Pour la conquête totale de l'Algérie, Bugeaud mena à partir de 1841 une « guerre de ravageur » fondée sur la razzia et la dévastation systématique des régions insoumises. En 1845, la guerre reprend un peu partout dans les « régions pacifiées » à l'appel des confréries. Bou Maza avait enflammé le massif du Dahra en se présentant comme un « mahdi » (envoyé du Prophète) ou chérif (descendant du Prophète). A Orléanville, le 11 juin 1845, Bugeaud conseille ceci à ses subordonnés pour réduire la résistance des populations de la région du Chélif: « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas! Enfumez les à outrance comme des renards. » La répression est rapide et rigoureuse: le colonel Pélissier n'hésite pas à asphyxier plus de 1 000 personnes, hommes, femmes et enfants, des Ouled Riah, qui s'étaient réfugiées dans la grotte de Ghar-el-Frechih75 dans le Dahra (triangle Ténès, Cherchell, Miliana). Un soldat écrit: « Les grottes sont immenses; on a compté 760 cadavres; une soixantaine d'individus seulement sont sortis, aux trois quart morts; quarante n'ont pu survivre; dix sont à l'ambulance, dangereusement malades; les dix derniers, qui peuvent se traîner encore, ont été mis en liberté pour retourner dans leurs tribus; ils n'ont plus qu'à pleurer sur des ruines. » Après son forfait, Pélissier répond à quelques bonnes consciences inquiètes: « La peau d'un seul de mes tambours avait plus de prix que la vie de tous ces misérables. » Le prince de la Moskowa, fils du Maréchal Ney, fait une interpellation à la Chambre des Pairs. Cela n'empêche pas Pélissier d'obtenir son bâton de maréchal et d'être nommé gouverneur général de l'Algérie de 1860 à 1864. Le 12 août 1845, Saint-Arnaud à son tour, près de Ténès, transforme d'autres grottes « en un vaste cimetière » , « cinq cents brigands » y furent enterrés.