, depuis plus de 48h, en raison de l'encerclement de plusieurs hôpitaux par les blindés de l'armée sioniste, mais aussi du ciblage systématique des ambulances. Le ministère de la Santé à Ghaza a déclaré, vendredi, que des dizaines de corps jonchent les rues du nord de la bande et qu'il est impossible de les recenser à cause de l'intensité des frappes. «Israël payera le prix pour le massacre d'Al-Fakhoura» Réagissant au bombardement de l'école Al-Fakhoura dans le nord de Ghaza, le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) a déclaré, samedi, dans un communiqué qu'il tient Israël pour «responsable de ce massacre et des crimes continus contre les enfants, les femmes et les civils». Le Hamas a également indiqué que «tôt ou tard l'entité payera pour ses crimes ». De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères en Cisjordanie a dénoncé le massacre de l'école Al-Fakhoura, estimant que c'est la preuve que « l'objectif d'Israël est de vider le nord de Ghaza de toute présence palestinienne ». Vendredi soir, l'occupation a également bombardé l'hôpital Al-Wafa des personnes âgées, situé dans le quartier Al-Zahra à Ghaza, faisant plusieurs martyrs dont le directeur de cette structure sanitaire, le Dr. Medhat Moheissin, et blessant plusieurs médecins. Par ailleurs, le directeur des Hôpitaux de Ghaza a déclaré vendredi soir, à Al Jazeera, que les soldats de l'occupation « ont kidnappé environ 130 corps de martyrs des morgues et de la fosse commune de l'hôpital Al-Shifa ». L'armée d'occupation sioniste a aussi continué hier ses attaques contre l'hôpital Al-Shifa, pour le 6e jour consécutif, obligeant l'évacuation, par la force, des blessés. Le directeur général du ministère de la Santé à Ghaza, le Dr Munir Al-Bursh, a décrit à Al Jazeera des « scènes tragiques (qui) se produisent pour les déplacés » de cet hôpital. « L'occupation a demandé l'évacuation des blessés du complexe d'Al-Shifa. Cinq médecins sont toujours dans le complexe pour superviser le processus de coordination de la sortie des blessés. 120 blessés se trouvent toujours à l'intérieur du complexe de Al-Shifa sur 650. Nous nous dirigeons maintenant vers le sud et les scènes sont misérables », a-t-il déclaré. Le même intervenant avait précisé que « les bébés prématurés » étaient restés à l'hôpital Al-Shifa. Ajoutant : « nous sommes en contact avec la Croix-Rouge à leur sujet », avant de poursuivre : « Nous entendons les blessés, nous ne pouvons pas les aider et des gens meurent ». De son côté, le bureau des Médias à Ghaza a qualifié hier « l'évacuation forcée » des blessés du complexe médical Al Shifa de « crime de guerre ». Cinq Etats parties saisissent la CPI Cinq Etats signataires du traité créant la Cour pénale internationale (CPI) ont demandé une enquête sur la « situation dans l'Etat de Palestine », a annoncé son procureur, qui a confirmé enquêter sur l'agression sioniste perpétrée contre Ghaza depuis le 7 octobre. L'agression menée par les forces de l'entité sioniste a fait 12.000 martyrs, selon le ministère de la Santé palestinien. « Mon Bureau a reçu une saisine sur la situation dans l'Etat de Palestine émanant des cinq Etats parties suivants : Afrique du Sud, Bangladesh, Bolivie (...) Comores et Djibouti », a déclaré Karim Khan. « En recevant la saisine, mon Bureau confirme qu'il mène actuellement une enquête sur la situation », a-t-il ajouté dans un communiqué. M. Khan a toutefois déclaré que ses équipes n'ont pas pu entrer à Ghaza. Le procureur de la CPI a indiqué que dès le début de son mandat en juin 2021, il avait mis en place « pour la première fois une équipe dédiée pour faire avancer l'enquête sur la situation dans l'Etat de Palestine», précisant que « le Bureau a collecté un volume important d'informations». L'Afrique du Sud a précisé avoir déposé cette saisine avec «d'autres pays partageant les mêmes préoccupations», afin que la CPI porte «une attention urgente à la gravité de la situation actuelle». Pretoria «encourage, en outre, les autres Etats parties au Statut de Rome à se joindre à la saisine, ou à soumettre des saisines distinctes de manière indépendante », ajoute le communiqué de son ministère des Affaires étrangères. Royaume-Uni: plus de 100 rassemblements pro-palestiniens Les groupes pro-palestiniens à l'origine des manifestations pour le cessez-le-feu, auxquelles ont participé des centaines de milliers de personnes, ont annoncé qu'ils allaient organiser une centaine de rassemblements durant la journée de samedi en remplacement de la marche de Londres. Ainsi « plus de 100 événements pro-palestiniens exigeant un cessez-le-feu à Ghaza devraient avoir lieu à travers le Royaume-Uni », a annoncé The Guardian citant ces organisations. La même source indique que « des dizaines de milliers de personnes devraient assister samedi à des veillées, manifestations, pétitions, collectes de fonds et marches dans les arrondissements et villes de Londres, Birmingham, Cambridge, Liverpool et ailleurs, selon les organisateurs ». « Ce samedi, des gens ordinaires à travers le Royaume-Uni sortiront à nouveau pour montrer que la grande majorité soutient un cessez-le-feu », a déclaré Ben Jamal, directeur de la Campagne de solidarité avec la Palestine (PSC), l'un des principaux organisateurs de la marche, indique le journal. Par ailleurs, The Guardian affirme qu'un porte-parole des organisateurs de la coalition « Stop The War » a déclaré qu'une « manifestation nationale » sera organisée samedi prochain. « La marche nationale, organisée par le PSC aux côtés de Stop the War, de l'Association musulmane de Grande-Bretagne, des Amis d'Al-Aqsa et d'autres, reprendra à Londres le 25 novembre, les organisateurs affirmant qu'elle se poursuivra jusqu'à ce qu'il y ait un cessez-le-feu », ajoute le quotidien britannique dans son édition d'hier.