J'ai toujours privilégié la presse algérienne avant celle de l'étranger. A ce titre je vous transmets la synthèse (l'intégralité de 30 pages devant faire l'objet d'un important ouvrage collectif qui sera publié à Paris) de la conférence que je donnerai au séminaire international sur « Mondialisation et mutations énergétiques mondiales » à Paris le 06 novembre 2012.A ce titre je donnerai, à l'occasion de la visite du président français François Hollande les 19/20 décembre 2012 une interview à l'important hebdomadaire français « Le Challenges » dépendant du groupe le Nouvel Observateur, sur les perspectives de la coopération entre l'Algérie et la France. Je dois d'abord remercier mes amis, Emile H. Malet directeur de la revue « Passages », président du Forum mondial du développement durable, et l'amiral Jean Dufourcq rédacteur en chef de la revue Défense Nationale française pour nous permettre de nous rencontrer régulièrement et surtout d'avoir un regard lucide sur l'avenir énergétique qui relève de la sécurité des Nations. L'objet de ma contribution, est de poser, premièrement, la problématique de l'urgence d'intégrations régionales, une synchronisation des politiques publiques et d'un nouveau modèle de consommation énergétique mondial face au réchauffement climatique afin d ‘éviter cette situation alarmante tant pour l'humanité et ce qui m'intéresse en tant qu'algérien, pour l'Afrique du Nord. Et deuxièmement et de poser la question de la situation et des perspectives de l'Algérie face à aux nouvelles mutations énergétiques mondiales 1- Le réchauffement climatique : une situation alarmante en Afrique du Nord L'Agence internationale de l'Energie AIE et le dernier rapport de la banque mondiale suite à la dernière réunion de Doha prévoit que le niveau des émissions mondiales de CO2 entrainera à long terme une hausse de la température moyenne de plus de 3,5 °C avec l'élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique pourrait se révéler deux à trois fois plus importante que prévu au cours de ce siècle. Une étude publiée le 22 juin 2012 par le Conseil national de la recherche américain prévoit une montée des eaux tout autour du globe allant de 8 à 23 cm d'ici 2030, par rapport au niveau de 2000, de 18 à 48 cm d'ici 2050, et de 50 cm à 1,40 m d'ici 2100. Mais des séismes de magnitude 8 ou davantage pourrait provoquer une montée plus importante. L'Afrique est –elle responsable de cette situation dramatique son économie alors que ce sont les nations les plus développés et certains pays émergents comme la Chine devenu le premier pollueur avant les USA qui contribuent le plus à la dégradation de l'environnement ? Le réchauffement climatique, facteur stratégique, qui semble être occulté avec l'actuelle crise économique mondiale peut avoir des conséquences dramatiques avec cette désertification croissante, comme des guerres pour se partager notamment l'eau ressource stratégique de la vie. Pour le Maghreb, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L'eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le changement climatique pourrait placer ces pays dans des situations inconfortables puisque le volume maximal d'eau mobilisable serait déficitaire d'ici 2020.Le processus de changement climatique se traduira par une remontée des zones arides et désertiques notamment dans la région du Maghreb. Des études prévoient une baisse des rendements agricoles au Maghreb du fait de l'accélération de la dégradation des sols et de la perte de terres productives. Le changement climatique touchera également la production des légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30 % à et une baisse de rendement du blé à prés de 40%. Le changement climatique pourrait entraîner aussi une véritable crise migratoire. Dans une étude datant du 25 juin 2012 de FEMISE ( réseau euro méditerranéen) intitulée, « le coût économique du changement climatique dans les pays MENA : une évaluation quantitative micro-spatiale et une revue des politiques d'adaptation », les auteurs notent que les impacts pour les pays d'Afrique du Nord et du Proche Orient (MENA) sont une baisse attendue du PIB de l'ordre de 0,4% à 1,3%, cette baisse pouvant même atteindre 14% si aucune mesure de lutte et d'adaptation face au changement climatique n'est adoptée horizon 2020. Les effets attendus dans ces pays couvrent la diminution des ressources en eau, la dégradation des sols, l'élévation du niveau de la mer et la pénétration des eaux salées dans les terres, etc. De tels impacts sont susceptibles d'affecter les activités économiques, avec des effets importants sur l'agriculture et le tourisme, suite à la baisse significative des rendements agricoles et à la hausse de la salinisation des terres due à l'érosion et à la pollution des sols par le sel. De plus, le changement climatique aura des effets négatifs sur les écosystèmes provoquant ainsi la diminution de la biodiversité qui affectera les espèces individuelles dans les pays MENA. Ainsi, la hausse des températures et la baisse des précipitations attendues risquent d'augmenter la fréquence des sécheresses, ce qui va exposer de 80 à 100 millions de personnes en zones d'insuffisance en eau à l'horizon 2025. De plus, en zone urbaine, une hausse des températures de 1 à 3°C pourrait exposer entre 6 et 25 millions de personnes aux inondations côtières. Que doit faire l'Algérie face à ces mutations ? Au préalable, il est utile de relater sa situation socio économique. 2- Situation de l'économie algérienne Les nouvelles mutations énergétiques mondiales ont un impact stratégique sur le devenir de l'Algérie : après 50 années d'indépendance politique en 2012 c'est toujours une économie rentière malgré ses importantes potentialités : 98% d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi brut fin 2012 et important 70% des besoins des ménages et des entreprises qu'elles soient publiques ou privées, le tissu productif étant en déclin, moins de 5% de l'industrie dans le produit intérieur brut . Le bilan officiel de Sonatrach donne pour 2009, 43 milliards de dollars de recettes en devises, 57 milliards pour 2010, 72 milliards pour 2011 et une prévision de 76 milliards de dollars pour 2012. Ce qui donnerait un total 522 milliards de dollars entre 2000/2011 et donc environ 560 milliards de dollars entre 2000 et fin juin 2012, allant vers 600 milliards de dollars fin 201. Cela a permis la dépense publique d'environ 500 milliards de dollars entre 2004/2013 (dont une fraction en dinars algériens) donnant des taux de croissance et de chômage virtuels et de calmer le front social avec le retour de l'inflation du fait de l'inefficacité de la dépense publique qui avoisine 10% en 2012 une première depuis plus de 10 ans montrant que le cadre macro économique ne peut être stabilisé artificiellement sans de profondes réformes micro économiques et institutionnelles tenant compte des mutations mondiales. Les 193 milliards de dollars de réserve de change au 01 octobre 2012 sont également une richesse virtuelle provenant des hydrocarbures. L'utopie proposée actuellement dans une rencontre prévue courant décembre 2012 pour relancer l'appareil productif serait de ne pas tenir compte tant de la concurrence internationale avec l'arrivée des pays émergents , que des nouvelles filières internationalisées répondant à un nouveau modèle de consommation segmentée et de vouloir revenir aux schémas mécaniques dépassés des années 1970. Je recense cinq contraintes qui peuvent faire perdre à l'Algérie des parts de marché. Tout dépendra de l'évolution de la croissance de l'économie mondiale, de son modèle de consommation énergétique, de l'évolution des prix internationaux en termes réels tenant compte des fluctuations des monnaies clefs notamment du dollar et de l'euro et des coûts internes, pouvant découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement. Car il serait également illusoire pour l'Algérie de miser sur un prix du baril à prix constants de plus de 130/150 dollars qui serait un prix plancher de seuil de rentabilité pur les énergies substituables. Le passage du charbon dont les réserves exploitables dépassent 100 ans aux hydrocarbures ont été le fait de la hausse des prix du charbon. Tenant compte également de la protection de l'environnement, faisons confiance au génie humain, et face à une hausse des prix au-delà du seuil tolérable, on assisterait alors forcément à de nouvelles sources d'énergie plus rentables et donc au déplacement du modèle de consommation énergétique. Dans la conjoncture actuelle, l'Algérie se trouve confrontée à une forte concurrence internationale et donc à cinq contraintes en matière d'énergie qui limite forcément ses exportations futures. Qu''en sera t-il aussitôt 2013/2014 terminé les contrats à moyen et long terme algériens qui indexait le prix de cession du gaz sur celui du pétrole alors que nous assistons de plus en plus à une déconnection, certains partenaires poussant d'ores et déjà à la la baisse des prix ? Or les investissements dans le gaz sont très capitalistiques et à maturation lente ? Qu'en sera t-il des investissements futurs et de leur rentabilité ? 3.- L'Algérie face à la concurrence énergétique mondiale - La première contrainte est le projet Algérie Italie de Galsi toujours en gestation pour ne pas dire abandonné remettant en cause la capacité d'exportation prévue vers l'Europe de 85 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2014. Rappelons qu'un accord intergouvernemental relatif à ce projet a été conclu en novembre 2007 entre l'Algérie et l'Italie. Ce gazoduc doit relier Hassi-R'mel à El Kala dans sa partie « On shore » sur une longueur de 640 km. Dans sa partie « Off Shore », le projet reliera El Kala à Cagliari en Sardaigne sur une distance de 310 km. Le niveau de participation de Sonatrach prévu était de 36% et une fois concrétisé, il devait acheminer, directement en Italie, un volume annuel de 8 milliards m3 de gaz. Dans le cadre de l' arrêté du 15 décembre 2009 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements de production d'électricité, publié au Journal Officiel du 10 janvier 2010 français, il était prévu que pour la Corse, les nouvelles centrales thermiques fonctionnent au gaz naturel, dès lors que le raccordement de la Corse au gazoduc Algérie-Italie via la Sardaigne (Galsi) réalisé. Or le projet est toujours gelé comme je le rappelais dans une émission à la télévision française France 3 le 26 décembre 2011, les élus de la Sardaigne s'étant opposés à son tracé initial.. -La deuxième contrainte liée à la précédente le devenir du plus grand projet de gazoduc algérien Transmed qui fournit du gaz naturel algérien à l'Italie depuis 1983 à raison de 30 milliards de m3 par an qui devait être porté à plus de 34 milliards de mètres cubes gazeux fin 2010 et 40 milliards fin 2012 avec la nouvelle stratégie offensive de Gazprom à travers Northstream et Southstream. Pour le Nortstream d'un cout évalué à 8 milliards d'euros, c'est un projet stratégique dont le tracé, d'une longueur de 1 224 km, doit à terme permettre de transporter 55 milliards de mètres cubes de gaz par an de Vyborg jusqu'à la ville allemande de Greifswald en traversant les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne. La première conduite, d'une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes, a été achevée en mai 2011. Une deuxième est en cours de construction et doit être entièrement posée d'ici à la fin 2012, doublant la capacité de la liaison. . Quant au projet de South Stream, concurrent direct de l'Algérie, il est destiné à livrer du gaz russe à l'Union européenne via la mer Noire, dont les travaux commenceront dès fin 2012 et non plus en 2013 comme prévu initialement pour se terminer en 2015. Long au total de 3.600 km, il doit alimenter en gaz russe l'Europe occidentale, notamment la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie et l'Autriche, la Grèce et l'Italie, via la mer Noire et les Balkans. Il doit permettre à la Russie de contourner l'Ukraine, principal pays de transit. D'une capacité de 63 milliards de m3 de gaz, le tronçon sous-marin doit entrer en service en 2015, le coût estimatif du projet étant évalué à 15,5 milliards d'euros. L'ensemble de ces projets en plus de ce qui se passe en Syrie, ont remis en cause le projet Nabucco où en décembre 2011, qui devait absorber le gaz de Shah Deniz initialement envisagé pour Nabucco qui est un projet de gazoduc reliant l'Iran et les pays de la Transcausasie à l'Europe centrale. Troisième contrainte. Pour le marché asiatique fort consommateur d'énergie, là aussi nous retrouvons la dynamique de Gazprom et du Qatar concurrent de l'Algérie, dans la pratique des affaires n'existant pas de sentiments. Pour la Chine, recelant la première réserve mondiale de gaz schiste (45.000 milliards de mètres cubes gazeux toujours selon l'AIE) et les négociations encours entre Gazprom et China National Petroleum le projet de gazoduc « Altaï » entre l'Ouest de la Sibérie et le Sichuan à l'Ouest de la Chine d'une capacité de 30 milliards de mètres cubes gazeux devant faire passer la part du marché russe de 3% à 30%. Long de près de 7000 kilomètres, le coût étant évalué, selon différentes estimations à environ 14 milliards de dollars. Le Qatar est un autre concurrent proche de l'Asie avec des capacités du double au triple des capacités de GLN algérien réduisant substantiellement ses couts, sans compter les couts de transport, l'Algérie devant contourner toute la corniche de l'Afrique avec des couts de transport importants. -Quatrième contrainte la réalisation du projet NIGAL et qui devait bénéficier d'un apport financier européen, toujours en gestation. Ce Gazoduc d'environ 4500 km devait relier la région de Warri (Nigeria) à l'Algérie et l' Europe, 2500 km sur le territoire Algérien, 750 km sur le territoire du Niger, 1300 km sur le territoire Nigérian, prévu pour le transport de 20 à 30 milliards de m3 par an en majorité vers le marché européen suite à la signature du Memorundum of Understanding entre NNPC et SONATRACH le 14 Janvier 2002 pour la constitution d'une société d'étude et de promotion du projet , le cout initialement prévu au départ par la société PENSPEN, entre 5 à 7 milliards de dollars, mais dépasserait selon certaines estimations en 2012 les 15 milliards de dollars à prix constants. Une étude de l'Institut français des Relations Internationales réalisée par Benjami Augé en mars 2010 estime même le cout à 25 milliards de dollars. .-Cinquième contrainte. Pour le rapport 2012 de l'AIE les USA avec la révolution du gaz schiste devrait être exportateur de pétrole vers 2017 et de gaz horizon 2020 concurrençant sérieusement les leaders actuellement l'Arabie Saoudite pour le pétrole et la Russie pour le gaz. Si les prévisions de ce rapport se vérifient cela serait un grand bouleversement géostratégique. Qu'en sera-t-il pour l'Algérie si le marché américain est fermé horizon 207/2020 représentant plus de 30% de ses ventes en valeur ? A-t- on d'ores et déjà penser à d'autres destinations géographiques et partenaires tenant compte de la concurrence internationale, des couts y compris les couts de transport ? En effet selon le rapport du ministère de l'Energie, publié en 2011, la structure des exportations s'oriente de plus en plus vers les produits gazeux. En effet, la part des produits gazeux durant la période 1962-1999 ne représentait que 29% contre 43% durant la période 2000-2010. Quant aux produits liquides, ils représentaient 71% des volumes exportés durant la période 1962-1999, contre 57% fin 2010. Le pétrole brut exporté représentait 95% des hydrocarbures liquides en 1971 et se situé à 30% en 2010. Quant aux produits raffinés et GNL, leur part a augmenté substantiellement passant de 3% en 1971 à 28% en 2010. Les marchés européens et américains restent les débouchés traditionnels des exportations, ces deux marchés absorbent en volume, respectivement, 63% et 29% des ventes globales des hydrocarbures et en valeur de 56% et 35%, respectivement (voir rapport MEM). -Sixième contrainte. Depuis trois à quatre années, nous assistons dès lors à une déconnexion du prix du gaz par rapport à celui du pétrole, clause contenue dans les contrats à moyen terme de l'Algérie avec ses partenaires, contrats qui expirent entre 2013/2014. D'où actuellement des pressions pour que l'Algérie révise ses prix de cession à la baisse face à la concurrence de Gazprom dont une fraction de ses exportations est livrée aux prix du marché spot ? D'où actuellement des pressions pour que l'Algérie révise ses prix de cession à la baisse et ce en prévision de l'expiration des contrats à moyen terme. Cela concerne Gaz de France mais également Endesa et d'Iberdrola qui selon l'agence Reuters en date du 25 novembre 2012, dans le projet du gazoduc Medgaz entre l'Espagne et l'Algérie, seraient sur le point de vendre leurs participations en raison de la crise qui sévit en Europe notamment en Espagne préférant acheter sur le marché spot le gaz du Qatar et du Nigeria. Cela pose un grand problème stratégique pour l'Algérie dans la mesure où les investissements dans le gaz sont très capitalistiques et à maturation lente ? 4.- L'Algérie face à l'épuisement de ses ressources énergétiques rationnelles L'Algérie se trouve confrontée à l'épuisement inéluctable de ses ressources traditionnelles en hydrocarbures le pétrole et le gaz et cette situation d'euphorie financière n'est pas tenable dans le temps ? Si pour le pétrole l'Algérie pourrait devenir importateur net horizon 2020/ moins de 1% des réserves mondiales, pour le gaz Il ya lieu de tenir compte des réserves prouvées de moins de 4500 milliards de mètres cubes gazeux, dont la rentabilité ne peut être assurée tenant compte des couts croissants, pour le GN (canalisation qu'avec 10/11 dollars le million de BTU et 14/15 dollars pour le GNL des exportations mais surtout de la forte consommation intérieure. Depuis la décision du gouvernement en octobre 2012 de doubler la production d ‘électricité à partir des turbines de gaz en 201 accélérée par le faible prix environ un dixième du prix international la consommation intérieure représentera horizon 2017/2020 plus de 70 milliards de mètres cubes gazeux soit plus de 80% des exportations. L'Algérie risque donc d'être importatrice de gaz conventionnel horizon 2030. Alors, quel sera le devenir de l'Algérie au niveau du marché gazier mondial ? En plus de cette forte consommation intérieure et avec toutes els contraintes analysées précédemment pourra t- elle exporter ses 85 milliards de mètres cubes gazeux prévus à un prix de cession rentable alors qu'elle peine à atteindre 60 milliards de mètres cubes gazeux ? Que sera l'Algérie horizon 2025-2030 avec une population de 50 millions d'habitants face à ces bouleversements géostratégiques sans hydrocarbures traditionnels? Tenant compte de la décision raisonnable du premier ministre algérien de geler jusqu'à l'horizon 2040, l'exploitation du gaz schiste que toute grande décisions sur l'énergie doit relever du conseil national de l'Energie, et non seulement d‘un seul département ministériel, quel sera sa rentabilité financière et quelle stratégie pour le développement des énergies renouvelables ? Aura-t-elle réalisé horizon 2025/2030 une transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures reposant sur l'entreprise créatrice de richesses dans le cadre des valeurs internationales et son soubassement la valorisation des compétences ? Quel doit être dès maintenant son futur modèle de consommation énergétique, autant de questions stratégiques qui interpellent les plus hautes autorités du pays car relevant de la sécurité nationale et cela n'est pas propre à l'Algérie et donc quelle alternative ce qui m'amène à analyser brièvement la nouvelle monture des lois des hydrocarbures, des investissements prévus et poser la problématique du gaz schiste et des énergies renouvelables. 5.-La nouvelle monture de la loi des hydrocarbures sera –elle opérante ? L'Algérie entend toujours investir dans les hydrocarbures traditionnels. Prévu initialement en juin 2012 pour un montant global de 68,2 milliards de dollars, le plan d'investissement 2012-2016 de Sonatrach sera finalement de 80 milliards de dollars, à la suite de la rallonge de 12 milliards de dollars qui a été approuvée par l'assemblée générale du groupe qui s'est tenue le 28 juin 2012. L'amendement de la loi sur les hydrocarbures rentre ans ce cadre en modifiant l'ordonnance n°06-10 du 29 juillet 2006 qui complété la loi n°05-07 du 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures est en cours de discussion au niveau du gouvernement algérien. Je rappelle que depuis la loi d'avril 2005 ce n'est plus à Sonatrach d'attribuer les permis de prospection pour de nouveaux gisements. Mais elle reste propriétaire de tous ses domaines miniers, et pour les nouvelles superficies non exploitées, c'est à l'institution Alnaft, dépendante du ministère de l'Energie, de les attribuer. Le constat est que les trois derniers appels d'offres entre 2008 et 2011 se sont avérés un véritable échec ayant attiré que des compagnies marginales, n'ayant pas de savoir technologique et comptant sur Sonatrach pour supporter la majorité des coûts, les grandes compagnies n'ayant pas soumissionné, et dont les découverts ente rems de rentabilité sont insignifiantes. Or, selon la revue financière Gasoil, l'Algérie a pompé entre 1962 et 2006 plus de 15 milliards de barils de pétrole, soit plus que les réserves actuelles, mais récemment avec des coûts supérieurs à la moyenne des grands pays pétroliers. La seule nouveauté du projet en cours est le nouveau régime fiscal. Ainsi, pour la taxe sur le revenu pétrolier (TRP) il est prévu la mise en place de nouveaux paliers d'impositions qui varient selon les difficultés et les risques alors que dans l'actuelle monture son paiement est basé sur le chiffre d'affaires, ce critère ayant été critiqué par les partenaires parce qu'à l'époque, le prix du baril de brut était de 20 à 30 dollars alors qu'actuellement il varie entre 90 et 110 dollars selon le WIT ou le brent et qui a conduit à des litiges au niveau des tribunaux internationaux obligeant d'ailleurs Sonatrach à aller vers des ententes à l'amiable dans la mesure où une loi est rarement rétroactive. Pour la nouvelle mouture de la loi sur les hydrocarbures, c'est le taux de rentabilité qui remplacera le chiffre d'affaires dans le calcul de la TRP. La nouvelle monture introduit un dualisme fiscal prévoyant pour les nouvelles découvertes un écrémage en accordant des conditions plus favorables comme l'imposition de redevances relativement raisonnables ou encore la mise en place d'un certain nombre d'avantages fiscaux. Pour les anciens contrats, la TPE, dont le taux varie de 5 à 50 pour cent quand le prix dépasse 30 dollars le baril, sera toujours en vigueur. Pour les nouvelles découvertes, l'ICR sera de 19 pour cent, mais à partir d'un seuil déterminé de bénéfices, ce taux augmentera pour atteindre 80 pour cent pour les grands gisements. Outre que le taux de profit dans les canalisations est inférieur de 30% en moyenne par rapport aux grands gisements de l'amont, la nouvelle monture garde la règle des 49/51% qui s s‘applique depuis 2009/2010 à tous les secteurs y compris les banques assurances en l'étendant paradoxalement à tous les segments à l'aval et aux canalisations dont le taux de profit est d'environ 30% inférieur aux segments de l'amont Or, si pour l'amont gazier et pétrolier pour les grands gisements la règle des 49/51% peut être applicable, pour les petits gisements et pour l'aval dont la pétrochimie et le raffinage , filières dont les produits répondent aux règles de l'organisation mondiale du commerce , cette règle risque de n'attirer que peu d'investisseurs potentiels. 6.-Quelles alternatives gaz schistes ou énergies renouvelables ? D'où l'importance dès maintenant de prévoir pour l'Algérie d'autres sources d'énergie et d'imaginer un nouveau modèle de consommation énergétique. Avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Le taux d'électrification du pays est à 97% alors que le taux de couverture en gaz est de 57%. 96% de la production d'électricité est produite à partir du gaz naturel, 3% à partir du diesel (pour les régions isolées du sud algérien), 1% à partir de l'eau (centrale hydraulique de 100 MW). Quant à la production d'électricité à partir des ENR, elle est très faible : 1MW. Le prix du KWh est environ de 4 DA pour les clients domestiques et industriels alors que le prix de cession bas, entrainant d'ailleurs du gaspillage, est de 0,068 DA le mètre cube. Ainsi, il est prévu que Sonelgaz investisse d'ici 2030, 6O milliards de dollars dont une grande fraction doit être consacrée aux énergies renouvelables. Pour la période 2011-2030 l'Algérie ambitionne de produire à partir des énergies renouvelables 22.000 mégawatts à l'horizon 2030, soit 40% de la production globale d'électricité. Une fois réalisé, ce programme permettra d'économiser près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 années. L'Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la première centrale électrique hybride à HassiR'mel, d'une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Est-ce que cela traduit de la part des pouvoirs publics algériens la détermination à développer les potentialités nationales en énergies renouvelables, notamment le solaire, pour contribuer au renforcement des capacités de production d'électricité pour une meilleure réponse aux besoins des citoyens en la matière ? Or, le gouvernement algérien a eu deux postions contradictoires. Il a fait savoir en septembre 2012 qu'il prévoyait d'investir dans le développement du gaz schistes ou gaz non conventionnel. Et le 22 novembre 2012, la décision du gouvernement de geler la production de gaz schistes jusqu'à l'horizon 2040. Les données sur les réserves du gaz schiste sont contradictoires : pour le Ministère de l'Energie algérien elles seraient entre 12.000 et 17.000 milliards de mètres cubes gazeux et selon le rapport de l'AIE de 2011, les réserves prouvée sont de 6500 milliards mètres cubes gazeux. Car on peut découvrir des milliers de gisements mais non rentables financièrement, les réserves se calculant selon le couple prix-coûts et la concurrence des autres sources d'énergie, sans compter le savoir faire de l'exploitation de ce gaz qui requiert des techniques de pointe à travers le forage horizontal maîtrisé par quelques firmes. En Algérie, comme je l'ai suggéré dans plusieurs contributions locales et internationales, évitant des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s'imposant, on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays, 200 produits chimiques injectés dont 20%, selon un rapport du département américain, pouvant provoquer le cancer qui doivent préserver l'environnement et mettre en place des techniques adéquates. Comme doit être opérer un arbitrage pour la consommation d'eau, un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau douce et être pris en compte les couts (en plus de l'achat des brevets) devant forer environ 600 puits moyens pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la durée courte de la vie de ces gisements, environ 5 années pouvant récupérer une moyenne de 20/25% contre 85/90% pour les gisements de gaz conventionnel et les confits avec des pays riverains se partageant ces nappes non renouvelables dont le Maroc, la Lybie et la Tunisie. En résumé, il ya urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique tant au niveau mondial qu'en Algérie. Au sein d'une stratégie de mixage, car les hydrocarbures traditionnels seront encore présents encore longtemps, il faut être réaliste. Les énergies renouvelables qui sont des énergies flux inépuisables par rapport aux « énergies stock » tirées des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction participent à la lutte contre l'effet de serre et les rejets de CO2 dans l'atmosphère, facilitent la gestion raisonnée des ressources locales, et surtout ce que l'on oublie souvent génèrent des emplois à forte valeur ajoutée. La production à grande échelle, ce qui implique que les lobbys pétroliers actuels participent à ce nouvel investissement massif, permettrait de réduire substantiellement les couts tout en favorisant à l'aval une multitude de PMI-PME renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres. Pour l'Algérie, mon pays qui a d'importantes potentialités, il y a urgence de diversifier son économie et ce pour réaliser rapidement la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre de cette Re-mondialisation irréversible. Et ce par l'intégration du Maghreb , pont entre l'Europe et l'Afrique , continent à très fortes potentialités , enjeu du XXIème siècle où à l'horizon 2030/2040, sous réserve d' une meilleure gouvernance, l'axe de la croissance mondiale devrait se déplacer de l'Asie vers l'Afrique .Mesdames et Messieurs, ayant la chance lors de cette rencontre d'avoir en face de moi d'importants décideurs français, je souhaite en ce monde en pleine crise, une crise également morale un développement durable se fondant sur un partenariat gagnant/gagnant. Le 17 octobre 2012, le président François Hollande a rendu hommage aux victimes de la répression du 17 octobre 1961, s'inscrivant dans le prolongement des déclarations apaisées adressées de part et d'autre de la Méditerranée sur les sujets de mémoire. De son côté, le président Bouteflika a adressé, le 14 juillet 2012, un message à son homologue français dans lequel il évoquait les profondes blessures qu'avait laissées la période coloniale en Algérie, et invitait son homologue à construire ensemble « un avenir de paix et de prospérité pour les jeunes de nos pays. Lors de la visite en Algérie du président Hollande les 19-20 décembre 2012, espérons une volonté claire des deux côtés de la Méditerranée de bâtir, par le dialogue, un avenir partagé . Professeur des Universités Expert international en management stratégique Dr Abderrahmane MEBTOUL ancien directeur d'études Ministère Energie Sonatrach 1974/1980-1990/1995-2000/2006(Algérie) auteur de plusieurs ouvrages et contributions internationales sur la stratégie énergétique mondiale