Certaines personnes, qui ne peuvent pas se permettre des vacances au bord de la mer ou dans d'autres endroits « luxueux » tentent, à leur manière, de s'offrir des moments de plaisir et de détente même au détriment de leur santé et de leur vie. Pour les gens qui habitent dans les régions du centre et surtout ceux qui résident dans le grand sud algérien, la wilaya de Béjaïa est un havre de paix où on profite pleinement des bienfaits de la mer, mais la réalité ne confirme pas, souvent, cette supposition. A quelques kilomètres de la capitale des Hamadites, la plage, est par fois, très lointaine. Quand on est chômeur est désespéré, dans un pays difficile à vivre, la baignade dans les côtes de la splendide ville de Yemma Gouraya, peut s'avérer inaccessible, ou presque. Les plus chanceux de « la jeunesse perdue » savourent la plage deux à trois fois par an. Pour faire face à l'absence de loisir et à la rude condition juvénile, qui semble inchangeable, on préfère s'inventer les rêves les plus fous afin de « tuer le temps ». Situé dans la commune de Tala-Hamza, à 70 kilomètres au sud-ouest de la ville de Béjaïa, le barrage de Tichy-Haf est un réel danger pour la vie des baigneurs qui l'ont transformé en « une plage de montagne ». Le mois dernier, un jeune de 25 ans a trouvé la mort dans ces eaux, suite à une noyade. Les travaux dans ce grand barrage sont presque achevés et comme la conduite qui devrait alimenter les communes et les wilayas limitrophes n'est pas encore fonctionnelle, nombre d'habitants de la région ont décidé d'utiliser cette belle réalisation à leur manière. En effet, depuis le début de l'été, des dizaines de jeunes et de moins jeunes viennent dans cet endroit, d'une rare beauté, pour se baigner. Certains villageois, ont même construit des baraques et installé des tentes pour le camping. « Je suis dans cette tente depuis une semaine. Avec mes deux amis, je profite de l'été on se baignant dans le barrage. Je sais bien que c'est un véritable danger pour nous tous. Cependant, on n'a pas vraiment le choix. La ville de Béjaïa est située à 3 heures de route de chez nous et le voyage coûte 300 DA (aller-retour) sans compter les autres dépenses. Pour se permettre d'une journée à la plage, il faut débourser plus de 500 DA, une grande somme pour nous qui vivons à la marge de la vie. Ni travail ni perspectives d'avenir. On fait partie de la jeunesse perdue », estime Mohand Ameziane, un jeune chômeur de la région. Près de cette plage « improvisée » une grande plaque indique « Interdit de nager », mais cela ne dissuade, nullement, les jeunes aventuriers. Dans les pays qui se respectent même les alentours des lacs et des barrages peuvent êtres des lieux propices aux vacances, dans le respect de la santé publique, de la nature et de toutes les règles de l'art. Ici, les choses sont pêle-mêle : dans une anarchie totale et sans aucune mesure de sécurité, des jeunes risquent leur vie, sans que les autorités intervient pour mettre fin à ce feuilleton du laisser-aller. Les habitants de la commune de Tala-Hamza souhaitent que les pouvoirs publics interviennent, le plus vite possible, tout en offrant à la jeunesse d'autres alternatives, qui leur permettre de se distraire un tant soit peu.