Le régime de Mouammar Kadhafi avait accepté en 2006 de financer à hauteur de « 50 millions d'euros »la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. C'est ce qu'affirme un responsable libyen dans un document signé, publié samedi par le site français d'information Mediapart. La campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 a-t-elle été financée par l'argent de Mouammar Kadhafi? «S'il l'avait financée, je n'aurais pas été très reconnaissant», avait ironisé Nicolas Sarkozy le 12 mars dernier sur TF1, en référence à la guerre menée contre le régime libyen en 2011. Pourtant, ce samedi, le site Mediapart produit un document qui jette le trouble. Il s'agit d'une note datée du 10 décembre 2006, issue selon le site Internet des archives des services secrets libyens et fournie par d'«anciens hauts responsables du pays, aujourd'hui dans la clandestinité». Signée de Moussa Koussa, un dignitaire du régime libyen, elle fait mention d'une décision de la dictature «d'appuyer la campagne électorale du candidat à l'élection présidentielle, monsieur Nicolas Sarkozy, pour un montant d'une valeur de cinquante millions d'euros». Le document est adressé à Bachir Saleh, l'ex dirigeant du fonds souverain libyen. La preuve que ces 50 millions d'euros ont été effectivement versés n'est pas apportée, et, alors que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy font état de recettes légèrement supérieures à 21 millions d'euros, il est difficile d'imaginer la destination d'une telle somme d'argent, en tout cas dans le cadre strict de la campagne présidentielle. Mais cette note en apparence officielle s'ajoute à d'autres éléments. Le 12 mars, Mediapart avait déjà révélé l'existence d'un autre document évoquant un tel financement. Et avant le déclenchement des opérations militaires en Libye, le fils du dictateur, Saïf Al-Islam Kadhafi, avait lancé un avertissement énigmatique. «Il faut que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale», avait-il affirmé. Ziad Takieddine, qui fut au cœur de nombreux échanges entre la Libye et la France jusqu'à la veille de la guerre de 2011, estime que le document est crédible, selon son avocate citée par Mediapart. L'homme, qui a mis en cause Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises ces derniers temps, y voit la preuve d'une «affaire d'Etat». L'Elysée n'a pas répondu aux accusations de Mediapart, mais Brice Hortefeux, dont le nom est cité, affirme n'avoir jamais rencontré ni Moussa Koussa, ni Bachir Saleh. Dans l'après-midi, plusieurs socialistes ont réclamé «l'ouverture d'une information judiciaire et la désignation d'un juge indépendant».