Contrainte n Aller à la plage revient plus cher pour les jeunes défavorisés. Pour s'offrir une baignade, ils se rendent aux oueds de leur région. En ces temps caniculaires, les cours d'eau, les fontaines, les jardins, les ombrages et surtout les plages sont les destinations favorites de nombreuses personnes. Ces endroits, rares, sont perçus au nord du pays comme une oasis au Sahara. Les gens s'y rendent en masse pour s'offrir une sensation de fraîcheur et échapper du coup à la chaleur ardente de l'été. La plupart d'entre eux préfèrent cependant se rendre à la plage la plus proche au moins une fois durant tout l'été. Mais plonger dans la grande bleue et se hâler sur la plage sous le soleil mêlé à un air particulier ne sont point à la portée de tout le monde. Une bonne partie des Algériens, pour une raison ou une autre, en dépit d'un littoral de 1 200 kilomètres, n'a pas accès tout au long de la saison estivale à la plage. Cette réalité ne concerne pas seulement les populations de sud du pays, qui, naturellement sont loin de la mer, mais elle touche même ceux qui vivent dans les wilayas côtières. Une telle situation est perceptible justement à Tizi Ouzou où cette privation frappe surtout les habitants vivant au sud de la wilaya disposant pourtant de 80 kilomètres de côtes. Incapables de se rendre à la plage pour des raisons de sécurité et d'argent, les jeunes lui ont substitué les rivières et les barrages. En effet, durant tout l'été, on peut voir à côté des cours d'eau en Kabylie, des jeunes et des enfants qui se baignent. Ils se rendent vers ces lieux pour s'offrir une baignade dans des eaux provenant directement des hautes montagnes. Ils passent la saison estivale à leur façon. Ils n'ont pas les moyens d'aller quotidiennement à la mer. «Se rendre aux plages de Tigzirt, d'Azeffoun ou à celles de Boumerdès, il me faut au minimum 800 DA. Ce qui est un peu cher pour le chômeur que je suis», avoue Amar, rencontré dans l'oued longeant le CW 128 du côté de Boghni. Il affirme que le déplacement vers la plage se fait en groupe avec les amis. «Sinon, nous nous rendons ici pour nous rafraîchir et nous rentrons le soir sans dépenser aucun sou». La situation de ce jeune désœuvré est un exemple parmi tant d'autres qui illustrent la profondeur de la détresse juvénile. Faute d'un emploi, les jeunes ne sont même pas en mesure de s'offrir une journée à la plage. Les enfants, dont l'âge varie entre sept et douze ans, sont aussi de la partie. Ils passent leurs vacances scolaires en se baignant dans des petites mares des rivières et des oueds avant qu'elles ne tarissent. On les voit souvent seuls dans ces cours d'eau courant des risques dont les conséquences peuvent être fâcheuses. Cependant, à la faveur des voyages organisés par des associations et les maisons de jeunes de plusieurs communes du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, des jeunes et des enfants, issus de milieux défavorisés, peuvent se rendre à la plage avec seulement 50 DA. Par ailleurs, il existe une catégorie d'estivants qui préfèrent se baigner dans les mares plutôt que d'aller à la plage, même s'ils ont les moyens de s'y rendre. Selon eux, les mares sont propres et offrent un cadre calme au milieu de la nature loin des tracasseries et du vacarme des plages et des agressions.