L'Emir Khaled (petit fils de l'Emir Abdelkader) en tournée pour une propagande politique sur le nationalisme en Algérie a marqué son passage en 1921 à Mostaganem Tijditt place de Souika (quartier populaire). Il donna un discours politique à la population de l'époque, voyant des gens assis à même le sol sur des nattes des cafés maures, il leur proposa de fonder un Nadi Takafi (avec un comité directeur) pour se cultiver dans un local avec des chaises et tables pour les circonstances au lieu d'être assis sur des nattes, et faire adhérer vos amis. En 1926, une association a été mise sur pied avec le nom « Union Littéraire de Musulmans Mostaganemois » avec des membres de bureau, un secrétaire général et des adhérents. Une idée a germé, un groupe scout est né Parmi les membres de cette association quelque uns sur le vu en 1936 dans les actualités d'un cinéma (Journal Télévisé actuellement) le roi Farouk d'Egypte âgé de 16 ans habillé en tenue scout coiffé d'un fez (chéchia turque), croyant que seuls les européens avaient accès au mouvement scout, ils décidèrent de former un premier noyau pour fonder un groupe de scout à Mostaganem Tijditt ils étaient encouragés par leur collègues de l'union littéraire et d'autres amis, et le groupe Scout El-Falah est né au quartier populaire de Tigditt. Témoignage (2) Membres du premier noyau de la création du groupe scout El-Falah en 1936 à Mostaganem Membres du bureau : Betobdji Beghachem Emeziane Mahieddine Belhamissi Abdelkader Berriati Laredj Benkedadera Bensabeur Hachelaf Senoussi Bensi Ali Ahmed Benhaddouche Kadour Behalouch Abdelkader Premier comité directeur du groupe Scout : Président : Betobdji Beghachem il a représenté les SMA de Mostaganem au congrès d'El-Harrach en 1939 et c'est là ou est née la première fédération des SMA). Vice Président : Emeziane Mahieddine. Secrétaire : Belhamissi Abdelkader. Trésorier : Berriati Laredj. Les premiers chefs Scouts (Maîtrise) Commissaire local : Hachelaf Senoussi. Chef de meute : Nefoussi Benaouda. Chef de troupe : Benabdelhalim Harrag et Bekhalouf Belkacem qui devient commissaire local et chef spirituel du groupe Scout El-Fallah de Mostaganem jusqu'à son décès. Chef de clan (route) : Benabdelhalim Hocine. Morchid : Belhalouch Abdelkader Un président d'honneur : Docteur Bentami. Un comité d'amis Scouts : (en majorité des membres de l'association littéraire et des militants du PPA ainsi que d'autres amis). Premier local : mis à la disposition gracieusement sans contre parti aucune par le propriétaire Belbachir Boumediene dit Madani (ami Scout). Ce fut la création du premier groupe scout à MOSTAGANEM El-Falah Un comité constitué par des notables de la ville avec un président d'honneur fut mis sur pied vis-à-vis des autorités de l'époque pour bénéficier de la facilité et autorisation divers suivi d'une demande déposée auprès du ministère de l'intérieur du gouvernement français. Et c'est suite a une enquête très sévère et malgré les réticences des forces de l'ordre, un responsable contrôleur des associations de l'administration française fut dépêché par la préfecture d'Oran pour complément d'enquête, ayant constaté que les éléments de ce groupe pratiquaient effectivement le scoutisme dans les normes et non de la politique comme prétendait le service de police, il les a soutenu et appuyé leur demande en donnant son approbation. Un agrément a été délivré le 16 Octobre 1936 au nom des Scouts Musulmans El-Faleh, un comité d'ami scout fut mis en place pour encourager les nouveaux chefs scouts. Un grand parcours dans l'activité scoute du groupe a été réalisée, une délégation a participé au congrès de 1939 à El-Harrach par lequel est née la fédération des S M A. Sans oublier la participation aux rencontres, rassemblements jamborée en Europe, camps d'été (locaux, régionaux, nationaux), et la manifestation des évènements de Mai 1945 (départ à partir de Tigdit jusqu'au centre ville). Le local a entre autres reçus les visites d'hommes politiques de même que des chefs scouts illustres tel que Mohamed Bouras, Sadek El foul, Hammou Boutlélis, et d'autres. Nous rappellerons enfin que la majorité de ceux qui ont activité dans ce groupe ont été militants de la révolution (soit FLN ou ALN) et que bon nombre d'entre eux sont tombés au champ d'honneur. La fierté d'un scout de Mostaganem « Le scoutisme était une deuxième école » Benyetto Nacer fait partie de la génération né en juillet 62, c'est la génération de l'indépendance, il a fait du scoutisme dés l'âge de 7 ans au sein du groupe El Falah de Souika, qui était à l'époque encadré par les Yahiaoui, Kara, Boudraf, Tamasket, Nour-Eddine Karn…et la liste est tellement longue. Le scoutisme était une deuxième école à l'époque, les familles étaient nombreuses et les pères de familles qui travaillaient durement la plupart du temps comme dockers ou pêcheurs, n'avaient pas beaucoup de temps pour s'occuper de leurs progénitures et ils se retrouvaient souvent contraints à les envoyer faire du scoutisme. Au niveau de ces écoles de scoutismes, les enfants recevaient une éducation exceptionnelle et un renforcement de l'esprit nationaliste. A l'âge de 8 ans, on faisait des randonnées et des pique-niques nocturnes dans les fôrets, se rappelle Nacer, on passait la nuit sur place et on nous apprenait les vraies vertus de la vie cela nous rendait plus forts et plus aptes à affronter les difficultés de la vie. Les enfants apprenaient aussi quelques ficelles de la vie et notamment à faire des nœuds, ce qui leur donnait l'occasion de s'engager dans la marine ou d'opter pour le métier de marin pêcheur. Le scoutisme nous a rendu aussi des nationalistes. La levée des couleurs se faisait au niveau de la placette de Souika La placette de Souika baptisé « place des Martyrs » et appelée communément « El Kahira » (le Caire), était une belle placette, qui était la fierté des citoyens du quartier de Tijditt. A chaque occasion et date historique, les autorités de Mostaganem, les citoyens et les scouts procédaient à la levée des couleurs au milieu d'une ambiance formidable. Malheureusement rien de cela n'existe plus aujourd'hui, cette placette a été délaissée par les responsables locaux, les deux petits bassins ou jadis, il y avait des poissons rouges, ont carrément été rasés ainsi que le mat qui servait pour la levée des couleurs. C'est la désolation de voir cet endroit livré aux ordures et autres immondices qui jonchent le sol après le départ des vendeurs des fruits et légumes mais aussi de poissons. Notre interlocuteur estime que c'est un « crime » contre un symbole de Mostaganem et une place baptisée aux noms des martyrs, qui ont tout sacrifié pour ce pays, alors qu'on leur laisse un peu de dignité. Hommage à Aami Maazouz… Ce vieux à la peau brune foncée était un gardien bénévole de cette placette, il entretenait l'endroit et il faisait ce travail avec beaucoup d'amour, c'était un homme brave comme il en existe peu aujourd'hui. La place était le refuge des vieux retraités, qui venaient se rencontrer dans ce paisible endroit pour parler de tout et de rien, la propreté était éclatante et quand on voit son état aujourd'hui, cela nous donne envie de pleurer, tient à nous dire notre interlocuteur. Aami Maazouz a tellement pris soins de cette placette que le Bon Dieu a tenu à le récompenser, malgré le peu de moyen, il a réussi à faire son pèlerinage, il mourra à la Mecque au début des années 70 et dés qu'il disparu, la splendeur de cette placette a disparu avec lui et il ne reste plus que le nom…