Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Ce n'est plus le temps du sujet juste bon à applaudir à ce que ses maitres disaient, voulaient ou ordonnaient. Le temps où quiconque se croyait coq de dire sa différence avec ce qu'on disait partait dans un sac incognito. C'était le principe de l'assisté, nourri, logé, embauché, et même soulagé de penser.El hamdouillah, aujourd'hui, par la grâce de Si Abdelkader, reconnaissons-le, tout a changé, et nous jouissons de sa liberté d'expression. Personne ne t'empêchera donc de parler, encore moins n'osera t'emporter la nuit dans le sac. Alors, tonton Boualem, crie ta misère sur les toits. Ton Unique publique t'a privé de dire, voilà sa sœur privée qui t'ouvre un canal et l'écran afin que tu n'exploses pas dans la rue. Comme toi Boualem, tes frères les mal payés, les sous-payés, les impayés, les salariés de la DAS, les morts-assis de seconde catégorie, et dans le sillage, les pré-employés de l'ANEM, et tous ceux qui n'ont pas le poids du nombre pour marcher dans les rues d'Alger, ont trouvé par quel voie exprimer leur voix. Aube-TV ou Jour-TV sont là, alors vas-y à fond. Décrie la hausse des prix qui t'étrangle dans un sens, et la baisse du pouvoir d'achat, qui t'enferme chez-toi dans l'autre sens. Plains-toi de ta poche vide et de l'épicier qui prolonge ton ardoise. Du créancier que tu n'oses croiser de honte. De la peur et l'angoisse qu'un gosse ou sa mère crève le budget familial d'une maladie qui tombe au mauvais moment. Du mois qui s'éternise à finir. Du loyer qui s'accumule. Des factures salées de l'électricité coupée tous les jours et de l'eau imbuvable qui enflent et attendent. Du fossé qui te sépare du salaire d'un applaudisseur national ne servant pas à grand-chose. D'un quelconque vizir de quelque chose qui ne pèse pas loin de 25 concitoyens de troisième catégorie.Dénonce le maire que tu n'as pas élu, jamais disponible, ni lui ni ses vices associés aux entrepreneurs, l'émir de la wilaya inaccessible ou le chef de daïra qui ne reçoit jamais, hormis ses amis. Le verger est en déshérence, profite-en pour vider ton sac. Dis tout, rien ou n'importe quoi, le solde est réservé pour la fin ! Parle à Bouteflika s'il t'écoute. Dis-lui que tu ne cesses d'applaudir à ce qu'il dit, alors qu'ici-bas chez toi, c'est le règne de la hogra et de la misère. Tu peux monologuer avec toi-même jusqu'au prochain cinquantenaire. Dire et redire, c'est gratuit et facile. Et, certainement heureux tu seras si au moins quelqu'un d'en haut t'écoutera. Malheureusement, hna ! Hna ! Rien ne changera ! ... à moins que tu n'exploses !