Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Plus royal que Bouteflika qui n'est qu'à son troisième, finalement c'est reparti pour un énième règne de tonton Haj Faf à la tête de sa ligue régionale du ballon d'Oran. Comme dans une course à l'algérienne, à la mairie ou à la députation, dont elle tient l'enjeu du sac à remplir, des privilèges garantis, de l'intérêt personnel, et de l'absence totale du compte à rendre, il a été réélu par lui-même et les émissaires de l'autre Haj FAF national. C'était la semaine passée, et le cinéma n'avait rien d'exceptionnel d'une assemblée élective ordinaire de chez-nous. Les clans étaient présents. Les supporteurs dans l'attente des miettes promises aussi. Evidemment, le quorum était dépassé. La tension, le brouhaha, et la frénésie au comble. Et la confusion totale. Les chaises et l'urne ont alors volé. Les grossièretés et les insultes échangées. La commission dite des candidatures a plié bagages avant l'heure. L'huissier de justice aussi. La DJS s'est divisée. La DRAG n'a pas avalé et n'a pas voulu avaliser, mais sans rien empêcher. Le rival, farouche ennemi du jour, intime compère d'hier, lui aussi n'a pas avalé le match. Il n'a pas abdiqué et il a promis de ne pas se taire. Peut-être qu'il osera nous révéler dans quel palace, Selhaj trainait sa toge parmi les adonis. Ou dans quel gouffre vont les milliards des pauvres clubs du foot. Il ne sert à rien de se casser la tête. Les connaisseurs du roi des sports vous le diront un mandat présidentiel de ligue à l'avance. Grands spécialistes du spectacle de la balle ronde, ils savent comment la partie se joue et se négocie au sein des vestiaires et en dehors du stade et de la transparence. Ainsi nous ont-ils appris que ce n'est pas en mettant à fond les fonds qu'on réglera le vrai problème de fond. Et qu'à rebours du bon sens le plus trivial, le football ne peut à lui seul aller bien dans le pire monde de la médiocrité. Il n'est donc guère surprenant que les absents ont encore raison. L'élection de Selhaj illustre la mascarade d'un système qui s'emmêle dans ses paradoxes. La professionnalisation n'a rien changé au pauvre foot si ce n'est que Maman l'Etat a gonflé ses subventions, les clubs leurs dettes, et les dirigeants leurs créances, au moment où le niveau des stars a terni, et celui de la violence redoublé dans et autour des stades, en attendant l'avènement des stadiers promis. De sa barbe encense-le, c'est la politique des sports qui a fait qu'il ne reste du sport que l'argent. L'argent du foot surtout ! Sans obligation de résultat, si ce n'est juste celui d'occuper les foules rugissantes, l'argent fou se déverse pour financer la médiocrité mobilisatrice. Tonton Haj Faf n'est pas fou, et ce n'est certainement pas pour le plaisir de jouer qu'il osera se tuer à incarner feu Kadhafi. Malheureusement ...!