Me rapportant à certains écrits d'Ahmad Moussa Hassanein, il serait inconcevable que le musulman fasse passer dans sa vie l'apprentissage du Coran en second. Ahmad Moussa écrit en substance : Il a été rapporté que le Messager d'Allah (bénédiction et paix sur lui) a dit : " Le meilleur parmi vous est celui qui apprend le Coran et l'enseigne " (rapporté par Bukhari et Tirmidhi). Le Messager d'Allah incite alors l'homme à étudier le Coran. Il s'agit bien sûr de savoir le lire, le psalmodier, le mémoriser, le comprendre et surtout appliquer ses préceptes. De plus, étudier le Coran pour soi-même n'est pas suffisant, le Messager d'Allah nous recommande aussi de transmettre nos connaissances sur le Livre Saint. En effet, d'après les Oulémas, l'apprentissage du Coran est un devoir collectif (et non individuel). Ils veulent dire que si et seulement si un nombre suffisant de personnes apprennent les sciences du Coran, les autres en seront dispensés. Autrement, tous les musulmans seront fautifs. Il incombe ainsi à chaque musulman d'apprendre le Coran dans la mesure du possible. Au sujet du Saint Coran, Allah Gloire à Lui dit : " Louange à Allah qui a fait descendre sur Son serviteur (Muhammad), le Livre, et n'y a point introduit de tortuosité (ambiguïté)! " (18 :1). Le Coran constitue une source de sagesse et du guidage, c'est bien la Parole d'Allah que nous adorons : " Nous suivons la religion d'Allah! Et qui est meilleur qu'Allah en Sa religion? C'est Lui que nous adorons " (2 :138). L'Imam Ibn Kathir rapporte que le fait d'apprendre le Coran et de l'enseigner est un signe de piété et du parfait. En étudiant le Coran, le croyant devient parfait en son âme, mais en l'enseignant, il participe à élever une autre âme au niveau du parfait. Ainsi, l'intérêt individuel se voit-il lié à celui collectif, à contre exemple de ceux qui restent indifférents et/ou qui cherchent à dévoyer les autres: " Ceux qui ne croyaient pas et obstruaient le sentier d'Allah, Nous leur ajouterons châtiment sur châtiment, pour la corruption qu'ils semaient (sur terre). " (16 :88) " Ou que vous disiez: ‹Si c'était à nous qu'on avait fait descendre le Livre que nous aurions certainement été mieux guidés qu'eux.› Voilà certes que vous sont venus, de votre Seigneur, preuve, guidée et miséricorde. Qui est plus injuste que celui qui traite de mensonges les versets d'Allah et qui s'en détourne? Nous punirons ceux qui se détournent de Nos versets, par un mauvais châtiment, pour s'en être détournés. " (6 :157) Quant aux vertueux, Allah l'Exalté dit : " Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit: Je suis du nombre des Musulmans? " (41 :33) Ainsi, à titre d'exemple, Abu Abdul'Rahman Abd'Allah Bin Habib Assalami a passé presque 70 ans à enseigner le Coran. Quand on lui demandait la raison de ce long parcours, il évoquait le Hadith : " Le meilleur parmi vous est celui qui apprend le Coran et l'enseigne " Il est donc temps que les pères et les mères se réveillent pour apprendre le Saint Coran aussi bien à leurs enfants qu'aux autres enfants. Allah l'Exalté dit : " Certes, ce Coran guide vers ce qu'il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de bonnes œuvres qu'ils auront une grande récompense " (17 :9) Laissant Ahmad Moussa et passons chez nous, en Algérie, pour constater ce qu'il en est réellement sur le terrain. Dès l'âge de quatre ans, l'enfant est envoyé à l'école coranique chez ce maître qui se chargera de l'apprentissage des premières sourates du saint Coran, avant que celui-ci n'apprenne à lire et à écrire. La fréquentation dès l'âge de six ans de l'école publique ne l'empêchera point de poursuivre l'apprentissage des sourates du livre saint. C'est ainsi qu'après l'école, la règle est que le môme soit à l'école coranique, et également les jours où il n'a pas classe et les jours fériés. Le salaire du maître est à la charge des parents d'élèves et sont dispensés, en général, les orphelins et les démunis. Ceci dit, nous traitons de ce qu'il en est, à quelques exceptions près, dans l'Algérie profonde. Plus encore, concernant cet apprentissage, les zaouias ont bien leur mot à dire. Ainsi, lors des dernières rencontres des zouias à Mostaganem, au printemps 2008, où les intervenants n'ont pas manqué de présenter leurs expériences en la matière, le Professeur Mekki Salah, a étonné l'assistance quant à sa « façon » de procéder. De son expérience de professeur d'anglais, le Cheikh de la Zaouia de Bermadia, dans la wilaya de Relizane, a tiré les méthodes qui font que l'élève, généralement un adolescent, apprenne les soixante chapitres en neuf mois et pas plus. Selon le cheikh Salah, sa zaouia n'a jamais reçu d'aide de l'état et nous nous imaginons bien les conditions de vie de ses ouailles grâce au bénévolat des citoyens de la contrée. Si aide du gouvernement, il y aura, et que les conditions de vie des élèves s'amélioreront pour mettre un accès aux outils pédagogiques modernes avec un statut de l'étudiant en apprentissage du Saint Coran, Cheikh Mekki, aura à défier le temps et il en est capable pour diminuer la période de neuf mois qui certainement lui paraît bien longue. Plus étonnant encore, selon certains cheikhs de zaouias, des élèves venant de diverses contrées, tel ce jeune venu de Sour El Ghozlane dans la wilaya de Bouira pour étudier à Fornaka dans la wilaya de Mostaganem et ces copains venus de Kabylie ne parlant point arabe courant pour étudier à Béchar, s'intègrent facilement pour arriver à accomplir cette noble mission pour la fierté de leurs parents et leurs proches. C'est dire qu'en Algérie, le milieu coranique est favorable à la noble mission d'apprendre et faire apprendre le livre saint. Si l'on se réfère à la passion de certains d'apprendre les saints versets, nous citerons ces pères de famille, dont l'un dépasserait les soixante-dix ans, Hadj Ahmed, qui chaque jour après la prière du maghreb, se retrouvent dans cette mosquée encore en construction sise au quartier Emir Abdelkader de Mostaganem, pour apprendre par cœur les sourates à partir de sourate El Baqara. Le hic, c'est que Hadj Ahmed et Hadj Miloud, avec leurs barbes blanches, s'y mettent sans avoir à écrire ce qu'ils comprennent bien, car ils n'écrivent pas et ne lisent pas l'arabe. Et pourtant, ils vous expliquent bien ce qu'ils récitent. M. Abdelhadi, un francisant, professeur de mathématiques que rien n'arrête, s'est mis à la langue arabe et au Coran et dit enfin trouver ce qu'il cherchait depuis longtemps. Chaque vendredi, le jeune imam, efface ce tableau auquel se sont habitués les vieux pour un nouveau huitième de hizb. Un élève, pas jeune du tout, lors d'une cérémonie religieuse, présenta son fils âgé de d'à peine quatre ans, incollable dans ce qu'il apprit avec les vieux comme versets. La preuve y est que la valeur n'attend pas le nombre d'années et que le sacré a encore de beaux jours devant lui en Algérie. Apprendre le saint est chose bénie par le Créateur. Il suffit de s'y mettre pour en récolter les fruits dans ce bas monde et dans l'au-delà. Dans certaines familles, depuis des temps immémoriaux, on se fait une priorité l'étude du Coran. L'apprentissage se fait de père en fils. La foi n'en sortira que renforcée avec le saint Coran avec soi dans le cœur et l'Algérie pas ne manque d'exemples de valeureux qui, grâce à cette foi, souffrirent le martyre, se sacrifièrent et perdirent âmes et biens pour la cause de l'Islam. Nous citerons Cheikh El Haddad, Mokrani, Ben Badis, l'érudit et soufi émir Abdelkader et encore plus près de nous, ces milliers de chouhada qui avant d'être des combattants de la liberté, furent des tolba et élèves dans de prestigieuses zaouias dont les zaouia Rahmania, Kadiria, Tidjania… Qu'en est-il de l'apprentissage du saint Coran dans le monde ? En un mot, il n'y est pas de pays dans le monde où l'on apprend pas le Coran. De la Suède aux Etats-Unis d'Amérique en passant pas le Maroc et l'Indonésie, de gros moyens sont mis en branle pour la sainte mission. Et l'informatique s'y est mise avec ces outils extraordinaires que sont l'ordinateur et l'internet. « Apprenez le Coran, vous en serez ravis et verrez ce que ça change la vie dans le sens positif, s'accordent à vous dire tous ceux qui s'y sont mis grands et petits, hommes et femmes ».