Le Premier ministre turc RecepTayyipErdogan a sommé samedi 1er juin les manifestants de la place Taksim d'Istanbul de cesser "immédiatement" leur confrontation avec les forces de l'ordre, au deuxième jour d'un violent mouvement de protestation contre son gouvernement. Il a assuré qu'il ne remettrait pas en cause le projet d'aménagement urbain contesté de la place Taksim à Istanbul, à l'origine des manifestations. D'autres échauffourées ont été signalées un peu plus tôt dans un autre quartier de la ville, Besiktas, lorsqu'un groupe de plusieurs centaines de personnes qui s'étaient rassemblées sur le versant anatolien de la ville pour rejoindre la place Taksim a traversé l'un des ponts qui enjambe le Bosphore et s'est retrouvé nez à nez avec la police. Là aussi, la police a dispersé à grand renfort de gaz lacrymogènes la foule, qui a répliqué par des jets de pierre. En fin de matinée, les grands axes menant à la place Taksim étaient barrés par d'importantes forces de police. Au terme d'une journée et d'une nuit d'émeutes, cette place, célèbre pour être un des rendez-vous traditionnels de la contestation à Istanbul, et les rues environnantes étaient jonchées dimanche matin de débris et leurs commerces n'ont rouvert leurs portes que très prudemment aux riverains et aux touristes. Des dizaines de manifestants ont été blessés au cours des affrontements de vendredi, Amnesty International évoquant pour sa part "plus d'une centaine" de blessés. Dérives autoritaires Partout, les manifestants ont dénoncé la répression à Istanbul et accusé le Premier ministre RecepTayyipErdogan d'atteintes aux libertés. L'opposition politique a pris le relais de ces critiques en s'affichant avec les protestataires. Le président du Parti républicain du peuple (CHP), le principal rival du gouvernement, Kemal Kiliçdaroglu, a appelé RecepTayyipErdogan à retirer la police des rues d'Istanbul. A l'appel des réseaux sociaux et du CHP, une manifestation de protestation est prévue samedi après-midi sur la rive asiatique d'Istanbul. Si le revenu par habitant a triplé en Turquie depuis l'arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002, RecepTayyipErdogan est accusé de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque. La semaine dernière, le vote d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool a ainsi suscité l'ire des milieux libéraux. Muet sur ces événements depuis vendredi, le chef du gouvernement avait fait savoir mercredi qu'il ne reculerait pas. "Faites ce que vous voulez, nous avons décidé", avait-il lancé à ses détracteurs.