En 1985, le premier ministre et ministre de la Défense, Yitzhak Rabin avait justifié la libération de 1150 prisonniers en échange de trois soldats israéliens capturés au sud-Liban par ces mots : « Quand aucune option militaire n'existe, il n'y a aucun autre choix, que d'entrer dans des négociations et payer un prix. » C'est justement ce prix exigé par le Hamas que le premier ministre, Benyamin Netanyahou s'est décidé à payer, après de longues consultations avec l'ensemble des services reliés à la « sécurité d'Israël », notamment le Mossad qui c'est retrouvé vaincu dans tous les sens. Alors qu'en réalité le prisonnier de guerre se trouvait à deux pas de chez lui. Dans nos prochaines éditions nous publions le récit complet du lieu de cette captivité. Il ne faut pas s'y tromper : l'élargissement en particulier d'une partie du noyau dur des détenus, considérés comme des leaders, pose un problème sécuritaire, aussi bien à Israël qu'à l'Autorité palestinienne. Et il ne faut pas négliger le risque politique pris par le premier ministre, dans la mesure où un troc de ce genre est loin de faire l'unanimité dans l'opinion publique israélienne, principalement à droite, en témoigne les trois ministres qui ont voté contre l'échange, contre donc la libération de Guilad Shalit : Les racistes et sinistres criminels Avigdor Lieberman, Uzi Landau (Israël Beytena) et Moshe Ayalon (Likoud). Syvain Shalom (Likoud) a finalement choisi de suivre la majorité de ses pairs. Il faut s'incliner devant Hamas qui a su témoigner de détermination au moment décisif, pour tenir la promesse faite aux familles des détenus Palestiniens, voici un peu plus de deux ans, de ramener leurs fils dans le giron familial. Pour ce faire, le premier ministre Hania a mis le paquet. Ne jamais céder aux sionistes. Alors pourquoi Netanyahou a cédé maintenant, seulement maintenant ? Benyamin Netanyahou l'a expliqué à ses ministres en ouvrant la séance. « J'ai pris en compte tous les paramètres possibles. Je suis arrivé à la conclusion qu'une occasion se présente, qu'il faille la saisir, et que si nous la laissions passer, elle ne se représentera plus. Guilad Shalit ne retrouvera plus ses parents, ne retrouvera plus Israël. » De fait, la percée a eu lieu dans le courant du mois dernier. Grâce à une totale implication des autorités égyptiennes et en premier lieu les services de renseignements de ce pays. Jeudi dernier, les conditions de l'échange ont été paraphées au Caire par les parties concernées, pour être définitivement signées mardi matin. Entre-temps, le ministre de la Défense, Ehud Barak, s'était rendu chez le leader spirituel du mouvement Shass, le rav Ovadia Yosef, pour assurer un vote favorable des ministres de ce mouvement. Le prix à payer est dur pour les sionistes. 1027 prisonniers palestiniens, dont des gros calibres de la résistance palestinienne lors de la seconde Intifada, de ceux qui ont planifié, télécommandé la résistance armée, Dans un premier temps, 450 détenus seront libérés, dont 280 condamnés à la détention à vie. 110 pourront rejoindre leur domicile en Cisjordanie, y compris Jérusalem-est. Parmi eux, 55 membres du Hamas. 131détenus retrouveront la bande de Gaza avec, dans leurs rangs, des grosses têtes de ce mouvement, 27 détenues font partie de ce premier lot. Le deuxième, dans deux mois, comprendra 550 prisonniers. Il est à noter que Marwan Bargouti restera, lui, en prison. Dans l'attente d'une prochaine libération. De Damas, Khaled Meshal a présenté ce résultat comme une victoire capitale pour le Hamas. Il a dit vrai. Khaled Meshal a réussi face à Netanyahou, sans rien céder sur l'essentiel. D'une certaine manière, Le peuple palestinien saura s'en souvenir. Guilad Shalit, le soldat israélo-français sera, dans un premier temps, transféré au Caire où il sera pris en charge par des envoyés spéciaux du premier ministre. Dans la tente des parents du soldat, installé à proximité de la résidence officielle du chef du gouvernement, L'épouse du premier ministre sioniste Sarah, avait téléphoné, à Aviva Shalit, pour l'informer de « l'éminence d'une issue dramatique, mais heureuse de ce long calvaire subi et par leur fils et par eux-mêmes tout au long de ses cinq années de doute, d'incertitude ». Et dans la soirée, le couple Shalit était joint, par téléphone, par le président français Nicolas Sarkozy, qui a tenu a s'associer à leur joie. Guilad Shalit a passé, jusqu'à aujourd'hui 1935 jours, quelque part dans la bande de Gaza, mais de source officielles, il a été très bien pris en charge,il ne lui manquait rien, au point où il a sympathisé avec les trois membres de la résistance qui séjournaient avec lui dans le même lieu. En revanche ; Ron Arad , né le 5 mai 1958 , pilote sur un avion de chasse touché lors d'une mission de bombardement de civils Libanais au-dessus du sud-Liban le 16 octobre 1986, a été capturé par la milice libanaise Amal, puis transféré au Hezbollah. Des lettres de sa main ont été présentées en 1987. Les négociations entamées par Israël échouèrent en moins d'un an. Depuis plus rien. Selon certaines sources, il serait mort suite à un bombardement sioniste. Ehud Goldwasse, réserviste de 31 ans, et Eldad Reguev, 26 ans, ont été capturés le 12 juillet 2006 par le Hezbollah, provocant la seconde guerre du Liban selon le tsahal. Leurs dépouilles ont été restituées contre quatre membres du Hezbollah, dont Samir Kuntar, purgeant depuis trente ans une peine de prison à perpétuité. Joseph Fink et Rahamin Alsheikh ont été capturés lors d'une embuscade le 17 février 1986. Leur libération est intervenue 10 ans plus tard le 1er juillet 1996 lors d'un échange avec le Hezbollah. Elchanan Tenenbaum (né le 12 août 1946), ancien colonel de Tsahal, mais homme d'affaires peu scrupuleux, a été attiré à Beyrouth par des agents du Hezbollah. L'annonce de son arrestation a été annoncée le 16 octobre 2000. Il a été libéré en janvier 2004 contre 435 prisonniers libanais. Le troc comportait aussi la restitution des dépouilles de trois israéliens, tués lors d'une embuscade à la frontière israélo-libanaise. En 1985, Israël a relâché 1150 prisonniers palestiniens, contre 3 soldats israéliens capturés au Liban, 10 ans auparavant par le Hezbollah, ainsi que les corps de 123 prisonniers. L'Armée des traitres du Liban Sud a libéré, pour sa part, 20 prisonniers du Hezbollah détenus à Khiam et 25 autres détenus, contre 19 soldats de l'ALS. Yitzhak Rabin, 1er ministre et ministre de la Défense avait été durement critiqué alors par l'ensemble de la droite israélienne. Voici dans ce qui suit le processus de négociation contenu dans le rapport Secret du Mossad : Mossad-file révèle que des clauses secrètes de la transaction pour la recouvrance de la liberté du soldat israélien, que le Hamas a maintenu caché durant 5 ans, ont été finalisées entre les Etats-Unis, l'Egypte, Israël et le Hamas, lors des visites du Secrétaire américain à la Défense, Léon Panetta, en Israël et en Egypte, les 3 et 4 octobre. Ces clauses, négociées directement entre Panetta et le chef politique du Hamas, Khaled Meshaal, entraînent la fermeture des quartiers généraux du Hamas à Damas, dans le but de miner le Président Bachar al Assad, l'Iran et le Hezbollah et de réduire leur mainmise sur les Palestiniens. Meshaal, qui a visité Téhéran il y a une semaine, a accepté de diminuer graduellement ses liens avec l'Iran, en échange d'un parrainage américain du Hamas. Netanyahou a déclaré à ses ministres qu'il avait été confronté à un grave dilemme entre le fait de secourir le soldat israélien et la sécurité nationale, et que l'équilibre avait été particulièrement difficile à atteindre. Mais que son engagement à sauver Guilad était absolu. La « fenêtre d'opportunité » qui se présentait actuellement pourrait ne plus se reproduire, a-t-il averti, étant données les turbulences qui agitent le Moyen-Orient. Il a, par conséquent, demandé aux Ministres leur soutien unanime à cet échange. Au cours de la rencontre du cabinet, trois ministres, Silvan Shalom, Moshe Ya'alon et Avigdor Lieberman, ont exprimé des réserves au vu du haut risque que représente de relâcher autant de terroristes. Cette fenêtre, selon Mossad-file, correspond à l'arrangement qu'a trouvé l'Administration Obama avec les dirigeants du Hamas et leurs parrains, les Frères Musulmans égyptiens, en accentuant leur désaccord avec Téhéran. Le Premier Ministre a remercié le gouvernement égyptien et leurs agences de renseignement pour leur haute contribution dans l'atteinte de cet accord. Il a aussi exprimé son appréciation pour les efforts du médiateur allemand et de la Chancelière Angela Merkel, qui ont apporté au processus leur soutien sans réserve. Tout comme l'arrière-plan diplomatique menant à la libération de Gilad Shalit, Mossadfile dévoile, de plus, que, reconnaissant la puissance électorale montante des Frères Musulmans en vue des élections parlementaires à venir, le mois prochain, l'Administration Obama est entrée en phase de dialogue actif avec leurs dirigeants pour les éloigner de Téhéran et les ramener plus près de la junte militaire gouvernante et de Washington. Peu de temps après que Panetta soit arrivé au Moyen-Orient, un diplomate américain a révélé que des responsables américains s'étaient rendus au Caire, le 2 octobre, pour des pourparlers avec les représentants des Frères Musulmans. La partie américaine était dirigée par Prem G. Kumar, le Directeur du Conseil de Sécurité National pour les affaires israéliennes et palestiniennes à la Maison Blanche. C'était le premier indice que la Maison Blanche cherchait un arrangement, non seulement avec la confrérie musulmane, mais aussi avec sa filiale du Hamas, dont une partie correspond à la libération du soldat israélien. Deux jours plus tard, le 4 octobre, le Secrétaire américain à la Défense est parvenu à sceller l'accord, alors que dans une autre partie du Caire, le représentant personnel du Premier Ministre israélien, David Meidan et le Commandant de la branche armée du Hamas, les brigades Azzeddine el Qassam, Mohammed Jabry, mettaient au point le minutage de l'échange de prisonniers pour la libération de Shalit. Netanyahou a fait référence au prix élevé payé par Israël en termes de sécurité, s il a aussi payé un prix politique important : l'acceptation par Israël du rapprochement des Etats-Unis avec les Frères Musulmans égyptiens – dorénavant, tout en doutant au plus haut point de la formule de l'Administration Obama parlant d'une « force musulmane modérée ».