Au pouvoir depuis 1999, le président Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, hospitalisé à Paris après un accident vasculaire cérébral, est considéré comme le principal artisan de la réconciliation nationale après dix années de guerre civile en Algérie. Plébiscité en avril 1999 par 90,24% des suffrages exprimés à l'élection présidentielle, M. Bouteflika a été réélu en avril 2004, puis en 2009, totalisant 14 ans au pouvoir à ce jour. Bouteflika n'a pas encore indiqué s'il allait briguer un quatrième quinquennat en 2014. Il s'est employé dès son premier mandat à rétablir la paix dans son pays ravagé dans les années 90 par une "guerre civile", selon ses propres termes, qui a fait plus de 200.000 morts selon des chiffres officiels.Un référendum en 1999 sur une "concorde civile" a entraîné la reddition de milliers d'islamistes. En 2005, une seconde consultation populaire a permis l'adoption d'une "charte pour la paix et la réconciliation" offrant le "pardon" aux islamistes encore dans le maquis en échange de leur reddition.Le 3 février 2011M. Bouteflika a annoncé une levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 19 ans, l'une des revendications de l'opposition et du peuple.Pour couper court à toute revendication d'ordre économique et social, il a annoncé des réformes politiques, dans la foulée de Printemps arabe, qui ont conduit à l'élection d'une nouvelle assemblée nationale le 10 mai 2012, selon des nouvelles règles.M. Bouteflika est entré au gouvernement dès l'indépendance en 1962, et il a été, pendant de longues années, un chef de la diplomatie chevronné. Né le 2 mars 1937 dans une famille originaire de Tlemcen, il rejoint en 1956 l'Armée de libération nationale (ALN) en lutte contre la France pour l'indépendance du pays. Dès la victoire, il est brièvement ministre de la Jeunesse et des Sports sous la présidence d'Ahmed Ben Bella, puis hérite 1963 à 1979 du portefeuille de la diplomatie. Ecarté du pouvoir dans la foulée de la mort en décembre 1978 du président Houari Boumediène -dont il était proche-, il s'exile en 1981, notamment à Dubaï et Genève.Revenu comme candidat à la présidence en avril 1999, avec le soutien de l'armée et du Front de libération nationale (FLN, alors ex-parti unique), il se retrouve seul en lice, ses six adversaires s'étant retirés, convaincus qu'il y aurait des fraudes.Orateur hors pair, aussi à l'aise en arabe qu'en français, il use d'un ton teinté de colères "théâtrales", et soigne sa tenue: costumes trois pièces et cravate, même en pleine canicule. Samedi, M. Bouteflika a été admis à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, un établissement parisien qui accueille régulièrement des personnalités françaises et étrangères, où il doit subir des examens complémentaires. Selon un des responsables de l'établissement où a été soigné M. Bouteflika avant son transfert en France, le professeur Rachid Bougherbal, l'état de santé du président algérien "évolue bien", et il n'a subi "aucune lésion irréversible" lors de l'accident ischémique transitoire dont il a été victime samedi, un type d'AVC sans gravité.