Lorsqu'on appelle le Centre de radiothérapie de l'hôpital Mustapha d'Alger, le secrétariat vous donne un rendez-vous pour juin 2012 ! le responsable du service d'oncologie de l'établissement le sait : « La majorité des patients décèdent avant ce rendez-vous ». Quant à ceux qui ont la chance de survivre jusqu'au commencement de leur traitement, de nombreuses interrogations persistent sur la pertinence de le débuter si tardivement. « On se demande si un traitement fait six mois après la chirurgie ou le traitement médical est réellement indiqué. Les délais de traitement sont totalement inacceptables d'un point de vue médical», soupire le praticien. En cause, la situation « calamiteuse » dans laquelle se trouve le service de radiothérapie. Ce dernier est d'ailleurs actuellement à l'arrêt et ne reçoit plus que les patients en consultation et ceux devant faire l'objet d'un contrôle. Cette suspension de l'activité de radiothérapie devrait perdurer jusqu'à la fin du mois et l'arrivée de nouveaux équipements. Cependant, pour les praticiens, cet arrêt ne se justifiait nullement et ils regrettent que les soins n'aient pas été poursuivis jusqu'à l'installation réelle des nouvelles machines.Cette mauvaise gestion de l'activité du CPMC ne pourrait peser que d'un faible poids si l'Algérie connaissait par ailleurs une offre de soins suffisante en radiothérapie. Mais, le pays reste au contraire marqué par une pénurie importante : il compte 13 appareils de radiothérapie pour 40 000 cancéreux et dans la plupart des centres, les difficultés se multiplient à l'instar de ce qui prévaut au CPMC. Aussi, selon le professeur Bouzid, sur les 28 000 malades qui nécessitent chaque année une radiothérapie, seuls 8 000 sont réellement traités. Une situation à laquelle s'ajoute la pénurie chronique de médicaments anticancéreux.Face à ces critiques, les ministères concernés se renvoient la balle, jouent sur les mots et minimisent la situation ou préfèrent encore se concentrer sur des annonces mirifiques. Ainsi, le secrétariat d'état à la Sécurité sociale a refusé d'accorder des bons de prise en charge à l'étanger sous le prétexte que l'offre de soins serait suffisante en Algérie. Le ministre de la Santé a pour sa part jugé que le centre Pierre-et-Marie-Curie n'était nullement fermé, mais qu'il attendait uniquement l'installation de nouveaux scan simulateurs. Djamel Ould Abbès a en outre profité de cette « mise au point » pour promettre que 57 nouveaux accélérateurs seraient prochainement installés en Algérie.