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Transition Energétique en Algérie : Mythes et Réalité de l'après-Pétrole»
Publié dans Réflexion le 22 - 07 - 2013

L'énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité. Les avancées techniques (Gnl-gaz naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d'exploitation de gisements d'hydrocarbures) couplées aux dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux.
1.-.Dans une première partie, j'essayerai de définir le concept de la transition énergétique étant donné que le pic pourrait selon l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, se situer vers 2020-2025 pour le pétrole, 2025-2045 pour le gaz et 2100 pour le charbon. La transition renvoie à trois facteurs interdépendants. Premièrement, il faut être réaliste et d'éviter une vision unilatérale car les fossiles classiques demeureront encore pour longtemps la principale source d'énergie. Aussi, la transition énergétique doit être fondée sur deux principes : premièrement, sur la sobriété énergique (efficacité énergétique), et à une politique de MIX énergétique combinant différentes sources d'énergie nécessitant qui nécessitera d'adapter le réseau électrique aux nouveaux usages. Deuxièmement, Premièrement, si l'humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d'où l'urgence d'une adaptation pour un nouveau modèle de consommation mondial. Troisièmement, la transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socio professionnelles. ), supposant un consensus social.
2.- Dans une seconde partie, je présenterais le poids de Sonatrach au sein de l'économie algérienne étant donné que 98 % des exportations du pays sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées. Et ayant généré quelque 600 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2012, selon les bilans de Sonatrach. Cette manne a permis à l'Algérie d'éteindre sa dette extérieure et de diminuer artificiellement sa dette intérieure, et de disposer de réserves de change considérables 190 milliards selon la banque d'Algérie dont 86% placées en majorité en bons de trésor américains et en obligations européennes ainsi qu'une dépense publique sans précédent programmée de 500 milliards de dollars entre 2004/2013 : a t –elle été totalement abordé , aucun bilan réel à ce jour. Paradoxe, le PIB algérien reste modeste à 188,6 milliards de dollars en 2012 selon le FMI, dont plus de 40-45 % générés par les hydrocarbures et en réalité, tenant compte des effets indirects de la dépense publique via toujours les hydrocarbures, restant que moins de 20% pour les véritables producteurs de richesses et ce pour de 37,9 millions d'habitants au 1er janvier 2013. L'Algérie peut-elle continuer à fonctionner sur la base d'un cours du baril de 110 dollars ( 55 budget de fonctionnement et 45 budget d'équipement) comme le montre récemment l'explosion des importations de biens durant le premier semestre 2013 allant vers 55 milliards auquel il faut ajouter plus de 12 milliards de dollars de services au risque d'éponger le fonds de régulation des recettes au bout de trois années en cas d'un cours fluctuant tournant autour de 90 dollars à pris constants ? Toujours est-il que l'Algérie peine toujours à maintenir le niveau des volumes exportés au-dessus de 60 milliards de mètres cubes, un seuil qui était bien conservé entre 2001 et 2008 et les prix élevés cachent une baisse du volume encore que le Ministère de l'Energie rassure avec la mise en exploitation courant 2O14 des nouveaux gisements mais tout reste une question non d'offre mais de demande face à la crise mondiale qui sera de longue durée. Pour calculer la durée de vie des réserves en Algérie, il s'agit de prendre en compte l'évolution des coûts et des prix internationaux, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables. La durée de vie des réserves est également influencée par le volume tant les exportations que de la forte consommation intérieure du fait du bas prix du gaz, un des plus bas au niveau du monde et bloqués par la décision du 30 mai 2005 et des subventions aux carburants où selon une récente étude du PNUD ayant exploité les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Algérie figure parmi les pays arabes qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec 10,59 milliards qui représentent, selon l'organisme onusien, 6,6% du PIB algérien en 2010. Or, selon la déclaration du PDG de Sonatrach en date du 24 février 2013 les réserves algériennes en gaz conventionnel sont de 2000 milliards de mètres cubes gaz, loin des données euphoriques de 4500, soit 1,3% des réserves mondiales. La consommation intérieure en 2012, selon le Creg est de 30 milliards de mètres cubes gazeux et avait extrapolé environ 50 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2017/2020. La consommation intérieure risque d'aller vers plus 65 milliards de mètres cubes gazeux après les décisions courant 2012 , suite aux coupures récurrentes d'électricité, où il a été décidé de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz et à horizon 2017-2020 de consommation intérieure, dépassant le volume des exportations de 2012 et rendant problématique les extrapolations d'exportation de 85 milliards de mètres cubes gazeux prévus dès 2014.. Si l'on prend l'hypothèse d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux et 65 de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 entre 150 milliards de mètres cubes gazeux supposant d'importants investissements dans ce domaine, limitant le financement des secteurs hors hydrocarbures et donnant, en cas de non découvertes substantielles une durée de vie de 13 ans maximum soit horizon 2026. Le gaz de schiste est-il la solution durable en cas de non maitrise technologique, des risques de détérioration des nappes phréatiques et surtout du cout face à la concurrence notamment américaine?
3- Dans la troisième partie, j'aborderai la concurrence internationale où bon nombre d'experts se demandent quelle est la rentabilité de nombreux projets réalisés par Sonatrach à l'étranger notamment au Pérou ? Par ailleurs, il est utile de préciser pour le gaz conventionnel que la Russie, possède 1/3 des réserves mondiales, en plus du savoir-faire technologique et managérial, 15% l'Iran et 10% pour le Qatar, ces trois pays totalisant plus de près de 50% des réserves mondiales. L'on doit ajouter la donne libyenne 1500 milliards de mètres cubes gazeux à peine exploitées et la découverte au niveau de nombreux pays d'Afrique. Ainsi se pose tout le problème de savoir si face à la concurrence notamment russe, Sonatrach a une stratégie gazière où le gaz représente en 2012 plus de 40% des recettes de Sonatrach, pour le pétrole n'ayant en principe pas de problèmes, mais avec moins de 1% des réserves l'épuisement étant prévu horizon 2020. Mais le concurrent le plus sérieux pour l'Algérie est la Russie à travers la stratégie de Gazprom, grande société internationale dynamique cotée en bourse, ce qui n'est pas le cas de Sonatrach, à travers le North Stream et le South Stream devant approvisionner le Nord et le Sud de el'Europe d'une capacité totale de 130 milliards de mètres cubes gazeux. L'ensemble de ces projets ont remis en cause le projet algéro-italien Galsi dont le cout ramené aux capacités et à l'investissement par rapport au South Stream serait supérieur de près de 15% et posé le problème de sa rentabilité, d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, pour un investissement entre 2,5 et 3 milliards de dollars initialement, mais dont le coût actuellement dépasserait les 4 milliards de dollars alors que la mise en service était prévue pour 2014. Encore qu'il faille une entente entre Gazprom et Sonatrach afin d'éviter une dérive des prix qui serait préjudiciable aux investissements gaziers très capitalistique et à maturation lente qui pénaliseraient tant les consommateurs que les producteurs devant s'entendre sur un juste prix. Sans cela l'Algérie mais également, la Russie, risquent de connaitre de gros soucis concernant leur gaz surtout à compter de 2020 avec la concurrence américaine du pétrole et gaz de schiste. Les USA sont les seuls pays actuellement à maitriser la technique de la fracturation hydraulique, ayant des canalisations sur tout le territoire, n'étant pas confronté à une pénurie d'eau, un milliard de mètres gazeux nécessitant un million de mètres cubes d'eau douce, pour l'Algérie nécessitant des unités de dessalement et des investissement lourds dans les canalisations. Cet essor du gaz de schiste a fait chuter les cours du gaz naturel sur le marché américain, désormais inférieurs à 3/5 dollars par million de BTU contre 9-10 dollars en Europe et entre 12- 15 en Asie, où la catastrophe de Fukushima a fait bondir la demande japonaise en gaz. Donc, des enjeux stratégiques pour l'Algérie dont les recettes pétrole/gaz en provenance des USA, où 18 à 2O milliards de dollars soit 25-3O% des recettes de Sonatrach proviennent des USA. L'Algérie ne va-t-elle pas donc perdre des parts de marché avec l'arrivée de ce nouvel exportateur au moment où de nombreux producteurs viennent d‘annoncer courant 2013 qu'ils réduisent leur achat de gaz à Sonatrach et Gazprom écoulant une fraction de sa production sur le marché libre ? Autre contrainte qui limite la manœuvre de Sonatrach, le gel du projet gazoduc NIGAL (Nigeria – Algérie –Europe) d'une capacité d'environ 30 milliards de m3 par an, qui devait alimenter le marché européen ? Avec un coût prévu initialement à 7 milliards de dollars, son cout dépasserait 2O milliards de dollar selon une étude du 28 avril 2O11 de l'institut français des relations internationales IFRI. Ce projet financé pour partie par l'Europe avec la crise d'endettement est –il réalisable d'autant plus que comparé aux canalisations russes, son coût est trop élevé. Enfin concernant le GNL, l'Algérie pourra-t-elle du fait des faibles capacités et de la déperdition de ses cadres, avoir été par le passé leader dans ce domaine, concurrencer le Qatar, l'Iran proche de l'Asie ,la Russie , et surtout tenant compte du coût de transport devant contourner toute la corniche d'Afrique pour arriver en Asie , liant forcément son marché naturel à l'Europe ? Et c'est là que rentre la concurrence et les décisions du Conseil européen qui vient d'approuver l'accord énergétique stratégique entre l'Algérie et les 27 pays de l'Union européenne le 15 avril 2O13 , accord qui sera ensuite ratifié par le parlement européen, et qui vient d'être signé à Alger à l'occasion de la visite du président de la Commission européenne début juillet 2013 où les négociations dans le domaine de l'énergie sont intervenues donc dans un contexte particulier, marqué par des bouleversements profonds de la carte énergétique mondiale comme analysé précédemment. Le nouveau mémorandum signé a du sans doute tenir compte de la déconnexion des prix du gaz et du pétrole qui n'est plus en vigueur depuis au moins trois année. Qu'adviendra-t-il des prix du gaz algérien aussitôt les contrats à moyen et long terme arrivés à expiration, l'Europe faisant pression pour une baisse des prix ? Rappelons que dans le cadre de la renégociation de contrats de gaz à long terme par le groupe italien Edison qui a été repris par le groupe français EDF, Sonatrach a perdu en mars 2013, une affaire d'arbitrage où le groupe italien a obtenu la révision à la baisse des prix d'un contrat de fourniture de gaz naturel et ce sur décision, rendue par la Cour d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale avec un impact estimé à environ 300 millions d'euros (390 millions de dollars) sur l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) du groupe Sonatrach en 2013.
En résumé, la part de l'OPEP qui représente 3O% de la commercialisation de pétrole au niveau du marché mondial risque de diminuer et donc son influence, la Russie et les USA étant hors OPEP. Pour le gaz, n'existant pas de cartel, et donc de marché mondial (devant généraliser les GNL), du fait de la segmentation avec la prédominance des canalisations, chaque producteur agira en fonction de ses intérêts immédiats. Pour l'Algérie est posée la problématique de sa sécurité énergétique, de l'urgence d'une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s'insérant dans le cadre global d'une transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose excepté les secteurs stratégiques de lever la règle des 49-51% inadaptée à toutes les filières et toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent l'expansion de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée. Cela suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir algérien assis sur la rente.


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