Un éditorial du journal nous rappelle que nous fêtons l'anniversaire des 29 ans du Quotidien d'Oran. En fait, c'était pour annoncer l'entrée dans la trentième année de sa création. Tout esprit malicieux et tortueux comme le mien ne pouvait se priver de saisir l'occasion pour une réflexion sur l'âge décalé d'une année. À sa lecture, un sourire affectueux, car il est plutôt habituel de commémorer un anniversaire à la date de fin d'un décompte. L'annonce dès l'entrée dans la trentième est touchante, comme une impatience à y arriver, mais surtout la satisfaction d'y être arrivé. Qui n'a pas répondu dans son enfance à la question « quel âge as-tu » ? « J'ai huit ans et demi ». La demi année indiquant une impatience mais aussi une fierté d'un avancement dans la maturité. L'enfant n'a pas encore la faculté de comprendre qu'il est en fait dans sa neuvième année, ce qui lui aurait évité l'effort de paraître plus âgé. Au lycée, il s'arrachera les cheveux pour ne pas faire une confusion assez commune. Bon sang, dira-t-il, pourquoi dit-on le dix-huitième siècle alors qu'on énonce les dates avec un 17 comme 1789 ? Mais au fait, pourquoi un anniversaire ? L'origine du mot était en relation avec la temporalité annuelle. Dans son étymologie latine, l'anniversaire est Annus versus, le moment où « verse l'année », soit un basculement, un passage. Par extension, l'anniversaire d'une personne ou d'un évènement peut être à n'importe quel moment de l'année. La symbolique d'un anniversaire est celle de la réunion d'un groupe qui partage un souvenir commun. C'est un moment de communion avec des personnes qui ont vécu la même période. Pour un journal, c'est une occasion de rassembler des personnes qui ont partagé une période de travail et de sentiments autour du beau projet de la publication journalière. L'anniversaire est par définition la célébration d'une époque déjà passée. Avec l'éditorial en question, proposant le souvenir de la vingt-neuvième année, l'équipe du journal regarde symboliquement vers l'avenir puisque la trentième est devant. Quel que soit l'accord ou non avec la ligne éditoriale d'un journal, on se doit de féliciter le travail d'un groupe et leur souhaiter de vivre de nombreux anniversaires dans les décennies futures. En cadeau d'anniversaire, j'ai été rechercher sur Internet la signification du nombre 30 en numérologie. J'en en tire deux tout à fait en relation avec le journalisme : « Le chiffre 30 émane d'une énergie joyeuse, créative et communicative. Il fusionne les vibrations du chiffre 3, qui symbolise la créativité, la communication et l'expression, avec celles du chiffre 0, représentant le potentiel infini et la connexion avec l'univers ». Puis une autre : « La notation -30- est utilisée par les journalistes en Amérique du Nord pour indiquer la fin d'un communiqué de presse ou d'une histoire ». Pour Le Quotidien d'Oran, 30 sera le début d'une autre histoire.