La violence à l'égard des femmes continue de prendre de l'ampleur à Oran. Les chiffres révélés par des sources bien informées à la direction de la Santé et de la Population (DSP) de la wilaya d'Oran, confirment cette progression des agressions corporelles contre les femmes et les filles. Près de 1 150 femmes et filles ont été admises ces derniers mois dans les hôpitaux, suite à des agressions physiques. Ces violences corporelles engendrent non seulement des séquelles physiques, comme une hémorragie aiguë, des fractures, un handicap ou la mort, mais aussi des préjudices moraux, comme la perte de la valorisation de soi-même, la dépression nerveuse, des psychoses, des cauchemars, des angoisses perpétuelles, des maladies nerveuses, le recours aux drogues et à l'alcool ou enfin au suicide. Autant de conséquences graves, qui mettent en péril la stabilité de la cellule familiale et par extension, la société, regrettent des spécialistes. Ces derniers craignent que ce chiffre ne soit que la partie apparente de l'iceberg. Le chiffre noir de la violence à l'égard des femmes, c'est-à-dire l'écart entre les statistiques et l'effectivité des actes, du fait du caractère non systématique de leur enregistrement àdéfaut de plainte, serait plus important, vu que notre société culpabilise les femmes qui déposent des plaintes contre leurs proches. Les spécialistes recommandent d'ores et déjà, d'approcher ce phénomène au moyen d'enquêtes de victimisation, qui consistent à interroger directement la population sur les actes qu'elle dit avoir subis. Il est à rappeler, que le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF), avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour le développement des femmes (UNIFEM), a mis en place un réseau de 18 centres d'écoute sur les violences contre les femmes à travers le territoire national. Ce réseau dénommé «Balsam», a rassemblé tous les cas de violences à l'égard des femmes, recensés entre 2009 et 2010, les a analysés et émis des recommandations pour une meilleure prise en charge des victimes et une plus large sensibilisation sur le phénomène. L'analyse des appels a montré que 65% des victimes de violences sont des femmes mariées. Les divorcées représentent 10% des cas et les veuves seulement 1%. Les célibataires constituent 23% des victimes. Ces dernières ont dans 63% des cas, un âge compris entre 25 et 44 ans, avec une pointe assez marquée de la catégorie des 30-34 ans. Mais 82% des célibataires victimes de violences ont un âge, compris entre 25 et 29 ans, alors que 48% des divorcées sont âgées entre 35 et 44 ans. 70% des divorcées victimes de violences, ont au moins un enfant, dix d'entre elles, en ont quatre et plus.