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Le moudjahid Hadj Belkacem Benzaza à Réflexion
POUR UNE PRESERVATION DE LA MAISON DE MOULAY CHERIF
Publié dans Réflexion le 12 - 11 - 2011

Il est extrêmement important de se projeter par l'esprit dans le passé, si nous supposons que ce haut lieu de mémoire serait apparut quelques part ailleurs, que dans notre cité pour nous rechercher à travers les hommes et nous rappeler à leurs souvenirs, afin que chacun puisse s'y recueillir en leur nom. La mémoire est un passé qui reconduit éternellement à l'héritage des hommes et dans ce contexte nous pouvons dire que nous avons été emportés par le changement, pour oublier jusqu'à ces lieux chargés de mémoire.
Selon El Hadj Belkacem Benzaza ancien moudjahed et qui a bien voulu témoigner : « Au-delà des spécificités culturelles, Mostaganem a une histoire singulière et riche de par les lieux qui ont été à l'origine de son historicité et sa relation entre son histoire et la mémoire. L'Histoire et la mémoire, sont liées au passé des hommes et de la citoyenneté et constituent un exemple emblématique de cette réflexion sur celle-ci , qui est d'autant plus intéressante que la réflexion pour s'interroger sur la notre ou encore celle du patrimoine, devenant ainsi un enjeu mémoriel qui est également prégnant dans les Etats-nations postcoloniaux et qui ont été influencés par les multiples versions. Il nous dira à ce propos : « Avant de parler des hommes, il faut parler de ce lieu tellement chargé d'émotion qu'il m'est difficile de décrire l'état d'esprit qui se conjugue en moi, maintenant que je vous en parle, mais aujourd'hui est une occasion pour moi vu mon âge de dire tout simplement que c'est un retour aux sources et je remercie Dieu de vous avoir envoyé, il était temps pour que les générations prennent acte. Vous savez nous dira-t-il, les revendications pour la réhabilitation de certains lieux de mémoires peu accessible au grand public, exige la contribution de tous pour remettre en cause le quasi-monopole des historiens (au sens académique) sur un passé, qui appartient aux mostaganémois et au peuple algérien. Si l'histoire se définit comme une tentative de reconstitution des faits du passé, elle doit fusionner avec les témoignages en plus de celui de l'historien qui est appelé à éclairer les générations par le biais de la mémoire de survivants ce qui n'est pas un moindre aspect de ce débat histoire/mémoire. Aussi l'absence remarquée, de ces lieux ou plus exactement la mise à l'écart, qui se veut une nouvelle approche de l'histoire d'Algérie elle-même significative des difficultés du « travail historien » et de ses relations avec la mémoire pour des générations même revisitée, a faussé celle-ci. Et de poursuivre, les quelques rares fois où l'on fait allusion c'est pour la renvoyer dans les marges de l'histoire à travers des formulations elliptiques qui ne relèvent pas simplement « d'effets de plume ou de pensée », mais d'appréciations qui traduisent une marginalisation systématique de certaines pages de l'histoire de Mostaganem et du Dahra. Les Lieux de Mémoire se présentent avant tout comme une entreprise de réécriture de l'histoire mettant en lumière et célébrant même « l'originalité, la spécificité et l'exceptionnalité des hommes. Le passé étant considéré comme révolu pour certains, on en est radicalement coupé des Lieux de Mémoire après plus de 49 ans d'indépendance ce qui nous renvoie à la maison de Moulay Cherif ici même ou vous vous trouvez » Le propriétaire de cette maison c'était Moulay Cherif, mais de son vrai nom Bekhlouf Aek, était un grand militant nationaliste et ce dès les années 40, avec Ould Aissa Belkacem, Hadj Maamar Benbernou et d'autres et c'est dans cette maison qu'avait été reçu en 1936 Messali El Hadj lors de sa venue à Mostaganem, pour un meeting qui a marqué les Mostaganémois à cette époque, car après Mostaganem il y a eu le fameux discours du 2 Août 1936 et ou il avait dit : « Cette terre n'est pas à vendre en prenant une poignée de terre, il ne reste pour le français que la valise ou le cercueil ». Après les évènements qui se sont succédés et ce à partir de cette année la dissolution du PPA, et la deuxième guerre mondiale tout cela avait bouleversé le monde mais est-il que les nationalistes continuaient à activer dans la clandestinité étant jeune je me rappelais, car en ce qui me concerne c'est en 1940 que j'ai adhérer au PPA et c'est grâce à Moulay Cherif. En 1945, comme chacun le sait il y a eu les évènements du 8 mai d'où les massacres perpétrés par la France contre les populations civiles de Sétif, Kherrata et Guelma. Ce 8 mai 1945, les nationalistes à Mostaganem avaient organisé une manifestation, qui partira de la Place Souika de Tijditt sur ordre du PPA, avec banderoles et inscriptions ou l'on pouvait lire ; (Indépendance de l'Algérie… Libérez Messali « Nous n'étions pas nombreux au départ, mais plus on avançait vers le centre ville plus les citoyens nous rejoignaient et les rangs grossissaient au fur et à mesure et comme vous l'avez rappeler dans vos éditions précédentes que je suis avec attention : il y avait, Hadj Mohamed Bezahaf, Hadj Mohamed Belahouel, Hadj Mohamed Mezadja, Hadj Djelloul Nacer, Fellouh, Benaissa Aek, Ahmed Berber et Laredj Malti, Moulay Cherif Merzoug Salah , Ould Aissa Belkacem, Cheikh Belketroussi, cheikh Ben Eddine et Larbi Benyagoub et je peux vous assurez une chose c'est que 1936, 1940 et 1945 marqueront à cette époque les mostaganémois. Toutes les rencontres importantes qui ont précédés 1954, se sont faites dans la maison de Bekhelouf Abdelkader dit Moulay Cherif située au niveau de la rue 21 n° 135 à Tjditt « El Meksar » Ce lieu historique aura abrité d'imminente personnalités, pour se rappeler la première fois où Larbi Ben M'hidi est venu, si j'ai bonne mémoire, il est allé voir Benyahia Belkacem dans son salon de coiffure pour lui indiquer l'adresse, tout en lui disant que ce n'est pas lui qui l'avait envoyé, même si le Chahid connaissait déjà, Ben M'hidi. Aussi faut-il citer les autres personnalités, qui ont fréquenté ce lieu historique, tels que Hadj Mohamed Benalla, Ahmed Zabana, Hadj Mohamed Benzahaf, Benyahia Belkacem, Blaoui Abdelkader, Si Benaouda et Ould Aissa Belkacem, Benayad Bendehiba, Kadi Bencheikh, Menkor, Ben Abdelmalek Ramdane et Si Brahim, Belhadji, Memchaoui, Filali Embarek, Amraoui, ces derniers venaient chez le chahid Benyahia Belkacem qui les emmenait dans le cabanon d'Ould Aissa Belkacem dont il avait la clef. D'autres s'y refugiaient tel que Si Benaouda qui avait été exilé et qui était resté plus de 6 mois dans cette maison. Entre 1950 et 1953, Larbi Benmhidi s'est réuni fréquemment dans la maison de Moulay Cherif et ce dans le cadre de la préparation de la lutte Armée, d'où son déclenchement le 1er novembre 1954. Pour ne pas oublier nous avions été arrêté en 1945 et emprisonnés dans la prison d'Oran et ce jusqu'en 1946 lors de l'amnistie, Moulay Cherif était avec moi, je vous dirais que Moulay Cherif sera l'objet de persécution et de plusieurs arrestations de la part de l'autorité coloniale qui ne la pas lâché constamment surveillé, d'ailleurs on se fera encore arrêté en 1947 pour interrogatoire mais relâchés. Dès 1950 les préparatifs avaient commencé car Larbi Ben M'hidi était continuellement en déplacement, d'où sa rencontre avec Moulay Cherif. Après Larbi Ben M'hidi, il recevra Hadj Mohamed Benalla qui était déjà recherché par l'administration coloniale et quelques jour après il viendra me voir pour me dire qu'il allait m'envoyer quelque chose avec quelqu'un, mais j'ignorais ce que c'était. La personne qui viendra de sa part était de Kristel du côté d'Arzew, il m'apporta un fusil de chasse que je devais remettre à Hellal Mohamed qui était déjà avec nous dans le mouvement national et qui à son tour devait la remettre à Bordji Amar. D'ailleurs nous étions préparés, du fait que nous avions commencé à cacher des armes blanches et des pistolets, que personnellement j'enterrais dans mon jardin. Une fois Bensaid Mohamed dit « Hamou El Meroqui » m'avait apporté un pistolet, quant à Moulay Cherif 2 fusils de chasse. Dès le déclenchement de la révolution, nous avons été arrêtés et on était plus de 25 personnes, car le coup d'éclat qui venait de se produire avait rendu les autorités françaises méfiantes tout en ayant des doutes sur nos actions et le commissaire nous traitâmes de salauds et de complices. Après cela, j'ai été désigné comme trésorier et je devais collecter des fonds pour les familles des personnes qui étaient en prison, à savoir : 205 000 frs de l'époque rien que pour les 41 familles de Sidi Ali « ex Cassaigne » à raison de 5000 frs par mois et par famille, Sidi Fellag 7 familles, militants du MNA 8, cet argent je le donnais à Merzoug Salah dont le contact au niveau de Sidi Ali était un greffier du tribunal de Sidi Ali et qui s'appelait Mchiche. En 1956 j'ai été arrêté et après avoir été torturé près de 15 jours dans les locaux de la police qui étaient situés au niveau de l'Avenue Raynal « Cherik Said » j'ai été interné à Bossuet, il me restait je me souviens 130 000 frs qu'heureusement j'avais remis à Kadi Bencheikh qui a pris la relève, j'ai été libéré en 1959, et continuer mes activités dans la clandestinité jusqu'à l'indépendance. A l'époque ou j'étais dans le camp de bossuet, Il y avait avec moi El Bey Mustapha, Hadj Maamar Benbernou, Ould Aissa Belkacem que j'ai trouvé avant moi, Djelloul Benderdouche avec un autre dont je ne me rappelle pas le nom, Hassane El Hassani dit « Boubegra », Aissat Idir et d'autres dont j'ai perdu leurs traces. Veuillez m'en excuser si je suis passé sur les détails, car si je devais vous raconter toutes les péripéties par où on est passé, il faudrait des journées entières, surtout en ce qui concerne ce lieu tellement historique d'où sont sortis des grands hommes dont la valeur est inestimable. Pour conclure, cette maison est un lieu qui rappelle tout un va et vient de ces chefs historique, et Moulay Cherif a été un fervent artisan de la lutte de libération national son œuvre se rapporte à sa démarche et ce lien vécu au présent éternel, et qui nous ramène à la seule source digne de produire de l'histoire. Aussi faut-il entretenir cette mémoire en préservant ce patrimoine qui est le bien du peuple et que celui-ci doit connaître, d'autant plus qu'il relève de cette distinction que l'on établit entre la mémoire et l'histoire des hommes, pour en faire un musée au nom de tous ces hommes.

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