On apprend de sources informées que 9 harraga ayant mis les voiles vendredi dernier vers la rive nord de la méditerranée, sont arrivés sains et saufs sur le territoire espagnol. L'information est confirmée par ailleurs par les membres de la famille d'un des émigrants. Les clandestins ont pris le large à partir de la région du village littoral connue sous le nom de Petit-Port, non loin d'ailleurs du port de pèche de la localité attachée administrativement à la commune de Sidi-Lakhdar sise à 50 kilomètres à l'est du chef lieu de la wilaya de Mostaganem, en dépit de la surveillance accrue que les pouvoirs publics ont instauré par le biais des gardes de côtes, gendarmerie maritime et la garde communale qui sillonnent la grande bleue ainsi que les rivages. Les neufs clandestins munis d'une centaine de litres d'essence de quelques bouteilles d'eau et de sandwichs, avaient quitté le sol à la faveur de la nuit la soirée de vendredi à samedi à bord d'une felouque de 4 mètres dans laquelle, ils se sont entassés. Leur unique guide, outre un pêcheur comme le veut la tradition de la ‘harga', fût un appareil GPS qu'ils avaient réglé sur la position d'une ville espagnole dont les concernés ont tu le nom par peur que leur sort soit divulgué à la presse par les leurs et leurs amis devant le rigorisme de la garde espagnole dans sa lutte contre le fléau de l'immigration clandestine. A noter également que les neufs aventuriers dont deux seulement sont originaires de la wilaya de Mostaganem, alors que les autres sont d'autres wilayas avoisinantes, avaient bénéficié des services d'un réseau spécialisé dans l'émigration clandestine. « Des personnes qui ne se connaissent pas et qui convergent vers un lieu donné pour quitter clandestinement le bled, doivent absolument être entre les mains de gens spécialisés en la matière », dira un habitant de la localité. La place fût payée à raison de plus de 6 millions de centimes, y compris pour un adolescent qui n'a pas encore atteint les quinze ans, à l'exception du guide qui avait payé la moitié de son « one ticket ». Au demeurant, il est utile de mentionner que l'affaire de ce nouveau ‘boat people' coïncide avec l'arrestation de 18 clandestins arrêtés par la garde espagnole et qui ont été mis dans le camp dit ‘des immigrants clandestins' dans la ville de Murcie, alors qu'aujourd'hui lundi, la cour de Mostaganem va vivre au rythme d'un procès au sujet de haragas interceptés par les gardes côtes algériens. En tous cas, plus qu'un phénomène, l'émigration clandestine semble avoir bien l'air en poupe à la faveur de l'autre temps clément. La traversée à bord d'une felouque munie d'un moteur de 25 à 30 chevaux, prend la durée de 12 à 14 heures.