Le mois de piété ne semble aucunement dissuader les jeunes candidats au suicide à Oran. Depuis le début du mois sacré, les services sanitaires ont enregistré une vingtaine de tentatives de suicide. Il ne se passe pas un jour sans qu'un ou plusieurs candidats au suicide ne soient admis au service des urgences médico-chirurgicales du CHUO. La majorité des victimes ingurgite des produits toxiques (raticides, esprits de sel, pesticides...) pour mettre fin à leurs jours. Les prétendants au suicide sont recrutés parmi les jeunes et la gent féminine. Les victimes, admis au service des urgences médico-chirurgicales UMC, ont été sauvées in extrémis d'une mort certaine par les médecins. Les causes de l'explosion du nombre de tentatives de suicide sont multiples: le chômage, les difficultés matérielles et professionnelles ainsi que les problèmes relationnels et affectifs. Une récente enquête menée par le CRASC sur un échantillon de patients accueillis au service des urgences médico-chirurgicales (UMC) de l'hôpital d'Oran avait révélé que 17,3% des femmes justifient leurs actes par «les difficultés de la vie, combinées à la tristesse et au désespoir» contre seulement 12% des hommes. Les personnes âgées entre 16 et 30 ans présentent le plus gros chiffre des candidats au suicide. Le sentiment de solitude, les conditions sociales et l'incompréhension de l'entourage ont poussé ces personnes à commettre l'irréparable. Les spécialistes mettent en cause l'évolution sévère de la société algérienne, due essentiellement aux facteurs socioéconomiques, qui a laissé des séquelles apparentes sur la structure sociale. Les effets de ces changements ont été accentués par les affres du terrorisme qui ont profondément traumatisé la société toute entière. D'autres problèmes sociaux, tels que la crise du logement, le chômage, le vide culturel, les problèmes relationnels, les échecs scolaires, la drogue et l'oisiveté, sont venus se greffer à cette situation de violence. Ces différents facteurs ont lourdement influé les individus. Environ 10.000 personnes tentent de se suicider chaque année en Algérie, dont un millier environ réussissent malheureusement leurs actes. L'année dernière les services sanitaires ont recensé plus d'une centaine de tentatives de suicide à Oran, dont 28 cas de suicides réussissent. Pour cette année, près d'une trentaine de décès par immolation a été aussi recensée à Oran. Les malheureuses victimes avaient rendu l'âme au service des brûlés après avoir été évacuées de plusieurs wilayas de la région Ouest. L'année dernière, sur 45 grands brûlés admis au niveau de ce service, 43 sont morts. Le CHUO traitait annuellement environ 3.000 cas de brûlés, la majorité était due à des accidents domestiques, mais depuis le début de l'année 2011, de plus en plus de personnes sont admises suite à des immolations «volontaires» par le feu. A noter que la progression des tentatives de suicide n'est malheureusement pas suivie sur le terrain par un travail d'accompagnement psychologique des sujets vulnérables. Après la fin de leurs hospitalisations, rares sont les candidats au suicide qui sont pris en charge par des psychologues.