La victoire de la gauche au présidentielle après une longue absence a été fêtée sur fond de polémique. En, une fête et une célébration qui laissent un goût amer à certains responsables de la droite et de l'extrême droite française. Un membre du gouvernement de François Fillon et des dirigeants du Front national de Marine Le Pen ont dénoncé, lundi 7 mai, la présence de « drapeaux rouges et étrangers » et « algériens », lors du rassemblement tenu place de la Bastille à Paris pour célébrer la victoire du socialiste François Hollande. Louis Aliot, vice-président du FN et ex- directeur de campagne de Marine Le Pen, dégaine en sur la radio France Info. Le numéro deux du FN et compagnon de Marine s'est déclaré « surpris » par la présence « d'autant de drapeaux étrangers pour saluer la victoire de M. Hollande ». « J'ai beaucoup vu de drapeaux algériens, ce qui prouve bien que la communautarisation de la société française n'est pas une utopie, ni une vue de l'esprit mais qu'elle est une réalité », a-t-il ajouté. Sur son compte Twitter, Florian Philippot, porte-parole de la campagne de Marine Le Pen, a indiqué que lui aurait « aimé voir un peu plus de drapeaux français hier à la Bastille ». Même son de cloche, même tonalité chez un autre responsable du Front. « François Hollande est bien le président des étrangers à qui il donnera dans peu de temps le droit de vote. Mais ne jetons pas la pierre au nouveau président, il y a cinq ans nous assistions à ce même spectacle déplorable à la Concorde » pour Nicolas Sarkozy, a jugé le secrétaire général du FN, Steeve Briois, dans un communiqué. Du pain béni pour Nadine Morano ne s'est pas faite prier pour saisir au vol les propos des responsables du Front national. Sur Europe 1, la ministre de l'Apprentissage a indiqué avoir éprouvé « un drôle de sentiment » après avoir vu « très peu de drapeaux bleu-blanc-rouge ». « J'ai ressenti un drôle de sentiment hier soir lorsque je regardais la télé, mis à part le discours creux de François Hollande, c'était de voir la place de la Bastille avec très peu de drapeaux bleu, blanc, rouge, beaucoup de drapeaux rouge, et puis également beaucoup de drapeaux étrangers », a-t-il expliqué. Dans cette œillade au Front, Nadine Morano se dit même inquiète pour l'avenir de la France. « Quand je vois ça, ça ne me rassure pas beaucoup et je me dis (...) quelle est la France qu'on va nous construire avec le droit de vote des étrangers ? Nous nous battrons parce que nous ne voulons pas de ce droit de vote des étrangers », a-t-elle poursuivi. « J'ai trouvé que, franchement, cette démonstration hier n'était pas engageante, ni réjouissante pour la France que nous avons à construire. D'où la vigilance que nous aurons à faire respecter nos valeurs, notre engagement, nos convictions à l'UMP », a conclu la ministre. A cinq semaines des législatives françaises, le Front national reste fidèle à ses thématiques contre l'immigration alors que la droite tente de brouter dans les pâturages du parti de Mme Le Pen. Réplique cinglante du maire d'Evry, Manuel Valls, lui-même d'origine espagnole (il est né à Barcelone), qui tacle celle que l'on surnomme la pasionaria de Nicolas Sarkozy, celle qui lui jure fidélité jusqu'à la mort. J'ai passé toute la soirée à la Bastille (...) Je n'y ai pas vu Nadine Morano », a répondu sur la même radio le directeur de campagne de François Hollande avant de renvoyer la ministre dans les cordes. Je n'ai pas pu voter en 1981 parce que je n'étais pas français(…) Ce n'est pas à Nadine Morano d'expliquer qui est français et qui ne l'est pas », a expliqué M. Valls. Des drapeaux français, européens, algériens, maliens, tunisiens, ivoiriens ou sénégalais recouvraient la place de la Bastille à Paris, dimanche 6 mai peu de temps après l'annonce de la victoire de François Hollande.