Depuis presqu'une année, jour pour jour, les pénuries de carburants et les embellies se succèdent en alternance dans les 60 stations-service de la wilaya de Tlemcen avec, toutefois, une durée plus longue pour les crises. Il y a trois mois, la pénurie avait touché quasiment tous les carburants hormis le gaz de pétrole liquéfié (GPL), ce qui a engendré une perturbation sans précédent d'autant plus que la crise avait touché plusieurs wilayas de l'Ouest. Si pour les autres produits, à l'exemple de l'essence ordinaire, le super et le sans plomb, la situation a commencé à se normaliser après un peu plus d'un mois pour s'estomper par la suite, les utilisateurs du gas-oil ont continué à endurer leur mal en patience en suivant les longues files et en attendant longtemps avant d'être servis. Ainsi les « chaines » quotidiennes créées devant les pompes distribuant du gas-oil n'ont jamais disparu depuis la fin du mois de décembre de l'année écoulée même s'il arrive, parfois, qu'elles soient réduites un peu. Ces files sont visibles, sans cesse, à proximité de toutes les stations lorsque les pompes ne sont pas à sec. Les autres automobilistes dont les véhicules roulent avec d'autres types de carburants se sont débarrassés durant plus d'un mois de la hantise de devoir attendre longtemps pour faire le plein. Il ne leur fallait plus, en effet, que quelques minutes pour s'approvisionner et quitter les stations pour aller vaquer normalement à leurs occupations quotidiennes. Depuis une semaine, cependant, les files de voitures ont, peu à peu, commencé à s'allonger devant les stations-service au grand dam des automobilistes qui voient resurgir le spectre de la pénurie de carburants, un temps oubliée. La station d'El Koudia, la plus importante de la wilaya, située à quelque six kilomètres au Nord de la ville de Tlemcen est sans doute le baromètre de la situation sur le front des carburants à l'échelle de la wilaya. Lorsque les files d'attente commencent à grossir au niveau de cette station, il faut comprendre que cela est annonciateur de la pénurie car l'augmentation du nombre de véhicules signifie que les petites stations ont consommé leur stock et qu'en conséquence elles doivent fermer en attendant d'être approvisionnées. Mercredi dernier, la station Naftal de Remchi, l'une des plus importantes de la wilaya elle aussi, était pleine à craquer car tout le grand espace était occupé par les files de véhicules. Pour les demandeurs de gas-oil, les files s'étendaient jusqu'à l'accotement du tronçon d'évitement de la RN 22, une scène devenue quasiment quotidienne depuis trois mois. Le fait nouveau, c'est la file d'attente imposée à ceux qui voulaient s'approvisionner en « sans plomb ». Cela faisait déjà une semaine que la seule pompe distribuant ce produit était de plus en plus sollicitée ; mais, ce jour-là, la demande était tellement forte que les postulants au « sans plomb » étaient contraints de suivre une file infiniment longue. Ce qui a fait dire à un automobiliste d'un certain âge: « Depuis, un bon bout de temps, nous sommes habitués à voir les files d'attente s'allonger et, partant, à attendre assez longtemps avant de pouvoir faire le plein, mais la file d'aujourd'hui, je ne l'ai jamais vue auparavant. J'ai dû attendre 2h 30 avant que mon tour n'arrive et qu'on me dise que je ne pouvais remplir qu'une quantité équivalente à 600 Da. Tout ce temps interminable et même pas le plein, c'est frustrant ». Beaucoup ne manquent pas de se poser la question suivante : « De quoi seront faits les prochains jours ? ».